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Tout a commencé avec un projet baptisé AncientBiotics Project, qui a été imaginé à l'Université de Nottingham. Des experts du vieil anglais y traduisent le Bald's Leechbook, un livre de médecine anglo-saxon, qui était caché dans les rayons de la prestigieuse British Library, et des microbiologistes sont ensuite chargés de tester en laboratoire les recette traduites. Rédigé au Moyen-âge, entre la fin du IXe et le début du Xe siècle, le Bald's Leechbook, connu comme l'un des premiers manuels médicaux, contient de nombreux conseils et remèdes dont une " potion " censée traiter l'orgelet. La recette combine deux espèces d'Allium (des plantes de la famille de l'ail et de l'oignon ou poireau), du cuivre, du vin mais aussi... de la bile de vache. Dans le protocole, pour obtenir un divin cataplasme contre les orgelets, il est conseillé de mélanger les cinq ingrédients, de les faire macérer dans une cuve en laiton, puis de purifier le tout et de laisser reposer durant neuf jours. In vitro, chaque ingrédient a été testé indépendamment sur la culture de SARM, sans succès mesurable. Par contre, le remède dans son ensemble s'est avéré très efficace puisqu'il a éradiqué 99% des bactéries cultivées sur du collagène. " Nous avons été estomaqués quand nous avons découvert l'incroyable pouvoir antibactérien de cette combinaison d'ingrédients ", s'est émerveillée Freya Harrison, un membre de l'équipe de microbiologistes, chargée de rééditer l'étrange recette. L'expérience a ensuite été réitérée sur des souris de laboratoire par le Dr Kendra Rumbaugh, au sein de l'Université du Texas, aux États-Unis. Quatre essais ont été réalisés et tous se sont avérés concluants : 90% des staphylocoques dorés présents dans les plaies des rongeurs ont été éliminés. " Cet ancien remède a fonctionné aussi bien, si ce n'est mieux, que les antibiotiques conventionnels que nous utilisons ", s'est étonnée le Dr Rumbaugh. Surprenants, les résultats de ce travail ont été présentés au congrès annuel de la Society for General Microbiology qui s'est tenu récemment à Birmingham. Reste maintenant à comprendre le principe actif de la potion et à déterminer comment elle agit sur les bactéries. Motivée par sa découverte, l'équipe de Nottingham envisage désormais de la réaliser sur des patients humains. Elle vient de lancer sur Internet une opération de crowdfunding pour obtenir un source supplémentaire de financements. En attendant de plus amples développements, cette trouvaille suggère qu'à l'heure où les traitements pharmaceutiques ne cessent d'évoluer, il vaut parfois la peine de retourner en arrière et reconsidérer certains remèdes ancestraux.