IDAY est une asbl qui a vu le jour en 2005, à la demande de plusieurs associations de la société civile africaine. Ce réseau international, basé en Belgique, regroupe des ONG mues par un objectif commun : une éducation de base de qualité pour tous les enfants et les jeunes africains. Rien à voir avec le paludisme ? Tout faux. " Trois crises de malaria avant l'âge de cinq ans diminuent de 15% les capacités cognitives de l'enfant. Sans compter l'absentéisme causé par la maladie ", indique Nathalie Schots, fundraiser chez IDAY. " C'est pourquoi l'association s'est intéressée à la malaria et à son traitement. Cela a un impact énorme sur l'éducation. "

États des lieux

Transmise par un moustique (l'anophèle), la malaria est la quatrième maladie la plus mortelle d'Afrique et L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recensé 212 millions de cas de paludisme et 429.000 décès pour la seule année 2015.

Depuis 2000, l'OMS est parvenue à diminuer de 60% le taux de mortalité due à la malaria. Grâce à la prévention d'une part, via l'utilisation de moustiquaires imprégnées de pesticide, de pulvérisations à l'intérieur des habitations. Grâce au diagnostic et au traitement précoce d'autre part, via l'utilisation d'une combinaison thérapeutique à base d'artémisinine (CTA).

Un vaccin antipaludique, le plus avancé à ce jour, mais à l'efficacité limitée, va être testé pour la première fois à grande échelle au Kenya, au Ghana et au Malawi. L'ambition est d'y vacciner au moins 360.000 enfants au total entre 2018 et 2020.

Financement et résistances

L'OMS estime que 6,4 milliards de dollars seraient nécessaires en 2020 pour couvrir les besoins des personnes à risque, alors que seulement 2 milliards sont disponibles en 2016.

Sur le plan médical, l'artémisinine rencontre aujourd'hui des résistances. D'abord apparues en Asie, elles sont maintenant recensées dans une douzaine de pays africains.

" Il faut ajouter à cela les contrefaçons présentes sur le marché ", regrette Jean-Jacques Schul, secrétaire général d'IDAY. " 50% des CTA sont concernées. Soit vous trouverez tout simplement de la poudre de perlimpinpin, soit vous ne trouverez qu'un principe actif, alors que les CTA sont des bithérapies. "

À ce problème s'ajoutent enfin les résistances des moustiques aux pesticides.

L'absinthe à la rescousse

L'artemisia annua pourrait être la solution. C'est ce qu'avance IDAY, mais aussi d'autres associations dans le monde.

Cette plante commune de la famille des armoises, dont l'absinthe est un dérivé, est utilisée en Chine depuis 2000 ans pour guérir la malaria. " En plus de son effet préventif et curatif, elle agit également comme répulsif contre les vecteurs de la maladie ", détaille Natalie Schots. " Elle se prend sous forme d'infusion ou sous forme de poudre. Il s'agit d'un moyen pour les populations locales de se soigner elles-mêmes. "

L'OMS, ainsi que l'Institut de médecine tropicale d'Anvers (ITM), émettent toutefois des réserves. La plante ne contiendrait pas suffisamment d'artémisinine, ce qui en réduirait l'efficacité et pourrait engendrer des résistances aux CTA. De plus, la plante perdrait trop rapidement ses propriétés avec le temps.

Néanmoins, l'OMS a déclaré en 2012 que des recherches démontrant l'efficacité et la sûreté des formes non pharmaceutiques d'artemisia annua étaient nécessaires.

Lever les réserves

C'est dans ce contexte qu'IDAY lance la campagne Artemisia for Africa. " Grâce aux dons, nous pourrons mener la recherche scientifique internationale requise par l'OMS afin de lever ces réserves ", indique Nathalie Schots. " Il faut 1,4 million pour financer cette recherche, ce qui à l'échelle des moyens annuellement investis dans le domaine, n'est vraiment pas grand-chose. "

La recherche sera menée par la Kenyatta University (Kenya) avec l'appui du Worcester Polytechnic Institute (Ma, USA), l'Université de Wageningen (Pays-Bas) et l'Université de Liège. Elle comparera l'efficacité de la plante par rapport aux moyens préventifs et curatifs officiels. Elle étudiera l'apparition d'éventuelles résistances. Elle s'intéressera à l'adaptation géo-climatique de la plante. Et enfin, elle vérifiera qu'elle peut être effectivement utilisée par les enfants et les femmes enceintes. Le protocole de recherche a été réalisé selon les normes de l'OMS et validé par le Kenya Medical Research Institute.

Sources :

Le Monde/Science et Médecine, édition du 7 octobre 2015

Le Figaro, édition du 15 avril 2016

Le Jeudi, édition du 31 décembre 2016

Le Monde, édition du 25 novembre 2005

OMS, Aide-mémoire n°94, avril 2017

Artemisinin resistances in Africa, Pierre Lutgen, 30 octobre 2016

Le palu en quelques chiffres

  • Selon les dernières estimations de l'OMS, publiées en décembre 2016, on a compté en 2015, 212 millions de cas de paludisme et 429.000 décès.
  • En 2015, la transmission du paludisme se poursuivait dans 91 pays.
  • Entre 2010 et 2015, l'incidence du paludisme a baissé de 21% au niveau mondial tandis que le taux de mortalité a reculé de 29%n toutes tranches d'âge confonduesn et de 35% chez les enfants de moins de 5 ans. Toutefois, le paludisme demeure toujours un facteur majeur de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans et un enfant en meurt toutes les deux minutes.
  • La Région OMS de l'Afrique supporte une part disproportionnée de la charge mondiale du paludisme. En 2015, 90% des cas de paludisme et 92% des décès dus à cette maladie sont survenus dans cette région.

IDAY est une asbl qui a vu le jour en 2005, à la demande de plusieurs associations de la société civile africaine. Ce réseau international, basé en Belgique, regroupe des ONG mues par un objectif commun : une éducation de base de qualité pour tous les enfants et les jeunes africains. Rien à voir avec le paludisme ? Tout faux. " Trois crises de malaria avant l'âge de cinq ans diminuent de 15% les capacités cognitives de l'enfant. Sans compter l'absentéisme causé par la maladie ", indique Nathalie Schots, fundraiser chez IDAY. " C'est pourquoi l'association s'est intéressée à la malaria et à son traitement. Cela a un impact énorme sur l'éducation. "Transmise par un moustique (l'anophèle), la malaria est la quatrième maladie la plus mortelle d'Afrique et L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recensé 212 millions de cas de paludisme et 429.000 décès pour la seule année 2015.Depuis 2000, l'OMS est parvenue à diminuer de 60% le taux de mortalité due à la malaria. Grâce à la prévention d'une part, via l'utilisation de moustiquaires imprégnées de pesticide, de pulvérisations à l'intérieur des habitations. Grâce au diagnostic et au traitement précoce d'autre part, via l'utilisation d'une combinaison thérapeutique à base d'artémisinine (CTA).Un vaccin antipaludique, le plus avancé à ce jour, mais à l'efficacité limitée, va être testé pour la première fois à grande échelle au Kenya, au Ghana et au Malawi. L'ambition est d'y vacciner au moins 360.000 enfants au total entre 2018 et 2020.L'OMS estime que 6,4 milliards de dollars seraient nécessaires en 2020 pour couvrir les besoins des personnes à risque, alors que seulement 2 milliards sont disponibles en 2016.Sur le plan médical, l'artémisinine rencontre aujourd'hui des résistances. D'abord apparues en Asie, elles sont maintenant recensées dans une douzaine de pays africains." Il faut ajouter à cela les contrefaçons présentes sur le marché ", regrette Jean-Jacques Schul, secrétaire général d'IDAY. " 50% des CTA sont concernées. Soit vous trouverez tout simplement de la poudre de perlimpinpin, soit vous ne trouverez qu'un principe actif, alors que les CTA sont des bithérapies. "À ce problème s'ajoutent enfin les résistances des moustiques aux pesticides.L'artemisia annua pourrait être la solution. C'est ce qu'avance IDAY, mais aussi d'autres associations dans le monde.Cette plante commune de la famille des armoises, dont l'absinthe est un dérivé, est utilisée en Chine depuis 2000 ans pour guérir la malaria. " En plus de son effet préventif et curatif, elle agit également comme répulsif contre les vecteurs de la maladie ", détaille Natalie Schots. " Elle se prend sous forme d'infusion ou sous forme de poudre. Il s'agit d'un moyen pour les populations locales de se soigner elles-mêmes. "L'OMS, ainsi que l'Institut de médecine tropicale d'Anvers (ITM), émettent toutefois des réserves. La plante ne contiendrait pas suffisamment d'artémisinine, ce qui en réduirait l'efficacité et pourrait engendrer des résistances aux CTA. De plus, la plante perdrait trop rapidement ses propriétés avec le temps.Néanmoins, l'OMS a déclaré en 2012 que des recherches démontrant l'efficacité et la sûreté des formes non pharmaceutiques d'artemisia annua étaient nécessaires.C'est dans ce contexte qu'IDAY lance la campagne Artemisia for Africa. " Grâce aux dons, nous pourrons mener la recherche scientifique internationale requise par l'OMS afin de lever ces réserves ", indique Nathalie Schots. " Il faut 1,4 million pour financer cette recherche, ce qui à l'échelle des moyens annuellement investis dans le domaine, n'est vraiment pas grand-chose. "La recherche sera menée par la Kenyatta University (Kenya) avec l'appui du Worcester Polytechnic Institute (Ma, USA), l'Université de Wageningen (Pays-Bas) et l'Université de Liège. Elle comparera l'efficacité de la plante par rapport aux moyens préventifs et curatifs officiels. Elle étudiera l'apparition d'éventuelles résistances. Elle s'intéressera à l'adaptation géo-climatique de la plante. Et enfin, elle vérifiera qu'elle peut être effectivement utilisée par les enfants et les femmes enceintes. Le protocole de recherche a été réalisé selon les normes de l'OMS et validé par le Kenya Medical Research Institute.Sources :Le Monde/Science et Médecine, édition du 7 octobre 2015Le Figaro, édition du 15 avril 2016Le Jeudi, édition du 31 décembre 2016Le Monde, édition du 25 novembre 2005OMS, Aide-mémoire n°94, avril 2017Artemisinin resistances in Africa, Pierre Lutgen, 30 octobre 2016