Le journal du Médecin : Que retenez-vous de la thèse du Dr Belche ?

Ce qui m'a frappé, outre le contenu de la thèse, c'est l'enthousiasme qu'a eu le public. J'ai assisté à quelques thèses. Ici, les applaudissements du public n'étaient pas feints. Les gens étaient heureux de voir l'aboutissement de la thèse. C'est autant dû au contenu qu'à la personnalité de l'auteur. Les mots du Pr Giet qui parlait d'affection envers le Dr Belche ne sont pas anodins : c'est le genre de raisonnement que le Pr Giet soutient depuis longtemps. Ses leitmotivs sur l'enseignement se retrouvent dans la thèse, ce qui n'est pas étonnant puisque c'était son promoteur ! (rires)

Pour en revenir au contenu, je retiens différentes choses. La thèse parle de problèmes récurrents : le mode de financement de l'intégration entre les lignes (à l'acte ou au forfait), les interrelations entre les différentes lignes de soins et la discussion sur comment on les appelle...Finalement, peu importe comment on les appelle : l'intérêt, c'est que leur dénomination confie à chaque ligne un rôle et définit, in fine, ce que chacun fait. Cela montre surtout que chacun ne doit pas travailler que pour lui, ou sa ligne de soins, mais qu'il faut réfléchir pour que cela fonctionne au mieux pour le patient, car le trajet du patient est en filigrane de l'objet de la thèse.

L'avantage d'une telle thèse, c'est qu'elle permet à chacun de s'asseoir un moment et se positionner autour de la table. Personnellement, j'ai participé à des réunions Sylos où le Dr Belche coordonnait des activités. Je peux témoigner que ce n'est pas qu'une affaire de chercheur : il arrive à traduire ça dans la réalité. Placer des acteurs autour de la table, pour faire simple, généralistes d'un côté et hôpital de l'autre, avec une tierce personne autour, simplement ça, c'est de la bonne pratique médicale : des tas de malentendus se lèvent, la collaboration s'initie. Ce n'est pas une décision ministérielle, cela vient spontanément. Cela vient des acteurs.

Dr Nicolas Berg sur la thèse du Dr Jean-Luc Belche : "Je peux témoigner que ce n'est pas qu'une affaire de chercheur : il arrive à traduire ça dans la réalité"

Le Sylos serait donc la panacée ?

La force du Sylos, même si tout ne doit pas passer par ce modèle, c'est qu'il lève toute une série de blocages. Pour que cela fonctionne bien, il faut prendre le temps, être patient. C'est l'importance de la tierce personne, qui n'est pas arbitre, mais qui accompagne le processus, rappelle des concepts de base, recentre sur l'essentiel. Cela ne peut pas être un des acteurs qui est déjà autour de la table.

Doit-il être médecin ?

C'est un autre débat. Ce que l'on observe, dans un sous-groupe Sylos gériatrie, c'est que fonctionner uniquement entre médecins ne fonctionne pas. Donc, pour nos prochaines réunions, nous avons invité des coordinateurs de soins. C'est une approche qui, je crois, devrait être générale. Sans cette multidisciplinarité, il nous manque une dimension essentielle. Pour reprendre l'exemple de la gériatrie : qui va laver le patient tous les jours ? Le quotidien des patients se vie avec la totalité de l'équipe soignante.

Le pouvoir politique doit prendre des décisions, entendons-nous bien. Mais, ce que j'ai retenu du Sylos, et de la patience du Dr Belche qui voyait bien, en tant que coordinateur, où était la solution, c'est qu'il faut parfois laisser aux acteurs le temps d'en prendre conscience par eux-mêmes. C'est une méthodologie très respectueuse des acteurs. Cela doit se faire naturellement, et ne pas être forcé.

Je peux vous garantir que quand le Dr Belche arrive à l'hôpital de la Citadelle, il est apprécié. Je crois que lorsqu'il y a une appréciation mutuelle, il y a des progrès. Nous avons des raisonnements différents, mais le rapprochement ne peut nous apporter que du positif.

Est-ce que le Sylos de Liège est toujours d'actualité ?

Bien sûr, le Sylos de Liège continue. À notre niveau, en gériatrie, nous généralisons une lettre d'admission du patient, dès le début de l'hospitalisation, que le médecin traitant reçoit. L'avantage est qu'il peut ajouter des informations, et évidemment, ça instaure le dialogue. On peut parfois passer à côté d'éléments médicaux, ou issus de l'environnement. La lettre d'admission indique également au médecin traitant quant aura lieu la réunion pluridisciplinaire pour qu'il puisse, s'il le désire et s'il a le temps, y participer. C'est l'intégration des données que fournira également le réseau-santé wallon, et que fournissent déjà les Sumhers.

Nous mettons également un numéro d'appel de 9 à 17h, où chaque généraliste sait qu'il tombera sur un gériatre. C'est positif.

Nous avons organisé une visite de l'hôpital. Grâce au système du Sylos, cette visite a été organisée par le cercle local. C'est hautement symbolique. Ce sont de beaux exemples de collaboration, et grâce à ces petites choses, un bon climat s'installe qui bénéficie au patient.

Faut-il, comme le soutient le Dr Belche, payer le spécialiste qui apporte son soutien scientifique à un généraliste ?

Cela rentre dans le débat autour du mode de financement. La question se pose bien entendu en médecine générale mais également à l'hôpital, où il y a également des conflits entre médecins.

Je fais de la coordination au sein du service de gériatrie, ce qui est prévu par la Loi, mais le financement, lui, n'est pas prévu. Donc, oui, tarifier un coup de fil pour un soutien scientifique, cela se fait dans certains pays, bien entendu. Mais est-ce qu'on va se mettre à encore fabriquer des actes en plus ? On arrivera vite à l'infini ! Ou est-ce qu'on se dit qu'on finance des fonctions avec tous leurs aspects ? C'est tout un débat quasi philosophique, mais qui va apparaître de plus en plus à l'hôpital avec le financement all-in. Cela rejoint d'autres débats en cours.

Dr Berg : "Tarifier un coup de fil pour un soutien scientifique, cela se fait dans certains pays, bien entendu. Mais est-ce qu'on va se mettre à encore fabriquer des actes en plus ? On arrivera vite à l'infini !"

On peut donc conclure que c'est une thèse très actuelle.

Oui, évidemment : c'est une thèse actuelle. Sans être critique du tout, il n'y a pas un nouveau chapitre dedans. Mais, ce qui je crois à entraîner l'enthousiasme du public, c'est la personnalité du Dr Belche : c'est une personne de terrain qui a pris le temps de s'assoir, et de redéfinir les choses.

Le journal du Médecin : Que retenez-vous de la thèse du Dr Belche ?Ce qui m'a frappé, outre le contenu de la thèse, c'est l'enthousiasme qu'a eu le public. J'ai assisté à quelques thèses. Ici, les applaudissements du public n'étaient pas feints. Les gens étaient heureux de voir l'aboutissement de la thèse. C'est autant dû au contenu qu'à la personnalité de l'auteur. Les mots du Pr Giet qui parlait d'affection envers le Dr Belche ne sont pas anodins : c'est le genre de raisonnement que le Pr Giet soutient depuis longtemps. Ses leitmotivs sur l'enseignement se retrouvent dans la thèse, ce qui n'est pas étonnant puisque c'était son promoteur ! (rires)Pour en revenir au contenu, je retiens différentes choses. La thèse parle de problèmes récurrents : le mode de financement de l'intégration entre les lignes (à l'acte ou au forfait), les interrelations entre les différentes lignes de soins et la discussion sur comment on les appelle...Finalement, peu importe comment on les appelle : l'intérêt, c'est que leur dénomination confie à chaque ligne un rôle et définit, in fine, ce que chacun fait. Cela montre surtout que chacun ne doit pas travailler que pour lui, ou sa ligne de soins, mais qu'il faut réfléchir pour que cela fonctionne au mieux pour le patient, car le trajet du patient est en filigrane de l'objet de la thèse.L'avantage d'une telle thèse, c'est qu'elle permet à chacun de s'asseoir un moment et se positionner autour de la table. Personnellement, j'ai participé à des réunions Sylos où le Dr Belche coordonnait des activités. Je peux témoigner que ce n'est pas qu'une affaire de chercheur : il arrive à traduire ça dans la réalité. Placer des acteurs autour de la table, pour faire simple, généralistes d'un côté et hôpital de l'autre, avec une tierce personne autour, simplement ça, c'est de la bonne pratique médicale : des tas de malentendus se lèvent, la collaboration s'initie. Ce n'est pas une décision ministérielle, cela vient spontanément. Cela vient des acteurs.Le Sylos serait donc la panacée ?La force du Sylos, même si tout ne doit pas passer par ce modèle, c'est qu'il lève toute une série de blocages. Pour que cela fonctionne bien, il faut prendre le temps, être patient. C'est l'importance de la tierce personne, qui n'est pas arbitre, mais qui accompagne le processus, rappelle des concepts de base, recentre sur l'essentiel. Cela ne peut pas être un des acteurs qui est déjà autour de la table. Doit-il être médecin ?C'est un autre débat. Ce que l'on observe, dans un sous-groupe Sylos gériatrie, c'est que fonctionner uniquement entre médecins ne fonctionne pas. Donc, pour nos prochaines réunions, nous avons invité des coordinateurs de soins. C'est une approche qui, je crois, devrait être générale. Sans cette multidisciplinarité, il nous manque une dimension essentielle. Pour reprendre l'exemple de la gériatrie : qui va laver le patient tous les jours ? Le quotidien des patients se vie avec la totalité de l'équipe soignante. Le pouvoir politique doit prendre des décisions, entendons-nous bien. Mais, ce que j'ai retenu du Sylos, et de la patience du Dr Belche qui voyait bien, en tant que coordinateur, où était la solution, c'est qu'il faut parfois laisser aux acteurs le temps d'en prendre conscience par eux-mêmes. C'est une méthodologie très respectueuse des acteurs. Cela doit se faire naturellement, et ne pas être forcé.Je peux vous garantir que quand le Dr Belche arrive à l'hôpital de la Citadelle, il est apprécié. Je crois que lorsqu'il y a une appréciation mutuelle, il y a des progrès. Nous avons des raisonnements différents, mais le rapprochement ne peut nous apporter que du positif.Est-ce que le Sylos de Liège est toujours d'actualité ?Bien sûr, le Sylos de Liège continue. À notre niveau, en gériatrie, nous généralisons une lettre d'admission du patient, dès le début de l'hospitalisation, que le médecin traitant reçoit. L'avantage est qu'il peut ajouter des informations, et évidemment, ça instaure le dialogue. On peut parfois passer à côté d'éléments médicaux, ou issus de l'environnement. La lettre d'admission indique également au médecin traitant quant aura lieu la réunion pluridisciplinaire pour qu'il puisse, s'il le désire et s'il a le temps, y participer. C'est l'intégration des données que fournira également le réseau-santé wallon, et que fournissent déjà les Sumhers.Nous mettons également un numéro d'appel de 9 à 17h, où chaque généraliste sait qu'il tombera sur un gériatre. C'est positif.Nous avons organisé une visite de l'hôpital. Grâce au système du Sylos, cette visite a été organisée par le cercle local. C'est hautement symbolique. Ce sont de beaux exemples de collaboration, et grâce à ces petites choses, un bon climat s'installe qui bénéficie au patient.Faut-il, comme le soutient le Dr Belche, payer le spécialiste qui apporte son soutien scientifique à un généraliste ?Cela rentre dans le débat autour du mode de financement. La question se pose bien entendu en médecine générale mais également à l'hôpital, où il y a également des conflits entre médecins.Je fais de la coordination au sein du service de gériatrie, ce qui est prévu par la Loi, mais le financement, lui, n'est pas prévu. Donc, oui, tarifier un coup de fil pour un soutien scientifique, cela se fait dans certains pays, bien entendu. Mais est-ce qu'on va se mettre à encore fabriquer des actes en plus ? On arrivera vite à l'infini ! Ou est-ce qu'on se dit qu'on finance des fonctions avec tous leurs aspects ? C'est tout un débat quasi philosophique, mais qui va apparaître de plus en plus à l'hôpital avec le financement all-in. Cela rejoint d'autres débats en cours.On peut donc conclure que c'est une thèse très actuelle.Oui, évidemment : c'est une thèse actuelle. Sans être critique du tout, il n'y a pas un nouveau chapitre dedans. Mais, ce qui je crois à entraîner l'enthousiasme du public, c'est la personnalité du Dr Belche : c'est une personne de terrain qui a pris le temps de s'assoir, et de redéfinir les choses.