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Si l'enregistrement des demandes d'euthanasie est tout à fait conforme à la réalité de terrain, le nombre d'euthanasies est passé de 2.445 à 2.700 entre 2020 et 2021, de 609 à 693 côté " langue française " (total belge : 5.415). Le nombre d'euthanasies déclarées en 2021 retrouve plus ou moins celui de 2019 (2.656).La différence francophone (déclaration en langue française et non domicile régional du demandeur)/néerlandophone reste très important, OE de francophones pour Ÿ de néerlandophones.La Commission d'évaluation et de contrôle n'a pas d'explication à cette différence. Hypothèses avancées : " information du public ou des médecins, inscription de l'enseignement de la prise en charge de la fin de vie dans le cursus universitaire plus tardif du côté francophone que néerlandophone, attitudes socioculturelles différentes au Nord et au Sud du pays, différences dans les pratiques médicales en fin de vie, etc. " Une étude scientifique parue en 2009 suggère toutefois qu'en Belgique francophone, les médecins font deux fois plus de sédations palliatives que dans le nord du pays[1].Par rapport au nombre de décès dans notre pays (112.291 en 2021), l'euthanasie en représente 2,4 %.Il n'y a pas de différence majeure entre les sexes. Le plus lourd " tribut " échoie aux 80-89 ans (30%) et 70-79 ans (28%), sans grand mouvement. Il n'y a eu aucune demande d'euthanasie pour mineurs, comme en 2020. Peu de changement non plus au niveau du lieu d'euthanasie majoritairement à la maison (54,3%, 1.465), vs l'hôpital (29,6% soit 799 individus dont 149 en soins palliatifs).Bien qu'encore dominants au niveau des demandes, celles pour les cancers sont en légère diminution par rapport à l'an passé (62,8% contre 64,1% dont cancers du poumon qui ne relèvent pas donc de la catégorie des maladies pulmonaires). Suivent les pathologies multiples (17,7%), les maladies du système nerveux (8%), de l'appareil circulatoire (3,7% dont les AVS) et respiratoire (2,4% dont fibrose pulmonaire), les autres pathologies ne dépassant pas un pourcent des demandes.Les déclarations anticipées d'euthanasie à l'origine de la demande progressent un peu en valeur absolue, de 14 à 17 demandes mais stagnent et restent négligeables par rapport au total (0,6%). Elles exigent, rappelons-le, des conditions supplémentaires et sont très encadrées (deux témoins obligatoires). L'échéance brève du décès continue bien sûr de l'emporter sur l'échéance plus lointaine (2.269 contre 430). La Commission considère que l'échéance du décès doit être estimée " non brève " si la mort n'est pas attendue dans les semaines ou mois qui viennent.Les demandes pour souffrances psychiques uniquement sont très minoritaires (2,1%) mais la souffrance psychique joue un grand rôle en combinaison avec les souffrances physiques déclarées simultanément (80,1%). Seuls 18% demandent une euthanasie pour souffrance physiques uniquement. La souffrance psychologique concerne des critères assez larges qui vont d'une vision pessimiste de l'avenir, la perte d'autonomie, l'impossibilité d'entretenir des liens sociaux. La " souffrance insupportable " est reconnue d'ordre subjectif.Le type de médecin consulté en premier (obligatoire) a évolué : en 2020, c'était le spécialiste à 44% ; en 2021, on monte à 62% (1.671 cas). Le nombre de psychiatre est stable à 2,9%. Les médecins EOL[2] sont encore plus nombreux dans la proportion de la 1ère demande (39% en 2021 contre 30% en 2020). Les médecins formés en soins palliatifs sont un peu plus nombreux proportionnellement (de 7,3% à 10,3%). Pour un deuxième avis (décès non attendu à brève échéance), il y a une légère progression du psychiatre (de 47 à 54% entre 2020 et 2021). Au niveau des produits utilisés, le thiopental + paralysant musculaire par voie intraveineuse est encore plus utilisé (61% en 2021 contre 56% en 2020). Au niveau de la décision de la Commission d'évaluation, le pourcentage d'acceptation simple n'évolue pas (autour de 70%) alors que l'ouverture du " volet 1 " pour raison administrative progresse très légèrement de 12 à 16%.[1] Lieve Van den Block (VUB), Reginald Deschepper (VUB), Johan Bilsen (VUB & UGent), Nathalie Bossuyt (ISP), Viviane Van Casteren (ISP) en Luc Deliens (VUB, VU University Medical Centre, Amsterdam) (2009) Euthanasia and other end-of-life decisions: a mortality follow-back study in Belgium. BMC Public Health 9 (1): 79-88.[2] MG ou médecins spécialistes ayant reçu une formation complémentaire en matière d'euthanasie et inscrits au Consortium EOL/LEIF.