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"Certaines personnes responsables de maisons de repos et de maisons de repos et de soins sont anéanties après cette crise sanitaire. Elles éprouvent des sentiments d'impuissance, de perte de sens professionnel, de culpabilité, de panique... C'est terrible de constater cela. Il fallait absolument leur venir en aide" entame Alain Collard, administrateur et cheville ouvrière de l'AGPPL, l'Association des gestionnaires publics de maisons de repos (MR) et de maisons de repos et de soins (MRS) de la province de Liège. Il a été le témoin direct de l'impact du Covid-19 sur les directions et les cadres intermédiaires (chef.fes infirmiers/-ières, responsables du personnel d'entretien, des cuisines...) de ces lieux d'hébergement pour personnes âgées : "Aux premières heures de la pandémie, alors que tous les regards étaient tournés vers les hôpitaux, les responsables des maisons de repos ainsi, évidemment, que les équipes, ont ressenti un énorme sentiment d'abandon."Le projet d'accompagnement du personnel de direction d'une dizaine d'établissements de la province de Liège est financé à concurrence de quelque 21.000 euros par le Fonds Dr. Daniël De Coninck (un fonds géré par la fondation Roi Baudouin). Il est essentiellement porté par Jean-Marie Kohnen et Alain Collard : "Les établissements dont nous avons directement la responsabilité ont été relativement épargnés ; notre énergie a été préservée, et nous avons ainsi pu nous mettre au service de celles et ceux qui ont pris la pandémie de plein fouet : c'est cela, la solidarité du secteur". Avec l'aide des psychologues du Centre de Recherche et d'Intervention en Psychologie du Travail, des Organisations et de la Santé (Cri-Ptos), le personnel dirigeant des maisons de repos - une quarantaine de personnes - sera aidé à redonner du sens à leur métier, à retrouver de l'élan. Un processus en deux temps, qui s'étalera de juin à décembre : "Tout d'abord, il s'agira d'offrir à ces personnes un lieu de parole facilitant une sorte de 'purge émotionnelle'. Ces gens ont d'abord besoin d'être écoutés, reconnus dans leur souffrance", insiste Alain Collard. "D'où la mise sur pied de moments de rencontres entre pairs, où les émotions et les expériences pourront être partagées. Ensuite, il faudra les remettre en selle - par des séances de soutien individuelles et des modules collectifs - et les outiller de manière à ce qu'ils puissent efficacement affronter la suite, car la crise ne se terminera pas du jour au lendemain et il faudra tenir sur la durée. Enfin, un groupe de travail rassemblant les cadres sera mis en place au sein de chaque établissement, afin de bâtir une nouvelle dynamique, de nouvelles procédures, susceptibles de redonner confiance dans l'avenir."Ce soutien au personnel dirigeant aura évidemment - et c'est le but de l'opération - des répercussions positives sur le personnel : "Le personnel est épuisé, choqué, en souffrance : seuls des chef.fe.s redynamisés et solides sur leurs pieds seront capables de lui apporter du soutien et de mettre en place des stratégies pour affronter au mieux l'avenir", conclut Alain Collard.