Les cardiologues belges réclament un plan national Maladies cardiovasculaires, à l'instar ce qui existe depuis 2008 pour le cancer. Ils adressent plusieurs recommandations aux autorités et leur demandent de débloquer des moyens pour l'éducation thérapeutique, la prévention, l'accès aux traitements et la prise en charge multidisciplinaire.
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La Ligue cardiologique belge, la Société belge de cardiologie, le Fonds pour la recherche en cardiologie et la Comité belge d'hypertension artérielle estiment que la prise en charge des maladies cardiovasculaires et athéroscléreuses doit être améliorée en Belgique. Cet appel est signé par les professeurs Antoine Bondue (Hôpital Erasme ; Ligue Cardiologique Belge), Michel De Pauw (UZ Gent ; Société belge de cardiologie), Marc Claeys (UZ Antwerpen; Fonds pour la recherche en cardiologie) et Philippe van de Borne (Erasme ; Comité belge d'hypertension artérielle). Ces experts rappellent que chaque année, 31.000 Belges meurent d'une maladie cardiovasculaire. C'est la première cause de mortalité dans notre pays, quasi ex-aequo avec les cancers. Une séance d'informations, organisée à la Chambre des représentants le 20 octobre, a permis à ces médecins d'attirer l'attention des parlementaires sur la nécessité de mener rapidement plusieurs actions pour réduire l'impact de l'ASCVD.Les quatre associations scientifiques demandent aux autorités de prendre plusieurs mesures concrètes.Il faut garantir un meilleur accès aux données relatives aux facteurs de risques des maladies cardiovasculaires pour combler le manque de données officielles. Celles-ci permettraient aux sociétés scientifiques et aux médecins d'orienter leurs actions avec une plus grande efficacité.Il est également indispensable d'augmenter les ressources et moyens financiers pour sensibiliser la population aux risques de facteurs cardiovasculaires ; accroitre l'éducation sociétale et la participation du patient (empowerment) par rapport aux maladies cardio-vasculaires ; assurer l'accès aux traitements (en fonction d'une bonne stratification des patients) ; supporter les approches non-pharmacologiques des facteurs de risque cardiovasculaires et organiser des campagnes de dépistage pour les personnes à risque.Quid de la première ligne ? Le médecin généraliste Gijs Van Pottelbergh, professeur au centre académique des médecins généralistes de la KUL et coordinateur du Zorgzaam Leuven (Integreo), et la pharmacienne Marie Van de Putte, coordinateur du Zorgzaam Leuven (Integreo) et membre de l'Association pharmaceutique (APB, VAN), ont apporté également leur expertise sur la prise en charge des maladies cardiovasculaires en première ligne lors de la table ronde qui a été organisée à la Chambre le 20 octobre.Afin d'améliorer la prise en charge des patients cardiovasculaires et ASCVD en première ligne, ces deux représentants de la première ligne préconisent de prendre six mesures.1. Utiliser les données existantes pour construire des politiques qui offrent des opportunités pour la gestion de la santé de la population (Population Health Management); 2. Viser une approche multidimensionnelle en développant des programmes de soins et des directives communes ;3. Favoriser un nouveau modèle de collaboration, alliant de façon étroite les soins de première ligne et les spécialistes ;4. Prévoir des équipes de soutien des soignants pour améliorer la prise en charge grâce à la formation, le coaching, la communication ciblée, l'implémentation des directives, la gestion des données, le support des équipes locales et transmurales, la mise en place de système d'auto-évaluation de la qualité, d'audit et de feed-back ; 5. Mettre sur pied des formes alternatives de financement pour les professionnels de soins de santé;6. Considérer la gestion des données de la population comme une force. Les députés fédéraux Nathalie Muylle (CD&V) et Daniel Bacquelaine (MR), à l'initiative de cette séance d'informations organisée à la Chambre, ont fait part de leur volonté de mettre les maladies cardiovasculaires à l'agenda politique. D'autres députés et assistants parlementaires présents, dont Catherine Fonck (les Engagés), semblaient également préoccupés par cette problématique de santé publique." C'est mon travail et je trouve aussi très important de porter les questions de santé au Parlement. Les maladies cardiovasculaires ainsi que l'athérosclérose (ASCVD) - avec le cancer - étant la première cause de décès en Belgique, il est donc naturel qu'elles figurent à l'agenda politique. Nous sommes confrontés à une pandémie silencieuse qui a des implications majeures pour la santé des Belges. Le temps de l'action est venu. Nous prenons nos responsabilités et nous nous mettons au travail", a déclaré Nathalie Muylle (CD&V). "La récolte des données de santé fiables et exploitables est capitale pour connaître la situation et également pour pouvoir fixer des objectifs chiffrés, sensibiliser la population et mesurer l'efficacité des mesures qui sont prises. La prévention est essentielle et la première ligne de soins a, à cet égard, un rôle fondamental ", a ajouté Daniel Bacquelaine (MR). " J'attire l'attention sur la nécessaire revalorisation de l'acte intellectuel, combat qui m'occupe depuis 30 ans, pour sortir d'une approche médicale trop technique et administrative. Il faut donner de la place à la conviction et au dialogue entre le médecin et le patient. Mettre sur pied un Plan d'actions pour les maladies cardiovasculaires, initié au niveau fédéral, déployé en collaboration avec les Régions, est une piste à suivre pour améliorer la prise en charge de cette maladie."