En 2020, le covid nous avait pris par surprise. Aujourd'hui, notre pays a tiré les leçons de la pandémie et a élaboré un " Plan hivernal infections respiratoires ". L'objectif ? Contrôler les pics hivernaux dus à la grippe, au SARS-CoV-2, au virus respiratoire syncytial (VRS) et au Streptococcus pneumoniae, et empêcher une pression accrue sur le système de soins de santé.
" Ce plan, approuvé par la Conférence interministérielle santé publique, est le fruit d'un travail de plus d'une année. Il est basé sur les évaluations des saisons précédentes, sur la science et les connaissances en constante évolution et sur les leçons tirées de la pandémie du coronavirus ", précise le Dr Bertrand Draguez, président du Risk management group (SPF Santé publique).
Niveaux d'alerte
Le Plan hivernal infections respiratoires vise à simplifier et à accélérer la prise de décision suite à l'activation et la désactivation des niveaux d'alerte (vert, jaune, orange et rouge). C'est le Risk management group (RMG) qui décide des recommandations et mesures à mettre en place pour la population générale et le secteur de la santé, en fonction des propositions faites par le Risk assesment group (RAG) sur base des indicateurs suivis par Sciensano et repris dans Respi-Radar (consultations MG, cas en MRS, hospitalisations et stations d'épuration pour le covid-19).
Il y a des recommandations de base relatives à l'hygiène des mains, la toux, l'aération, le port du masque, la vaccination et le fait de rester chez soi en cas de maladie, et des recommandations additionnelles pour la population et pour le secteur des soins de santé. Les entités fédérées communiquent les mêmes messages à leurs publics cibles, par secteur d'activité (lieu de travail, collectivités d'enfants et d'adolescents, transports en commun, voyages internationaux, réunions privées et événements publics).
Chaque printemps, le plan sera évalué (déroulement de la saison, pertinence des recommandations et de la stratégie de communication, acceptation et application par la population et le secteur des soins), et ajusté si besoin.
Un plan ambitieux
" Notre objectif est de permettre à la population de vivre le plus normalement possible, de limiter la propagation des différents pathogènes et de mitiger le risque de surcharge au niveau du secteur des soins de santé. Chaque année, 1,2 à 1,8 million de consultations en MG sont dues à ces pathogènes qui entraînent environ 20.000 hospitalisations et 2.000 à 3.000 décès ", rappelle le Dr Draguez.
" C'est un plan ambitieux ", se réjouit-il. " La grande nouveauté, c'est qu'il y a un plan contre ces pathogènes connus, c'est le fait d'être bien préparé, parce que les mesures en tant que telles, on les connaît. Avoir des recommandations et des communications déjà écrites et la validation de nos ministres de tutelle, nous permet d'avoir une action beaucoup plus rapide et efficiente en cas de pic épidémique. Ça permet également d'avoir une approche cross-sectorielle, par exemple, quand porter un masque dans les transports en commun, les écoles, sur les lieux de travail... "
Au rayon des leçons issues de la pandémie, l'intérêt d'une bonne aération des locaux et la prise en compte du bien-être des enfants, par exemple. " Aujourd'hui, on ne leur demande plus de porter de masques, il n'y a pas de littérature scientifique qui nous impose de le faire. Lors du covid, une série de points négatifs ont été observés dans cette population, ils ont été pris en considération. D'une façon générale, le côté restrictif, obligatoire, a disparu, le Plan émet des recommandations. "
Enfin, le caractère interfédéral de ce projet est souligné par le Dr Draguez : " Que vous soyez à Anvers, Bruxelles ou Namur, les mesures sont communes, ce qui n'était pas le cas avant. " En Wallonie, la communication est assurée par l'Aviq, et à Bruxelles par Vivalis, qui vient par exemple de faire une campagne de sensibilisation aux gestes barrières via les réseaux sociaux.
Les recommandations et les pictogrammes peuvent être téléchargés sur le site du SPF Santé et affichés dans la salle d'attente des cabinets de consultation de médecine générale, dans les hôpitaux, le métro, les écoles...
Les bons chiffres bruxellois
À Bruxelles, si les chiffres provisoires (début décembre) de la vaccination contre le covid sont en baisse par rapport à la saison dernière (20 % des plus de 65 ans), ils sont en hausse pour celle contre la grippe (50 % des plus de 65 ans).
" Le taux de couverture de la vaccination contre la grippe a augmenté dans la capitale, avec 30% de vaccination en plus en pharmacie par rapport à l'année passée. L'accès au vaccin à travers la pharmacie est donc quelque chose qui est en train de prendre. Ce qui n'empêche pas les médecins de continuer à vacciner, les patients d'aller chercher leur vaccin à la pharmacie pour se faire vacciner par leur généraliste. Quant aux patients grabataires à domicile, ils peuvent se faire vacciner par leur infirmier ", estime le Dr David Hercot, coordinateur médical pour la prévention chez Vivalis.
" Je pense que c'est en multipliant ces canaux qu'on va arriver à augmenter le taux de couverture vaccinale. Force est de constater qu'à Bruxelles, avec la réalité sociologique bruxelloise, la pharmacie est un lieu de premier accueil, que beaucoup de Bruxellois peuvent y accéder là où ils ont difficile à trouver un MG. Ce qu'on doit travailler, c'est le passage du pharmacien au généraliste en cas de besoin ", insiste-t-il.