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Pour arriver à cette conclusion, les auteurs de cette étude franco-britannique ont constitué une cohorte prospective de 3.232 salariés du sud de la France, âgés de 32, 42, 52 et 62 ans à l'inclusion en 1996. A l'aide de tests neuropsychologiques, trois évaluations cognitives ont été réalisées, à l'inclusion, puis à 5 et 10 ans. Parmi les participants, 1.484 avaient eu une expérience professionnelle en travail posté, pendant au moins 50 jours par an, tandis que 1.635 étaient restés sur les mêmes horaires. Tous les secteurs de production étaient représentés dans l'étude. Ces tests ont permis de montrer que les personnes ayant travaillé de nuit ou en horaires décalés depuis plus de dix ans avaient un cerveau " plus vieux " de 6,5 ans que celles ayant exercé des horaires " normaux ". De plus, les effets perdurent : il faut au moins cinq ans de régularité circadienne pour que l'impact du travail posté sur les capacités cognitives disparaissent. La bonne nouvelle est que ces effets sont donc tout de même réversibles sur le long terme. Une des hypothèses retenues pour expliquer l'altération des fonctions cognitives repose sur le stress induit par la désynchronisation biologique du corps, qui se traduit par une élévation de cortisol, une hormone qui a des effets toxiques sur l'hippocampe.