Prévenir la maladie ou son aggravation permet théoriquement de réduire les coûts de prise en charge médicale. Toutefois la logique financière se heurte, en matière de prévention, à la réalité sociale. Les campagnes préventives sont onéreuses, s'inscrivent dans le temps et sont concurrencées par une contre-information subtile du secteur marchand, les rendant peu efficientes.

Faut-il, par conséquent compter sur le shift préventif comme outil d'efficience?

Après un premier article consacré aux algorithmes et à l'importance du partage des données médicales, BHCT se penche sur la question. Pour commencer, BHCT a identifié quatre axes principaux de prévention, allant de l'acte le plus individuel à l'acte le plus collectif: La médecine prédictive, la médecine éducative, la médecine anticipative et la médecine de prévention générale.

Chacun de ces axes semble répondre à des logiques socio-économique et psychologiques propres, pour lesquelles il n'existe que peu de littérature, comme si la médecine préventive se résumait à identifier les facteurs généraux de risques et à les communiquer aux individus, par divers leviers, sans coordination réelle.

- La médecine prédictive vise essentiellement à déterminer, à partir de l'ADN d'un individu, ses faiblesses génétiques pour ainsi fixer un paramétrage santé totalement individualisé et fondé sur son analyse ADN. La théorie de l'efficience santé par analyse génomique n'est pas sans poser d'importantes questions éthiques. Cependant elle se justifie, aux yeux de ses défenseurs, par une situation gagnante pour l'humanité dès lors qu'intervenir sur le génome permettrait d'éradiquer certaines pathologies sinon comportements à risque.

- La médecine éducative vient au secours de personnes identifiées comme à fort potentiel de développer un état pathologique à court terme ou de l'aggraver, faute de maîtriser à suffisance les facteurs améliorant leur état. Elle vise à former la personne sur la gestion de la pathologie et les paramètres les paramètres susceptibles de l'influencer.

- La médecine anticipative vise à justifier, à partir de multiples facteurs, génétiques, environnementaux, diagnostiques, une intervention dite médicale avant la survenue du problème. L'exemple le plus concret est incontestablement le vaccin. L'intervention médicale anticipative doit permettre d'éviter un état pathologique potentiel bien plus grave.

- Enfin, la médecine préventive vise à informer de la manière la plus précise possible, une collectivité sur les facteurs de risques généraux à partir de guidelines et études connues. Sont notamment visés les risques comportementaux tels l'alimentation, la sédentarité, l'alcool mais aussi environnementaux, comme l'impact des particules fines, les addictions,...

Atteinte à la solidarité

La catégorisation développée par BHCT se fonde sur l'idée qu'une gradation dans l'individualisation de la prévention permet d'aborder la mise en place de politiques préventives plus ciblées et d'impliquer bien plus activement le patient dans ses choix personnels et ceci à partir d'outils, d'enjeux ou d'acteurs très différents.

Cependant, plus l'individualisation est présente, plus se posent des questions éthiques et juridiques portant sur la protection du citoyen. Une politique préventive individualisée, aussi efficiente soit-elle, fondée sur une discrimination génétique, comportementale ou socio-économique est, en effet, difficilement acceptable et porterait atteinte à la notion même de solidarité sinon à un élitisme en aucun cas justifiable.

La transition numérique peut cependant remédier partiellement à ce paradoxe d'efficience, en permettant aux citoyens de faire choix d'un support individualisable. Ce choix sera d'autant plus facile que le citoyen obtiendra la certitude qu'un tel support ne servira pas à une discrimination ultérieure et qu'il soit reconnu par la communauté scientifique.

Le citoyen est aujourd'hui parfaitement conscient des enjeux financiers et du risque d'un système de soins de santé s'orientant vers un conditionnement ou un régime à plusieurs vitesses. C'est la raison pour laquelle il ne s'oppose pas, par principe, à l'idée d'un " coach numérique " ou au " savoir pour agir ", mais il a besoin de savoir à quoi s'attendre avant d'oser une interaction active et porteuse.

Le monde industriel a bien compris, sinon induit, ce changement de mentalité en développant, d'une part, un ensemble d'outils en vente libre, destiné à aider le citoyen dans le contrôle de ses principaux paramètres santé et, d'autre part, en oeuvrant avec force pour faire reconnaître sa plus-value dans le domaine de la prévention auprès des organismes assureurs, des institutions d'agrément et des politiques.

"Prévention mentalités"

Il poursuit parallèlement son objectif de renforcer sa position sur le marché des soins de santé, en se fondant sur le principe qu'en l'absence de valorisation de la prévention individuelle par le tiers-payeur, le choix relève avant tout de la liberté d'un citoyen consommateur " sano-responsable ".

Et force est de constater qu'il parvient à influer sur les mentalités citoyennes autour de la prévention, mentalités qui évoluent effectivement et rapidement en faveur de l'intervention du secteur industriel alors que le législateur traine à fixer une politique de prévention cohérente qui s'appuierait sur la force et la potentialité de la santé connectée.

Les premières victimes de cette incohérence politique sont les médecins et les soignants qui voient, d'ores et déjà, défiler les patients avec des pré-diagnostics préventifs numériques ou obtenus par internet, des promesses formulées par un secteur marchand qui relèvent plus du traitement médical que de la prévention ou, pire encore, d'un lien de confiance historique médecin-patient ébranlé sinon rompu par la connexion à la machine et les politiques de communication marketing puissantes des géants du numérique.

Faire de la prévention individualisée une priorité politique porteuse suppose, par conséquent, que le législateur se penche d'urgence sur un cadre dans lequel :

- il rassure le patient sur la qualité de l'outil numérique ainsi que sur le fait que les données mesurées n'entacheront pas ses droits de citoyen de bénéficier d'un accès égalitaire et démocratique aux soins de santé.

- il favorise une collaboration directe entre le monde marchand et le monde soignant autour de l'outil préventif, en le rattachant à une prise en charge globale et par pathologie.

- il fixe clairement les méthodologies de reconnaissance d'un outil ou d'une politique de prévention individuelle sur base d'indicateurs qualités communément admis par le monde scientifique.

Prévenir la maladie ou son aggravation permet théoriquement de réduire les coûts de prise en charge médicale. Toutefois la logique financière se heurte, en matière de prévention, à la réalité sociale. Les campagnes préventives sont onéreuses, s'inscrivent dans le temps et sont concurrencées par une contre-information subtile du secteur marchand, les rendant peu efficientes.Faut-il, par conséquent compter sur le shift préventif comme outil d'efficience?Après un premier article consacré aux algorithmes et à l'importance du partage des données médicales, BHCT se penche sur la question. Pour commencer, BHCT a identifié quatre axes principaux de prévention, allant de l'acte le plus individuel à l'acte le plus collectif: La médecine prédictive, la médecine éducative, la médecine anticipative et la médecine de prévention générale.Chacun de ces axes semble répondre à des logiques socio-économique et psychologiques propres, pour lesquelles il n'existe que peu de littérature, comme si la médecine préventive se résumait à identifier les facteurs généraux de risques et à les communiquer aux individus, par divers leviers, sans coordination réelle.- La médecine prédictive vise essentiellement à déterminer, à partir de l'ADN d'un individu, ses faiblesses génétiques pour ainsi fixer un paramétrage santé totalement individualisé et fondé sur son analyse ADN. La théorie de l'efficience santé par analyse génomique n'est pas sans poser d'importantes questions éthiques. Cependant elle se justifie, aux yeux de ses défenseurs, par une situation gagnante pour l'humanité dès lors qu'intervenir sur le génome permettrait d'éradiquer certaines pathologies sinon comportements à risque.- La médecine éducative vient au secours de personnes identifiées comme à fort potentiel de développer un état pathologique à court terme ou de l'aggraver, faute de maîtriser à suffisance les facteurs améliorant leur état. Elle vise à former la personne sur la gestion de la pathologie et les paramètres les paramètres susceptibles de l'influencer.- La médecine anticipative vise à justifier, à partir de multiples facteurs, génétiques, environnementaux, diagnostiques, une intervention dite médicale avant la survenue du problème. L'exemple le plus concret est incontestablement le vaccin. L'intervention médicale anticipative doit permettre d'éviter un état pathologique potentiel bien plus grave.- Enfin, la médecine préventive vise à informer de la manière la plus précise possible, une collectivité sur les facteurs de risques généraux à partir de guidelines et études connues. Sont notamment visés les risques comportementaux tels l'alimentation, la sédentarité, l'alcool mais aussi environnementaux, comme l'impact des particules fines, les addictions,...La catégorisation développée par BHCT se fonde sur l'idée qu'une gradation dans l'individualisation de la prévention permet d'aborder la mise en place de politiques préventives plus ciblées et d'impliquer bien plus activement le patient dans ses choix personnels et ceci à partir d'outils, d'enjeux ou d'acteurs très différents.Cependant, plus l'individualisation est présente, plus se posent des questions éthiques et juridiques portant sur la protection du citoyen. Une politique préventive individualisée, aussi efficiente soit-elle, fondée sur une discrimination génétique, comportementale ou socio-économique est, en effet, difficilement acceptable et porterait atteinte à la notion même de solidarité sinon à un élitisme en aucun cas justifiable.La transition numérique peut cependant remédier partiellement à ce paradoxe d'efficience, en permettant aux citoyens de faire choix d'un support individualisable. Ce choix sera d'autant plus facile que le citoyen obtiendra la certitude qu'un tel support ne servira pas à une discrimination ultérieure et qu'il soit reconnu par la communauté scientifique.Le citoyen est aujourd'hui parfaitement conscient des enjeux financiers et du risque d'un système de soins de santé s'orientant vers un conditionnement ou un régime à plusieurs vitesses. C'est la raison pour laquelle il ne s'oppose pas, par principe, à l'idée d'un " coach numérique " ou au " savoir pour agir ", mais il a besoin de savoir à quoi s'attendre avant d'oser une interaction active et porteuse.Le monde industriel a bien compris, sinon induit, ce changement de mentalité en développant, d'une part, un ensemble d'outils en vente libre, destiné à aider le citoyen dans le contrôle de ses principaux paramètres santé et, d'autre part, en oeuvrant avec force pour faire reconnaître sa plus-value dans le domaine de la prévention auprès des organismes assureurs, des institutions d'agrément et des politiques.Il poursuit parallèlement son objectif de renforcer sa position sur le marché des soins de santé, en se fondant sur le principe qu'en l'absence de valorisation de la prévention individuelle par le tiers-payeur, le choix relève avant tout de la liberté d'un citoyen consommateur " sano-responsable ".Et force est de constater qu'il parvient à influer sur les mentalités citoyennes autour de la prévention, mentalités qui évoluent effectivement et rapidement en faveur de l'intervention du secteur industriel alors que le législateur traine à fixer une politique de prévention cohérente qui s'appuierait sur la force et la potentialité de la santé connectée.Les premières victimes de cette incohérence politique sont les médecins et les soignants qui voient, d'ores et déjà, défiler les patients avec des pré-diagnostics préventifs numériques ou obtenus par internet, des promesses formulées par un secteur marchand qui relèvent plus du traitement médical que de la prévention ou, pire encore, d'un lien de confiance historique médecin-patient ébranlé sinon rompu par la connexion à la machine et les politiques de communication marketing puissantes des géants du numérique.Faire de la prévention individualisée une priorité politique porteuse suppose, par conséquent, que le législateur se penche d'urgence sur un cadre dans lequel :- il rassure le patient sur la qualité de l'outil numérique ainsi que sur le fait que les données mesurées n'entacheront pas ses droits de citoyen de bénéficier d'un accès égalitaire et démocratique aux soins de santé.- il favorise une collaboration directe entre le monde marchand et le monde soignant autour de l'outil préventif, en le rattachant à une prise en charge globale et par pathologie.- il fixe clairement les méthodologies de reconnaissance d'un outil ou d'une politique de prévention individuelle sur base d'indicateurs qualités communément admis par le monde scientifique.