Ce n'est pas nouveau mais récurrent et le KCE remet le débat sur la table : " L'usage inapproprié des antibiotiques rend les bactéries de plus en plus résistantes, avec pour conséquences des maladies qui durent plus longtemps, des hospitalisations plus fréquentes et des décès. En Belgique, nous utilisons plus d'antibiotiques que la moyenne européenne dans les soins ambulatoires (surtout en médecine générale), dans les maisons de repos et dans l'élevage d'animaux destinés à la consommation. "

Citant l'OCDE, le KCE rappelle que cet usage intempestif " provoquera en moyenne 33.000 décès par an entre 2015 et 2050 dans l'Union européenne, dont 533 en Belgique. Le nombre de jours d'hospitalisation supplémentaires et les coûts de soins de santé augmenteront également de façon considérable. "

Comment inverser la logique ? Par une approche " one health " dans laquelle tous les secteurs coopèrent. En effet, depuis la création de la BAPCOC (Commission belge de coordination de la politique en matière d'antibiotiques) en 1999, la situation s'était améliorée sensiblement. Mais ces dernières années, la consommation ne diminue plus. La Belgique compte parmi les plus gros prescripteurs d'Europe " En 2017, la Belgique occupait la 9e place parmi les plus gros prescripteurs d'antibiotiques d'Europe pour les soins ambulatoires. Parmi les principaux prescripteurs, on trouve les médecins généralistes, suivis de loin par les dentistes et les dermatologues. "

En hôpital, notre pays se situe juste en-dessous de la moyenne, mais au-dessus dans les maisons de repos. Les raisons invoquées concernent la nécessité d'agir vite sur des patients qu'on souhaite sortir de l'incertitude.

21 recommandations

Après une tour de piste des experts et de la littérature médicale, le KCE a mis au point un plan de 21 recommandations, dont la première est le plan one health qui n'en est qu'à ses balbutiements.

" D'autres recommandations concernent, entre autres, le renforcement de la gestion des antibiotiques dans les hôpitaux et son développement dans les soins ambulatoires et les maisons de repos pour les personnes âgées. Il faudrait également autoriser les pharmaciens à vendre le nombre exact de comprimés d'antibiotiques nécessaires à la cure prescrite. Cela permettrait d'éviter les 'fonds de boîte', ce qui diminuerait les risques d'automédication et de pollution de l'environnement. "

De leur côté, les Mutualités chrétiennes constatent que " la diminution du remboursement des antibiotiques, instaurée il y a presque deux ans, n'a pratiquement pas diminué leur consommation ". Pourtant, le gouvernement entendait freiner leur usage en les faisant passer de catégorie B à la catégorie C, une décision entrée en vigieur le 1er mai 2017. "C'est en soi une noble intention mais nous avions prévenu la ministre fédérale de la santé que la mesure n'était pas la bonne", réagit Jean Hermesse, secrétaire-général des MC. " Ce n'est pas le patient qu'il faut responsabiliser car ce n'est pas lui qui décide de prendre des antibiotiques. Ce sont les médecins qui les prescrivent. "

Le nombre d'utilisateurs et le volume d'antibiotiques prescrits aux membres de la mutuelle chrétienne ont baissé d'à peine 1 % dans l'année qui a suivi 'introduction de cette disposition (période du 1er mai 2017 au 30 avril 2018). En gros, l'Inami débourse 11 millions en moins mais les membres MC ont payé la différence.

Trop souvent prescrits par les médecins

" Il serait plus judicieux de faire davantage d'efforts pour inciter les médecins à adopter un comportement prescriptif responsable. Certes, il arrive que certains patients réclament des antibiotiques mais c'est finalement le médecin qui prend la décision de prescrire ", souligne Jean Hermesse. Qui est favorable à la responsabilité financière des médecins. " Celui qui prescrit beaucoup d'antibiotiques sans raison valable devrait supporter lui-même une partie des dépenses.Pour améliorer le suivi, l'indication médicale (le type d'infection) de l'antibiotique doit être intégrée dans le module de prescription en ligne obligatoire le 1er janvier 2020...."

De Block : "C'est quand même une baisse"

Interrogée par la VRT, Maggie De Block a souligné que les années précédentes, on assistait à des hausses moyennes de 1 à 2% l'an et qu'on observe tout de même une baisse de 1%. Ce n'est pas suffisant mais c'est le début d'une inversion. Quant à agir sur les médecins et non sur le portefeuille des patients comme le préconise le Pr Herman Goossens (UAnvers) qui a démissionné de la Commission "antibiotiques" s'estimant pas écouté, la ministre de la Santé publique a souligné que contrôler les médecins n'est pas simple.

Parmi d'autres actions, la ministre évoque les campagnes annuelles de sensibilisation à destination de la population ou encore celles promouvant l'hygiène des mains dans les hôpitaux.

Les médecins généralistes reçoivent par ailleurs des retours personnalisés quant à leur attitude en matière de prescription, mais aussi des recommandations sur les bonnes pratiques, poursuit-elle.

La ministre regrette que la MC se lance dans une "campagne politique" et l'appelle plutôt à continuer à oeuvrer pour que la baisse de la consommation d'antibiotiques se poursuive. "Tout le monde doit être conscient qu'il s'agit d'une lutte collective impliquant les médecins, les mutuelles, les gouvernements et les citoyens", conclut-elle.

Ce n'est pas nouveau mais récurrent et le KCE remet le débat sur la table : " L'usage inapproprié des antibiotiques rend les bactéries de plus en plus résistantes, avec pour conséquences des maladies qui durent plus longtemps, des hospitalisations plus fréquentes et des décès. En Belgique, nous utilisons plus d'antibiotiques que la moyenne européenne dans les soins ambulatoires (surtout en médecine générale), dans les maisons de repos et dans l'élevage d'animaux destinés à la consommation. "Citant l'OCDE, le KCE rappelle que cet usage intempestif " provoquera en moyenne 33.000 décès par an entre 2015 et 2050 dans l'Union européenne, dont 533 en Belgique. Le nombre de jours d'hospitalisation supplémentaires et les coûts de soins de santé augmenteront également de façon considérable. "Comment inverser la logique ? Par une approche " one health " dans laquelle tous les secteurs coopèrent. En effet, depuis la création de la BAPCOC (Commission belge de coordination de la politique en matière d'antibiotiques) en 1999, la situation s'était améliorée sensiblement. Mais ces dernières années, la consommation ne diminue plus. La Belgique compte parmi les plus gros prescripteurs d'Europe " En 2017, la Belgique occupait la 9e place parmi les plus gros prescripteurs d'antibiotiques d'Europe pour les soins ambulatoires. Parmi les principaux prescripteurs, on trouve les médecins généralistes, suivis de loin par les dentistes et les dermatologues. " En hôpital, notre pays se situe juste en-dessous de la moyenne, mais au-dessus dans les maisons de repos. Les raisons invoquées concernent la nécessité d'agir vite sur des patients qu'on souhaite sortir de l'incertitude.Après une tour de piste des experts et de la littérature médicale, le KCE a mis au point un plan de 21 recommandations, dont la première est le plan one health qui n'en est qu'à ses balbutiements." D'autres recommandations concernent, entre autres, le renforcement de la gestion des antibiotiques dans les hôpitaux et son développement dans les soins ambulatoires et les maisons de repos pour les personnes âgées. Il faudrait également autoriser les pharmaciens à vendre le nombre exact de comprimés d'antibiotiques nécessaires à la cure prescrite. Cela permettrait d'éviter les 'fonds de boîte', ce qui diminuerait les risques d'automédication et de pollution de l'environnement. "De leur côté, les Mutualités chrétiennes constatent que " la diminution du remboursement des antibiotiques, instaurée il y a presque deux ans, n'a pratiquement pas diminué leur consommation ". Pourtant, le gouvernement entendait freiner leur usage en les faisant passer de catégorie B à la catégorie C, une décision entrée en vigieur le 1er mai 2017. "C'est en soi une noble intention mais nous avions prévenu la ministre fédérale de la santé que la mesure n'était pas la bonne", réagit Jean Hermesse, secrétaire-général des MC. " Ce n'est pas le patient qu'il faut responsabiliser car ce n'est pas lui qui décide de prendre des antibiotiques. Ce sont les médecins qui les prescrivent. " Le nombre d'utilisateurs et le volume d'antibiotiques prescrits aux membres de la mutuelle chrétienne ont baissé d'à peine 1 % dans l'année qui a suivi 'introduction de cette disposition (période du 1er mai 2017 au 30 avril 2018). En gros, l'Inami débourse 11 millions en moins mais les membres MC ont payé la différence. " Il serait plus judicieux de faire davantage d'efforts pour inciter les médecins à adopter un comportement prescriptif responsable. Certes, il arrive que certains patients réclament des antibiotiques mais c'est finalement le médecin qui prend la décision de prescrire ", souligne Jean Hermesse. Qui est favorable à la responsabilité financière des médecins. " Celui qui prescrit beaucoup d'antibiotiques sans raison valable devrait supporter lui-même une partie des dépenses.Pour améliorer le suivi, l'indication médicale (le type d'infection) de l'antibiotique doit être intégrée dans le module de prescription en ligne obligatoire le 1er janvier 2020...."