Que reste-t-il de ces feuilles noircies deux mois plus tard, soudain écrites à l'encre sympathique ? Par instinct de survie et principe de précaution, on a assisté en quelques heures au plus grand exode croisé qu'une vie permette d'imaginer. Les humains ont pris la place des oiseaux dans leur cage, et c'est nous qui envions désormais leurs vols libres au-dessus de nos jardins. On en deviendrait presque jaloux des papillons, habités de fantasmes d'attente dans les aéroports et de files sur les autoroutes du Midi. Pour aboutir à ce grand troc : retrouver un embryon de liberté moyennant échange avec les chiens de leur muselière. Désormais nous avancerons masqués comme au carnaval de Venise, mais sans date de fin de Carême. Dites-moi que tout cela n'est qu'un mauvais rêve, une vilaine histoire d'agenda dont on a perdu des pages qu'on retrouvera au réveil. Dites-moi qu'une année n'a pas passé depuis ce retour des Vosges qui me paraît aujourd'hui aussi lointain que cette mélodie " où l'on tournait les pages / et puis tout s'effaçait / comme s'il y avait un peu de craie / dans l'encrier. "

Que reste-t-il de ces feuilles noircies deux mois plus tard, soudain écrites à l'encre sympathique ? Par instinct de survie et principe de précaution, on a assisté en quelques heures au plus grand exode croisé qu'une vie permette d'imaginer. Les humains ont pris la place des oiseaux dans leur cage, et c'est nous qui envions désormais leurs vols libres au-dessus de nos jardins. On en deviendrait presque jaloux des papillons, habités de fantasmes d'attente dans les aéroports et de files sur les autoroutes du Midi. Pour aboutir à ce grand troc : retrouver un embryon de liberté moyennant échange avec les chiens de leur muselière. Désormais nous avancerons masqués comme au carnaval de Venise, mais sans date de fin de Carême. Dites-moi que tout cela n'est qu'un mauvais rêve, une vilaine histoire d'agenda dont on a perdu des pages qu'on retrouvera au réveil. Dites-moi qu'une année n'a pas passé depuis ce retour des Vosges qui me paraît aujourd'hui aussi lointain que cette mélodie " où l'on tournait les pages / et puis tout s'effaçait / comme s'il y avait un peu de craie / dans l'encrier. "