Ils sont venus, ils sont tous là

On tente bien de les séparer dans des salles d'attente distinctes, d'espacer les rendez-vous, de conseiller l'attente sur le trottoir, rien n'y fait. Tout ce qui était possible l'année passée et en début d'hiver en raison d'une moindre fréquence des pathologies d'enfance courantes n'a guère tenu en ce début d'automne. Revoilà, et en nombre, les nez qui coulent, les gorges qui piquent, les fièvres et les toux qui font notre quotidien en période humide. Rien de dramatique au demeurant s'il n'y avait en toile de fonds le Covid, les contraintes d'éviction et de dépistage, la peur des directions d'avoir à fermer des classes, la peur des parents d'avoir à caser les gosses dans l'urgence et de se voir eux-mêmes contraints à quarantaine parfois pour la deuxième ou troisième fois en peu de temps. Mettez tout cela ensemble, mélangez et cela fait un drôle de cocktail.

Une situation devenue illisible

On a eu le temps, depuis que ça dure, d'apprivoiser les règles : frotter tout ce qui coule, mouche, fait de la fièvre, tousse ou a été en contact avec un infecté présumé du covid à la crèche, en classe, au goûter d'anniversaire. Frappant essentiellement les grands vieillards, puis les adultes avec un taux de pénétration du virus Corona élevé, ce screening assez systématique fut appliqué sans arrière-pensée ni grandes réticences, le feeling clinique étant fréquemment confirmé par le laboratoire. Le retour sur le marché des infections respiratoires bénignes des plus jeunes actualise hélas ce que chaque médecin de première ligne redoutait : l'illisibilité complète de la situation sanitaire actuelle. Tester tout le monde s'avère aussi irréaliste que d'efficacité douteuse.

La situation sanitaire actuelle est illisible. Tester tout le monde s'avère aussi irréaliste que d'efficacité douteuse.

Tous les petits morveux de la salle d'attente ont eu bien le temps de contaminer toute leur rangée en classe au moment où nous les examinons, une grosse majorité sera rétablie spontanément deux ou trois jours après l'examen, et leur imposer à tous systématiquement un test PCR suppose une acceptation parentale pas toujours évidente. Acquise au début de la crise, la politique de transparence totale a actuellement son lot de détracteurs qui ont appris à en connaître le prix en contraintes de tout genre, et qui font actuellement le choix du maquis. Les tests antigéniques au cabinet autorisent une souplesse plus grande et la maîtrise de que ce qui est déclarable, mais doublent le temps de consultation. Quant au conseil de pratiquer un autotest à la maison, rien n'autorise à penser que des parents espérant ardemment qu'il soit négatif mettent toute la conviction nécessaire à touiller en profondeur.

Est-ce grave docteur ?

Tout cela est-il gravissime ? Pas sûr. La population âgée et fragilisée par des pathologies intercurrentes est vaccinée, et bénéficiera rapidement d'une troisième dose de protection limitant les conséquences tragiques d'une infection au Covid-19. Ils ont aussi appris à se protéger des risques évitables, les câlins en ont souffert, les soins intensifs y ont gagné. Quant aux plus jeunes, enfants en bas âge, nombreux depuis peu à présenter des infections respiratoires diverses, rares sont ceux qui présenteront des complications sévères, même en cas de frottis positif. Faut-il dans ces conditions poursuivre une guerre sans fin, au prix de susciter la crainte des familles à amener leur gosse à la consultation ? Certains soirs de découragement, on en arriverait à souhaiter qu'ils s'infectent tous, et qu'après ils soient immunisés. Au terme d'une année et demie de campagnes de dépistage, de vaccinations contestées, d'explications pour emporter l'adhésion, d'une présence permanente, les plus convaincus d'entre nous se mettent à douter.

Carl Vanwelde

On tente bien de les séparer dans des salles d'attente distinctes, d'espacer les rendez-vous, de conseiller l'attente sur le trottoir, rien n'y fait. Tout ce qui était possible l'année passée et en début d'hiver en raison d'une moindre fréquence des pathologies d'enfance courantes n'a guère tenu en ce début d'automne. Revoilà, et en nombre, les nez qui coulent, les gorges qui piquent, les fièvres et les toux qui font notre quotidien en période humide. Rien de dramatique au demeurant s'il n'y avait en toile de fonds le Covid, les contraintes d'éviction et de dépistage, la peur des directions d'avoir à fermer des classes, la peur des parents d'avoir à caser les gosses dans l'urgence et de se voir eux-mêmes contraints à quarantaine parfois pour la deuxième ou troisième fois en peu de temps. Mettez tout cela ensemble, mélangez et cela fait un drôle de cocktail.On a eu le temps, depuis que ça dure, d'apprivoiser les règles : frotter tout ce qui coule, mouche, fait de la fièvre, tousse ou a été en contact avec un infecté présumé du covid à la crèche, en classe, au goûter d'anniversaire. Frappant essentiellement les grands vieillards, puis les adultes avec un taux de pénétration du virus Corona élevé, ce screening assez systématique fut appliqué sans arrière-pensée ni grandes réticences, le feeling clinique étant fréquemment confirmé par le laboratoire. Le retour sur le marché des infections respiratoires bénignes des plus jeunes actualise hélas ce que chaque médecin de première ligne redoutait : l'illisibilité complète de la situation sanitaire actuelle. Tester tout le monde s'avère aussi irréaliste que d'efficacité douteuse. Tous les petits morveux de la salle d'attente ont eu bien le temps de contaminer toute leur rangée en classe au moment où nous les examinons, une grosse majorité sera rétablie spontanément deux ou trois jours après l'examen, et leur imposer à tous systématiquement un test PCR suppose une acceptation parentale pas toujours évidente. Acquise au début de la crise, la politique de transparence totale a actuellement son lot de détracteurs qui ont appris à en connaître le prix en contraintes de tout genre, et qui font actuellement le choix du maquis. Les tests antigéniques au cabinet autorisent une souplesse plus grande et la maîtrise de que ce qui est déclarable, mais doublent le temps de consultation. Quant au conseil de pratiquer un autotest à la maison, rien n'autorise à penser que des parents espérant ardemment qu'il soit négatif mettent toute la conviction nécessaire à touiller en profondeur.Tout cela est-il gravissime ? Pas sûr. La population âgée et fragilisée par des pathologies intercurrentes est vaccinée, et bénéficiera rapidement d'une troisième dose de protection limitant les conséquences tragiques d'une infection au Covid-19. Ils ont aussi appris à se protéger des risques évitables, les câlins en ont souffert, les soins intensifs y ont gagné. Quant aux plus jeunes, enfants en bas âge, nombreux depuis peu à présenter des infections respiratoires diverses, rares sont ceux qui présenteront des complications sévères, même en cas de frottis positif. Faut-il dans ces conditions poursuivre une guerre sans fin, au prix de susciter la crainte des familles à amener leur gosse à la consultation ? Certains soirs de découragement, on en arriverait à souhaiter qu'ils s'infectent tous, et qu'après ils soient immunisés. Au terme d'une année et demie de campagnes de dépistage, de vaccinations contestées, d'explications pour emporter l'adhésion, d'une présence permanente, les plus convaincus d'entre nous se mettent à douter. Carl Vanwelde