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Le journal du Médecin: Alors que se passe-t-il ? Vous quittez fâché la présidence de la SSMG ?Dr Thomas Orban:Non, pas du tout. Comme je l'ai déjà dit, ce n'est pas tout à fait une surprise. J'avais dit dès le départ que je comptais faire un mandat de quatre ans. Ma vision des choses était plutôt autour d'un mandat court au sein d'une SSMG professionnalisée et où des managers, des directeurs (comme cela se passe à Domus Medica et à la FAMGB) s'occupent de ce que des médecins ne savent pas forcément faire. On voit à quel point c'est précieux d'avoir, à côté des gens de terrain comme nous, des professionnels de la gestion. C'est ce que j'ai voulu mettre en place. Donc je ne me voyais pas rester éternellement. Les idées doivent changer. Quatre ans me semblaient bien. Et début mars, le mandat se terminait. Au regard d'affaires " internes " à la SSMG, j'étais prêt à assumer une transition à la présidence et, voilà, j'ai commencé et puis ça s'est terminé... Ceux qui me connaissent bien savent bien que je le faisais pour le plaisir mais dès lors que de nouvelles idées s'avancent, c'est bien de partir maintenant aussi... J'ai fait le job.Quelles sont, à vos yeux, vos réalisations majeures ?Ce ne sont pas les " miennes ". C'est le fruit d'une équipe. On ne fait pas les choses tout seul. On l'a bien vu lors du Covid-19. Il faut bien sûr des leaders... Pour commencer, on a changé le site internet. On a modifié l'organisation en engageant une directrice (Stephanie Brillon, transfuge de MDeon, ndlr). Elle a pu amener un gros travail de collaboration avec Domus Medica au niveau de la connaissance. J'y croyais beaucoup en dépit de visions divergentes et de réalités de terrain différentes. Il y a moyen de faire des choses ensemble avec les " gens du nord ". Il faut se connaître, c'est tout. Il faut s'apprivoiser. J'ai également beaucoup développé l'échographie avec Luc Pineux. Ce secteur n'existait pas tellement en MG. Pas mal de MG ont suivi cette formation, ont appris à manier l'échographe. Il y eut aussi la création du certificat d'alcoologie, une de mes passions. On a formé déjà plusieurs alcoologues. J'ai contribué à installer une vision multi-disciplinaire. Au niveau du Collège de médecine générale, j'ai beaucoup contribué à le faire accoucher. Mais ça a été un travail d'équipe. J'ai donné beaucoup d'impulsion. Puis, j'en ai été le président pendant quelques temps en pleine crise pandémique ce qui l'a rendu très visible. Je crois profondément à l'avenir de ce Collège. C'est moins les hommes qu'on y met que les collaborations qu'on met en place. Les institutions restent, les hommes changent. J'ai pris plaisir à vivre au sein de cette diversité. Les gens savent que j'ai du caractère, comme on dit et que je ne tourne pas autour du pot. J'ai beaucoup travaillé avec la cellule Covid. Nous avons mis en place des cotisations Gold pour la recherche scientifique. Créer du lien avec l'Inami et le ministère de la Santé publique prend du temps.Vous estimez que la SSMG est plus un acteur du système après votre départ qu'à votre arrivée ?C'est difficile à dire quand on est " dedans ". Mais j'ai le sentiment que la SSMG est devenue assez incontournable. Chaque institution reste néanmoins fragile. Mon successeur aura le soin de gérer ce " gros paquebot ".Vos moyens ont-ils augmenté sous votre présidence ? On sait qu'on en manque toujours...Toutes ces années de présidence y ont contribué mais la professionnalisation, le site internet, tout cela coûte cher. On n'a jamais été en déficit. La SSMG est saine financièrement. Tout en pouvant se permettre des investissements, de l'engagement de personnel. C'est du boulot tout cela ! Ma vision était que ce n'est pas le job d'un médecin de faire cela. Il n'a pas les connaissances. On n'est pas formé en gestion, mais en médecine. Je dis souvent que la différence entre un médecin et Dieu, c'est que Dieu sait qu'il n'est pas médecin. Et beaucoup de médecins pensent qu'ils savent tout. Et ce n'est pas possible.Pour quelle raison votre directrice Stéphanie Brillon est partie dans la foulée ?Ça ce sont les affaires internes à l'asbl SSMG ! Elle se gère avec une assemblée générale et un conseil d'administration. Si les gens veulent savoir, il y a une AG. Ils n'ont qu'à s'y rendre. Je pars du principe qu'on ne gère pas ce genre de problème dans la presse.Pendant votre mandat, pensez-vous que vos relations avec les syndicats médicaux ont été clarifiées ?Je dirais que ça fait partie des rôles que j'ai joués. J'ai beaucoup discuté avec les syndicats. Cela permet à la parole de circuler. Ce n'est pas un secret. J'ai beaucoup de respect pour Paul De Munck et Philippe Devos (ndlr : respectivement président du GBO et de l'Absym) et David Simon, " mon contradicteur préféré " sur Twitter. Les gens apprennent à ne pas être d'accord en se respectant... Sur les réseaux sociaux, lorsqu'on n'est pas d'accord, on est un " mauvais ". Dès que tu proposes une autre idée, cela se polarise entre bon et mauvais, " sympa " et " connard ". C'est basique comme fonctionnement ! Au niveau des syndicats, j'ai pesé pour maintenir intact le champ dévolu à la SSMG. Aujourd'hui, la presse se charge de la formation continue... La SSMG, sans faire de syndicalisme, doit se positionner sur des enjeux sociétaux ! Ce n'est pas forcément de la défense professionnelle (...) D'où, d'ailleurs, l'intérêt d'un Collège de MG.Votre successeur, vous le souhaitez dans la continuation ou avec des idées radicalement nouvelles ?J'aime bien être bousculé par de nouvelles idées pour autant que le cadre global soit respecté. J'ai une chronique hebdomadaire " questions de santé " sur LN24... On me propose parfois des sujets hors de la médecine purement EBM, cela ne me dérange pas d'être bousculé... Dans quelques semaines, une AG est prévue qui devrait entériner ma succession en la personne de Quentin Mary. Je ne connais pas très bien sa vision. Il est arrivé récemment au comité directeur. Comment les équipes se constitueront, on verra bien.Vous resterez actif à la SSMG, par exemple, dans l'alcoologie ?Je vais voir. J'ai énormément donné pendant quatre ans. Pendant la crise pandémique, ce n'est pas un secret, on m'a beaucoup vu. A tout point de vue, dans l'organisation, les communiqués de presse... Dans l'immédiat, j'ai juste envie de profiter un peu de la vie.