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Schengen, nouveau poste de frontière de l'espace européen, où les citoyens redécouvrent le plaisir de la marche tandis que les réfugiés, les émigrants et les illégaux découvrent quant à eux l'errance. L'exposition concoctée par Béatrice Josse (membre du jury de sélection belge du pavillon à Venise) propose le regard de dix plasticiens français et étrangers sur cette problématique, confrontant leur oeuvre à l'histoire, notamment régionale, et embrassant le problème de la migration venue du Sud, d'une brûlante actualité.Elle débute par la vision de trois artistes luxembourgeois de la ville de Schengen.Avec the Mapping journey Project, le Marocain Bouchra Khalili cartographie en vidéo des voyages clandestins singuliers en donnant la parole au migrants venus de Somalie ou du Maroc.Dans une approche qui se veut historique et régionale, mais toujours pleine d'adéquations entre signifiant et signifié, la salle Les voyageurs évoque la problématique des Tziganes en Lorraine et l'enfermement de ces derniers dans des camps de concentration par le régime de Vichy.ChimèresTania Mouraud a tendu sur le mur extérieur du musée une immense bâche, blanche et noire: on peut y lire dans un lettrage allongé, presque famélique " How can you sleep " lancé par un habitant du ghetto à un SS dans l'opéra de Schönberg, Un survivant de Varsovie.Dans Chroniques du Sahara, Ursula Biemann (illustration) montre au travers de vidéos, de témoignages, de photographies, les zones d'ombres de la géographie économique mondialisée: dans cet immense désert réparti entre huit états, les frontières poreuses, voient suite à la mise en place de la forteresse Schengen d'énormes mouvements migratoires, dans ces étendues désertiques où les Touaregs, peuple nomade du désert, ont développé un système d'organisation et de contrôle, entre légalité et clandestinité, des migrants. Réminiscences de drames récents, notamment sur ces photos aériennes de la police marocaine qui montrent dans un campement, des exilés construire eux-mêmes un bateau en bordure de désert face aux Canaries. Avant de s'embarquer pour ce périple souvent mortel, le projet posé sur le sable semble, vu du ciel, avoir déjà échoué...