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Il y a deux ans, Frank Vandenbroucke a lancé une réforme ambitieuse de la 1ère ligne en santé mentale. Objectif : rendre ces soins accessibles et abordables. Coût : 165 millions." Le but de cette réforme [n'est] pas tant d'envoyer chaque Belge chez le psychologue pour 11 euros, mais au contraire, de créer une santé mentale maximale et de garantir des soins de santé mentale de qualité : proches, accessibles et à bas seuil ", précise d'emblée le ministre.Exit donc le coûteux et hautement spécialisé ancien système. Place à une approche à bas seuil, sans prescription, avec un des tickets modérateurs limités et facilement accessibles, à proximité des lieux où les gens se trouvent.Autre axe innovant : faciliter les relations avec les acteurs externes à nos soins de santé mentale. " On songe en l'occurrence aux médecins généralistes, aux écoles, aux organisations de jeunes et aux CPAS. Afin de mettre en place une société attentionnée, dans laquelle il devient pour ainsi dire naturel de parler de bien-être (ou de mal-être) mental, ou dans laquelle un enseignant ou un médecin généraliste décèle rapidement des signaux inquiétants, y réagit immédiatement et offre le soutien adéquat ou oriente l'intéressé vers l'aide appropriée si nécessaire, avant que les problèmes ne menacent de dérailler. "Pour ce faire, une réforme structurelle était indispensable. " Elle a pris forme sur la base d'une nouvelle convention SPPL (soins psychologiques de première ligne), qui a vu le jour en étroite concertation avec toutes les parties prenantes de nos soins de santé mentale", assure le ministre. "Fin juillet 2021, cette nouvelle convention a été entérinée par les membres du Comité de l'assurance de l'Inami et, depuis le 1er septembre 2021, les différents réseaux de soins de santé mentale -32 au total - qui couvrent une région ont pu signer la nouvelle convention. Depuis le 1er janvier 2022, cette nouvelle convention est également entrée en vigueur dans la pratique. "Via cette convention, les réseaux de soins de santé mentale organisent eux-mêmes les relations avec les groupes-cibles : école, Service jeunesse, CPAS, cabinet de médecine générale ou d'un pharmacien.2.816 psychologues cliniciens et orthopédagogues cliniciens individuels se sont joints aux réseaux et sont donc " conventionnés " à leur tour, ce qui représente 36.700 heures par semaine.La réforme vise à détecter de manière la plus précoce possible les groupes cibles vulnérables comme par exemple un enfant harcelé à l'école mais pas à la maison ou une personne qui perd soudainement son partenaire.L'assurance maladie prend en charge la plus grande partie du prix par séance via le tiers payant. " Dans ce nouveau système, le psychologue ou orthopédagogue clinicien conventionné gagne 75 euros par séance, soit en moyenne 10 à 15 euros de plus qu'auparavant. "Pour le patient, la première séance est gratuite. Ensuite, il paie de sa poche 11 euros de l'heure (4 euros s'il est BIM). Le tarif pour les séances de groupe est de 2,5 euros de l'heure. Les adultes ont droit à un maximum de 8 séances individuelles ou 5 séances de groupe par période de 12 mois. Les enfants et les jeunes adultes (moins de 23 ans) ont droit à un maximum de 10 séances individuelles ou 8 séances de groupe par période de 12 mois.Qu'en est-il des soins psychologiques spécialisés ? Ils ne sont accessibles via la réforme qu'après un bilan fonctionnel établi par un psychologue/orthopédagogue clinicien et un médecin. Les tarifs (11, 4 et 2,5 euros) sont identiques aux soins non spécialisés.En tout, la réforme coûtera 165 millions d'euros et porte l'investissement total en soins de santé mentale à 330 millions d'euros.A la demande du ministre Frank Vandenbroucke, les professeurs Ronny Bruffaerts (Master en psychologie, professeur de psychiatrie à la KULeuven et chef du Centrum voor Maatschappelijke Geestelijke Gezondheidszorg à la KULeuven) et Fabienne Glowacz (Uliège - directrice de l'unité de recherche ARCh et du service de Psychologie clinique) ont étudié l'impact de la réforme - et donc, de la nouvelle convention - sur le terrain.Ils sont très positifs.Dans des propos recueillis par le cabinet Vandenbroucke, le Pr Bruffaerts estime que " avec près de 150.000 patients traités sur une base annuelle, les données scientifiques montrent clairement que le cadre des soins psychologiques conventionnés de première ligne est socialement validé : il y a un afflux en hausse progressive de patients qui n'ont jamais été en traitement auparavant. Nous constatons aussi que les patients reportent moins leur quête de soins : les personnes souffrant de problèmes/troubles psychologiques ont donc recours aux soins beaucoup plus rapidement. En résumé, le patient est donc guidé plus rapidement vers les soins. Les données montrent également une validité clinique : après une période moyenne de 4 ans de problèmes mentaux ou de troubles mentaux, les symptômes psychologiques diminuent après 6 séances en moyenne et la qualité de vie quotidienne et la résilience des patients traités augmentent, et ce, pendant au moins 6 mois après le début du traitement. "La Pre Glowacz pense que " les psychologues/orthopédagogues conventionnés ont confiance dans le fonctionnement de la convention et perçoivent cette nouvelle approche - et donc la coopération tant dans la première ligne que dans les lieux d'accroche - comme utile. Beaucoup se posent encore des questions, bien sûr, et il y a un besoin de formation(s), par exemple en ce qui concerne les interventions de groupe. Autre élément frappant : nous avons encore du chemin à parcourir en termes d'ancrage dans leur réseau. Par exemple, à peine la moitié d'entre eux sont en contact régulier avec le réseau. Les coordinateurs de réseau ont donc une tâche importante à accomplir dans ce cadre, et cela signifie surtout que les réseaux doivent encore bénéficier d'un soutien supplémentaire. "Étant donné que la convention prend fin cette année, le Comité de pilotage met tout en oeuvre pour la prolonger " jusqu'au moins 2024 et 2025. " D'ici au 1/01/2024, ce comité, lié au Comité de l'assurance de l'Inami, devra toutefois développer une série de stratégies pour augmenter sur le terrain l'accessibilité des soins psychologiques pour certains groupes cibles.Listes des points-contacts :https://www.inami.fgov.be/SiteCollectionDocuments/psy_netwerken_kinderen_jongeren_psy_reseaux_enfants_adolescents_citizen.pdfhttps://www.inami.fgov.be/SiteCollectionDocuments/psy_netwerken_volwassenen_psy_reseaux_adultes_citizen.pdf