Les constats sont connus. Ils ont été posés par Le Livre noir de la Santé mentale (lire jdM n°2531) : le médecin généraliste bruxellois est confronté aux enjeux démographiques de Bruxelles qui a vu sa population passer de 950.000 habitants à 1,2 million en 20 ans, le multiculturalisme qui pose la question de la culture et de la langue de soins mais aussi de l'approche de la première ligne, inexistante dans certains pays d'émigration, une pénurie de généralistes dans certaines communes et une offre psychiatrique insuffisante pour soutenir la première ligne.

En sont sorties 12 recommandations, la première étant de reconnaître le rôle incontournable du MG comme gestionnaire de la santé mentale en première ligne.

Mais la FAMGB, et sa Commission santé mentale, ne voulaient pas en rester à un constat négatif. Place à l'action. Et invitation à des médecins généralistes, en focus group, à faire émerger des solutions et des priorités sur base de leur vécu.

Nécessité d'une cellule d'appui

Le premier focus group se penchait sur le rôle d'un helpdesk lorsque le MG est confronté à un risque de suicide. " Pouvoir contacter directement une équipe en étant assuré d'une prise en charge rapide m'a permis de contenir l'angoisse qui vous étreint immanquablement quand quelqu'un exprime son désir de mettre fin à ses jours. Et l'apaisement que cela a produit en moi a certainement entraîné un apaisement chez ma patiente ", témoigne l'un. Un autre explique : " J'ai appelé Crisis-Bruxelles, le centre de référence pour les professionnels en contact avec un enfant ou adolescent en crise, pour une situation qui m'avait alarmé : un enfant de dix ans, évoluant dans un contexte familial très difficile, avait tagué sur son mur 'je veux mourir, maman'. Au fil d'une conversation téléphonique avec Crisis-Bruxelles, j'ai reçu quelques clefs de lecture pour m'aider à déceler s'il s'agissait d'une urgence véritable ou non. Ces conseils ont pu me guider dans mon anamnèse et m'aider à trouver la meilleure option pour le suivi de cette famille. "

À la réflexion, un " helpdesk ", ce n'est pas ce qui cadre le mieux avec les attentes des médecins généralistes...

Les témoins constatent toutefois l'existence à Bruxelles d'une demande éclatée de ce type de centres d'aide. À la réflexion, un " helpdesk ", ce n'est pas ce qui cadre le mieux avec les attentes des médecins généralistes. D'où une première priorité, celle de créer une cellule d'appui couvrant tout le territoire bruxellois et accessible à tous les professionnels de première ligne. " Elle aurait comme objectifs l'évaluation de la situation clinique et la prise en charge immédiate autour du patient. "

Collaboration multidisciplinaire

Le deuxième défi est la collaboration multidisciplinaire. Comme le raconte un MG " c'est très important, pour le patient fragilisé psychiquement, de trouver des structures d'appui près de chez lui ; et pour le médecin, de connaître des adresses auxquelles il peut se référer si nécessaire. Le plus dur à gérer, ce sont les crises de psychose. Une mise en observation, ça prend du temps, et le patient continue à aller mal dans l'intervalle... Je trouve toutefois que, ces dernières années, il y a une meilleure coordination des soins psy en cas d'urgence. "

En fait, il n'y a pas de structuration de la concertation. " Nez sur le guidon, les médecins n'ont ni le temps ni les moyens de rassembler les intervenants autour du patient, intervenants souvent bien occupés eux aussi. Dès lors, la collaboration multidisciplinaire souffre d'une absence de concertation et d'un manque de dialogue, principalement avec la deuxième ligne. Or, la concertation est primordiale pour le suivi du patient... "

D'où la priorité n°2 qui est de se concerter autour et avec le patient. Exit les " discussions incessantes au sein de groupes de travail chronophages " et trop éloignés de la pratique des généralistes. La FAMGB estime " qu'un dispositif s'appuyant sur un référent qui orchestre des concertations est de nature, si en parallèle la nomenclature est repensée, à aider les médecins généralistes à faire du réseautage intensifié)dans le secteur de la santé mentale ".

Infirmier de liaison

Quant à la collaboration avec les hôpitaux, un MG de Woluwé témoigne : " J'ai un patient schizophrène, que je suis depuis sept ans maintenant. En déni face à ce diagnostic, il ne voulait pas prendre le traitement envisagé, pourtant efficace. Les plaintes de voisinage se sont multipliées. J'ai fait appel à l'équipe psychiatrique ambulatoire de Saint-Luc ; nous avons fait une consultation commune chez lui. Ils n'ont malheureusement pas réussi à le convaincre mais, lorsque la mise en observation s'est avérée nécessaire, ils ont pris les choses en main. J'ai pu conserver la confiance de ce patient, que je continue à suivre, pour le meilleur et pour le pire. "

" Devant ce genre de patient ", dit un autre, " il est primordial en tant que médecin traitant d'être accompagné. Il est juste impossible de travailler seule. La clef de tout, c'est la communication. J'ai toujours le numéro de la psychiatre par exemple. La contacter directement a permis une coordination efficace. Ça a aussi permis de mettre le patient en confiance, initialement en tous cas. "

Améliorer la collaboration en généralistes et services psychiatriques des hôpitaux est indispensable et doit se concrétiser par la création dans l'hôpital d'une fonction d'infirmier de liaison, estime la FAMGB dans ce Livre blanc qui se veut un outil de référence avant tout. " L'infirmier de liaison hospitalier exerce par définition une fonction interligne : il fait office d'interface entre la première ligne de soins et l'hôpital. C'est un intervenant-clef pour le généraliste, car il maintient le lien entre le médecin et le patient hospitalisé. "

Et il s'agit, enfin, d'agir aussi en dehors des crises, comme en atteste ce témoignage : " Trois de mes patients étaient psychotiques, et malheureusement lorsqu'ils étaient en crise, la seule façon de les calmer était de les hospitaliser. Souvent contre leur gré, en appelant une ambulance ou même la police, parfois, s'ils refusaient d'y grimper. Il fallait alors faire une demande de mise en observation. Je pense qu'il y a un réel travail de réseau à effectuer chez les patients de ce type dès lors qu'ils ne sont plus en crise, pour tenter d'éviter une récidive. "

Les constats sont connus. Ils ont été posés par Le Livre noir de la Santé mentale (lire jdM n°2531) : le médecin généraliste bruxellois est confronté aux enjeux démographiques de Bruxelles qui a vu sa population passer de 950.000 habitants à 1,2 million en 20 ans, le multiculturalisme qui pose la question de la culture et de la langue de soins mais aussi de l'approche de la première ligne, inexistante dans certains pays d'émigration, une pénurie de généralistes dans certaines communes et une offre psychiatrique insuffisante pour soutenir la première ligne.En sont sorties 12 recommandations, la première étant de reconnaître le rôle incontournable du MG comme gestionnaire de la santé mentale en première ligne.Mais la FAMGB, et sa Commission santé mentale, ne voulaient pas en rester à un constat négatif. Place à l'action. Et invitation à des médecins généralistes, en focus group, à faire émerger des solutions et des priorités sur base de leur vécu.Le premier focus group se penchait sur le rôle d'un helpdesk lorsque le MG est confronté à un risque de suicide. " Pouvoir contacter directement une équipe en étant assuré d'une prise en charge rapide m'a permis de contenir l'angoisse qui vous étreint immanquablement quand quelqu'un exprime son désir de mettre fin à ses jours. Et l'apaisement que cela a produit en moi a certainement entraîné un apaisement chez ma patiente ", témoigne l'un. Un autre explique : " J'ai appelé Crisis-Bruxelles, le centre de référence pour les professionnels en contact avec un enfant ou adolescent en crise, pour une situation qui m'avait alarmé : un enfant de dix ans, évoluant dans un contexte familial très difficile, avait tagué sur son mur 'je veux mourir, maman'. Au fil d'une conversation téléphonique avec Crisis-Bruxelles, j'ai reçu quelques clefs de lecture pour m'aider à déceler s'il s'agissait d'une urgence véritable ou non. Ces conseils ont pu me guider dans mon anamnèse et m'aider à trouver la meilleure option pour le suivi de cette famille. "Les témoins constatent toutefois l'existence à Bruxelles d'une demande éclatée de ce type de centres d'aide. À la réflexion, un " helpdesk ", ce n'est pas ce qui cadre le mieux avec les attentes des médecins généralistes. D'où une première priorité, celle de créer une cellule d'appui couvrant tout le territoire bruxellois et accessible à tous les professionnels de première ligne. " Elle aurait comme objectifs l'évaluation de la situation clinique et la prise en charge immédiate autour du patient. "Le deuxième défi est la collaboration multidisciplinaire. Comme le raconte un MG " c'est très important, pour le patient fragilisé psychiquement, de trouver des structures d'appui près de chez lui ; et pour le médecin, de connaître des adresses auxquelles il peut se référer si nécessaire. Le plus dur à gérer, ce sont les crises de psychose. Une mise en observation, ça prend du temps, et le patient continue à aller mal dans l'intervalle... Je trouve toutefois que, ces dernières années, il y a une meilleure coordination des soins psy en cas d'urgence. "En fait, il n'y a pas de structuration de la concertation. " Nez sur le guidon, les médecins n'ont ni le temps ni les moyens de rassembler les intervenants autour du patient, intervenants souvent bien occupés eux aussi. Dès lors, la collaboration multidisciplinaire souffre d'une absence de concertation et d'un manque de dialogue, principalement avec la deuxième ligne. Or, la concertation est primordiale pour le suivi du patient... "D'où la priorité n°2 qui est de se concerter autour et avec le patient. Exit les " discussions incessantes au sein de groupes de travail chronophages " et trop éloignés de la pratique des généralistes. La FAMGB estime " qu'un dispositif s'appuyant sur un référent qui orchestre des concertations est de nature, si en parallèle la nomenclature est repensée, à aider les médecins généralistes à faire du réseautage intensifié)dans le secteur de la santé mentale ".Quant à la collaboration avec les hôpitaux, un MG de Woluwé témoigne : " J'ai un patient schizophrène, que je suis depuis sept ans maintenant. En déni face à ce diagnostic, il ne voulait pas prendre le traitement envisagé, pourtant efficace. Les plaintes de voisinage se sont multipliées. J'ai fait appel à l'équipe psychiatrique ambulatoire de Saint-Luc ; nous avons fait une consultation commune chez lui. Ils n'ont malheureusement pas réussi à le convaincre mais, lorsque la mise en observation s'est avérée nécessaire, ils ont pris les choses en main. J'ai pu conserver la confiance de ce patient, que je continue à suivre, pour le meilleur et pour le pire. "" Devant ce genre de patient ", dit un autre, " il est primordial en tant que médecin traitant d'être accompagné. Il est juste impossible de travailler seule. La clef de tout, c'est la communication. J'ai toujours le numéro de la psychiatre par exemple. La contacter directement a permis une coordination efficace. Ça a aussi permis de mettre le patient en confiance, initialement en tous cas. "Améliorer la collaboration en généralistes et services psychiatriques des hôpitaux est indispensable et doit se concrétiser par la création dans l'hôpital d'une fonction d'infirmier de liaison, estime la FAMGB dans ce Livre blanc qui se veut un outil de référence avant tout. " L'infirmier de liaison hospitalier exerce par définition une fonction interligne : il fait office d'interface entre la première ligne de soins et l'hôpital. C'est un intervenant-clef pour le généraliste, car il maintient le lien entre le médecin et le patient hospitalisé. "Et il s'agit, enfin, d'agir aussi en dehors des crises, comme en atteste ce témoignage : " Trois de mes patients étaient psychotiques, et malheureusement lorsqu'ils étaient en crise, la seule façon de les calmer était de les hospitaliser. Souvent contre leur gré, en appelant une ambulance ou même la police, parfois, s'ils refusaient d'y grimper. Il fallait alors faire une demande de mise en observation. Je pense qu'il y a un réel travail de réseau à effectuer chez les patients de ce type dès lors qu'ils ne sont plus en crise, pour tenter d'éviter une récidive. "