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En effet, historiquement, le Vatican n'a pas toujours été transparent sur la santé de ses papes. Jean-Paul II, en fin de vie, apparaissait de plus en plus affaibli tandis que les communiqués parlaient de " fatigue ". Jean XXIII, atteint d'un cancer de l'estomac, a vu son agonie être minimisée jusqu'à l'annonce tardive de sa mort. Pie XII, lui, avait déjà reçu l'extrême-onction alors que le monde ignorait encore la gravité de son état. Cette opacité n'est pas propre au Vatican : de Staline à Mitterrand, en passant par les dirigeants nord-coréens, la dissimulation de l'état de santé des chefs d'État est une pratique courante pour éviter l'instabilité ou organiser une transition.Les plus âgés se souviennent du best-seller " Ces malades qui nous gouvernent " paru une première fois en 1976 et une seconde fois, dans une version augmentée, en 1996. Coécrit par le journaliste Pierre Accoce et le médecin Pierre Rentchnick, " Ces malades... " met en lumière la manière dont les problèmes de santé de figures politiques ont pu impacter leurs décisions et, par conséquent, le cours des événements mondiaux. Entre livrer la santé des grands de ce monde à la vindicte et cacher la vérité, il y a une marge. Le public a droit a une certaine transparence.Si tout le monde a en tête l'exemple récent de la pré-sénilité de Joe Biden largement cachée pas l'entourage et des médias lénifiants, le cas de François Mitterrand est exemplatif même si son état cognitif était relativement préservé.Le médecin de François Mitterrand, le Dr Claude Gubler, est allé très loin dans l'éthique médicale pour préserver son malade. Médecin personnel de François Mitterrand de 1981 à 1994, il a rédigé des bulletins de santé inexacts à la demande du président, dissimulant ainsi son cancer de la prostate diagnostiqué dès 1981. Lorsque Mitterrand se représente en 1988, il se sait condamné. Il va toutefois remporter la présidentielle. Après la mort de Mitterrand en 1996, Gubler publie "Le Grand Secret", révélant la maladie cachée du président. Cette divulgation lui vaut une condamnation pour violation du secret médical et sa radiation de l'Ordre des médecins en 1997. Il n'est donc pas radié pour avoir menti mais pour avoir révélé le mensonge. Alors, qu'en est-il du Pape François ? Les signaux officiels indiquent une stabilité, mais la prudence s'impose. Le doute est légitime : si son état s'est aggravé, le Vatican pourrait vouloir temporiser pour éviter un emballement. L'avenir proche dira si nous assistons à un simple épisode de faiblesse du pape... ou à une mise en scène destinée à masquer une réalité plus grave. Et, dans ce cas, décédé ou cédant sa place pour raison de santé, François passera la main...Après un pape sud-américain, il serait logique d'élire un pape africain... Mais cela est une autre histoire.