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"Nous voulons revenir à des valeurs de coopérative ", explique le Dr Tanguy de Thier, vice-président de Medispring. " Nous avons donc décidé de prendre les mesures nécessaires pour quitter un modèle qui s'apparentait davantage à celui d'une start-up classique. L'objectif est désormais de se recentrer sur les utilisateurs. " Un nouveau gérant sera annoncé prochainement.Le journal du Médecin est allé à la rencontre du Conseil d'administration pour mieux comprendre cette décision.Le journal du Médecin : La direction de la coopérative vient de changer. Pouvez-vous nous expliquer ce choix ?Dr Olivier Marievoet, président du CA : C'était un choix inéluctable. Le logiciel a pris une certaine direction afin de répondre au processus d'enregistrement : celui d'une start-up. Cependant, on ne peut pas se permettre de transformer le modèle coopératif en un modèle de start-up. C'était un modèle idéal pour arriver à l'enregistrement, mais le danger était d'arriver à une société qui n'aurait pas tenu compte de l'avis des coopérateurs. Medispring a été conçu pour être d'abord à l'écoute des patients, et des coopérateurs qui viennent avec des demandes spécifiques tantôt pour améliorer la qualité des soins, tantôt pour améliorer la qualité de leur travail.Dr Vincent Haufroid, secrétaire du CA : On ne pouvait pas se permettre de décevoir des coopérateurs. On a donc dû faire des choix. Si cela change maintenant, c'est parce que nous revenons à des valeurs de base que nous serons à même de défendre.Dr Jean Petit, vice-président du CA : Ce départ était naturel, en quelque sorte. L'objectif est également de montrer à nos coopérateurs que tous les administrateurs ont travaillé dans la même direction. Dans le futur, nous allons vers une professionnalisation du CA, grâce à l'expérience acquise mais aussi par la présence de spécialistes dans leur domaine, notamment dans l'IT où nous sommes renforcés par la venue de François Roucoux, médecin et informaticien qui s'occupe entre autres de l'IT au GHDC et donne des cours à l'UCLouvain. Il viendra prêter main forte aux docteurs Frédéric Dujardin et Silviu Braga, spécialiste informatique de la SSMG, qui continuent à améliorer le design et la fonctionnalité de l'outil.Medispring fêtera bientôt ses deux ans. Est-ce que le projet viable à long terme sur le plan financier ?O.M. : Le projet est viable, nous avons quelque 1.200 coopérateurs actuellement. Mais l'idéal est évidemment de croître de manière continuelle. Il faut rester humble : on ne fédèrera pas tout le monde autour de notre projet, mais nous estimons qu'avec le double de coopérateurs, ou au moins 2.000, le projet sera pérenne.Quels sont justement les objectifs pour 2020 ?O.M. : Stabiliser le programme et répondre à l'ensemble des questions posées par nos utilisateurs selon un mode de priorisation. Chaque remarque, chaque question a été recensée. Nous avons plus de 1.000 demandes d'amélioration à traiter. Certaines se recoupent. Le rôle du Dr Dujardin sera donc de trier et prioriser, à l'aide d'ingénieurs informaticiens, ces demandes afin de pouvoir fournir des améliorations et mises à jour régulières. Même si il est difficile de promettre monts et merveilles car en informatique, il suffit parfois d'un grain de sable pour enrayer la mécanique.Est-ce que vous avez déjà quelques exemples d'amélioration ?V.H. : D'ici la fin février, la grande mise à jour concernera quasi l'ensemble des points de l'enregistrement. Tout ce que l'Inami nous a demandé de développer en six, sept mois sera proposé aux utilisateurs. L'idée est de ne laisser personne de côté. Car il va de nouveau y avoir un afflux de données informatiques à gérer dans nos cabinets. Il y aura besoin de bien communiquer, d'organiser des webinars et autres formations.J.P. : La coopérative nécessite la participation active des utilisateurs. C'est notre plus-value par rapport aux autres sociétés classiques : nous n'avons pas de client, mais des coopérateurs. Nous voulons travailler main dans la main avec les utilisateurs et améliorer l'outil ensemble. Nous voulons que l'outil soit fluide, intuitif, intéressant pour l'utilisateur. Des outils de communication sont ainsi au programme pour plus de convivialité entre les soignants, en ce compris les infirmiers et les autres paramédicaux.L'enregistrement, la concurrence, le quasi-monopole avant votre arrivée...C'est un monde complexe dans lequel vous vous êtes lancés.O.M. : Notre désir est simplement d'être les meilleurs possibles pour nos coopérateurs. L'idée n'est donc pas de se battre entre logiciels médicaux, ni même de comparer. Il serait même plus intelligent de partager. Nous ne demandons pas mieux de développer des partenariats avec des sociétés telles que Topaze, Xperthis, Medinect, HealthOne ou CareConnect. Mais nous sommes désireux de garder notre ligne de conduite. L'objectif de Medispring est davantage de devenir une plateforme de soins plutôt qu'un simple logiciel médical en silo.J.P. : La base du mouvement Medispring, c'est la place centrale du patient dans les soins de santé. Cette coopérative, c'est une première dans l'histoire médicale. Les généralistes, qui ont la réputation d'être des libéraux solos, se retrouvent ensemble autour d'un projet où le patient est central. Car nous avons une responsabilité vis-à-vis de la récolte et la protection de ses données.Depuis le début, l'objectif est resté le même. Et ce malgré les obstacles auxquels nous avons dû faire face depuis le lancement du projet. Nous n'avons pas dégradé l'objectif de la coopérative.Parmi ces obstacles, l'enregistrement du logiciel a indéniablement retarder vos plans. Est-ce qu'il y a eu beaucoup de mécontents ?J.P. : L'équipe s'est réellement donnée à fond pour qu'il n'y ait pas de rupture de continuité avec la labellisation et l'enregistrement du programme. L'outil permet aujourd'hui de glaner la même récompense qu'auparavant.La plupart des coopérateurs ne peut mesurer l'importance du travail que représente la gestion d'une société coopérative avec 1.250 coopérateurs. C'est un travail colossal.V.H. : La plupart des médecins déçus sont sans doute ceux qui en attendaient le plus. Ce sont eux aussi notre moteur car ils nous obligent à nous remettre régulièrement en question. Nous les remercions pour leur patience. Nous avons dû faire une pause dans l'évolution du logiciel à cause de l'enregistrement, que l'on devait passer pour une date fixe.O.M. : Nous avons heureusement beaucoup de soutien. De la part des coopérateurs, certainement, mais aussi en interne. Nous remercions d'ailleurs le helpdesk qui a dû subir cette impatience, ce qui ne fut pas forcément aisé. Ces trois personnes (Angélique, Sofian et Ghokan) ont réellement investi les valeurs de notre coopérative et jouent désormais un rôle très important dans la relation avec nos utilisateurs.