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Au terme d'une large concertation avec les autorités ainsi que les services fédéraux et ceux des entités fédérées, la ministre Maggie De Block est peut-être parvenue à trouver une solution à un dossier remontant à plusieurs années. L'objectif premier est de sortir d'une situation épineuse concernant les étudiants en médecine qui sont menacés de ne pas recevoir d'attestation à cause du quota de la Communauté française qui n'a pas été respecté dans le passé.Ainsi, la commission de répartition prévoit un nombre de 1.320 médecins diplômés en 2022, disséminés entre la Communauté flamande et la Communauté française. Plus précisément, il s'agit de 792 médecins prévus pour la Flandre et 528 pour la Wallonie, un nombre plus élevé pour celle-ci par rapport à l'année dernière. La Commission propose un nombre plus important afin d'éviter d'être confronté à une pénurie de médecins. L'arrêté royal reprenant cette proposition de quota devra être soumis au Conseil d'État et reviendra ensuite sur la table du Conseil des ministres pour une deuxième lecture. "Je suis particulièrement heureuse que nous ayons enfin pu franchir cette étape. Une bonne planification, suffisamment de médecins pour nos patients, constituent une garantie de qualité de soins", a notamment déclaré la ministre De Block.Mais pour Paul De Munck, président du Groupement belge des omnipraticiens (GBO), principal syndicat des médecins généralistes francophones, "ce n'est pas ainsi qu'on détermine une politique future. (...) Il faut prendre ses responsabilités plutôt que de reprocher aux autres de ne pas avoir fait ce qu'il faut et les punir", dit-il, faisant allusion à l'abandon de la clé proposée par la commission de planification cet été. "Je peux comprendre qu'en Flandre, on ne soit pas heureux d'avoir fait des efforts pendant des années" alors que du côté francophone, un filtre efficace n'était pas mis en place, explique Paul De Munck du GBO. Mais "ce n'est pas ainsi (en formulant des reproches, ndlr) qu'on détermine une politique future".Du côté de l'Absym, l'Association belge des syndicats médicaux, il s'agit d'une décision "tout à fait politique. La ministre a compris que du côté flamand, il y avait une forte opposition et que faire respecter l'avis de la commission de planification ne valait pas une crise gouvernementale", explique le président de l'Absym, Dr Marc Moens. On se souvient que la N-VA en avait fait un casus belli, estimant qu'on récompensait l'inaction francophone en matière de sélection.Les partis politiques dénoncent, mis à part le MR bien entendu, cette reculade. "Nous assistons une fois de plus à un troc inacceptable au détriment des Francophones", souligne Défi. "Si la Wallonie et Bruxelles connaissent aujourd'hui des pénuries de médecins, c'est parce que les quotas ont été fixés erronément depuis des années à 60/40. Le gouvernement fédéral aurait dû octroyer le numéro aux étudiants surnuméraires pour compenser les pertes subies par les Francophones depuis le départ, comme le montre le cadastre dynamique. Le gouvernement de la Communauté française s'est laissé piéger et l'accès à des études universitaires essentielles pour la santé publique va en pâtir", a jugé pour sa part Mme Persoons. Selon DéFI, "les intérêts flamands passent avant l'intérêt général de la Santé publique et des citoyens".Le ministre en charge de l'Enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles, Jean-Claude Marcourt, a dit jeudi soir dans un communiqué "prendre acte" de l'accord intervenu au sein du gouvernement fédéral sur les quotas Inami. Le socialiste dit toutefois s'étonner que "l'accord ne couvrirait pas l'ensemble des étudiants en cours de cursus et que la clef de répartition des quotas Inami resterait fixée à 60/40 en dépit des recommandations faites par la commission de planification basées sur des éléments objectifs".Il n'a soufflé mot de l'accord avec le Fédéral sur un examen d'entrée à la Flamande et que Maggie De Block semble prendre pour acquis.En refusant de suivre les recommandations de la commission de planification sur la répartition des quotas de numéros Inami aux diplômés de médecine, la ministre fédérale de la Santé publique Maggie De Block (Open Vld) "tourne le dos aux constats scientifiques et statistiques de pénurie", a dénoncé Ecolo vendredi dans un communiqué. Pour Didier Reynders, par contre, l'accord du gouvernement fédéral sur la répartition entre Communautés des numéros Inami pour les diplômés de médecine ne porte pas atteinte aux intérêts des francophones. "La négociation a été particulièrement difficile", a reconnu le vice-premier ministre MR sur La Première. Elle est partie d'une clé de répartition 56-44 avant de prendre en compte un nécessaire rattrapage du fait qu'il n'y a pas eu d'examen d'entrée pendant des années côté francophone. Le choix du gouvernement a été de "démarrer ce rattrapage rapidement", a convenu M. Reynders.Il souligne que l'accord n'est à ce stade qu'une proposition qui sera soumise à l'avis du Conseil d'État, et qu'elle est conditionnée à l'instauration d'un examen d'entrée en Fédération Wallonie-Bruxelles, que le MR réclame depuis des années.