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Il est impératif que les médecins se mobilisent tant ces chantiers touchent à tous les aspects de notre profession. Les élections des organisations de défense professionnelle constituent une bonne occasion de rappeler à toutes et tous la nécessité de s'investir dans ce magma complexe. Un changement de paradigme se meut à l'horizon, avec la réforme de la nomenclature des prestations médicales. La majorité des spécialités y travaillent, bien que quelques pans de chantiers n'aient pas encore débuté. Parmi les finalités, un dépoussiérage de la liste des actes, l'occasion de prendre le temps de discuter globalement de l'existant et de le mettre à jour. Autre élément, mettre en évidence, ou dans tous les cas oser discuter, des iniquités qui peuvent exister entre spécialités par l'intermédiaire d'une nomenclature plus favorable. Dans les hôpitaux, une réflexion de fond doit avoir lieu sur l'accord médecin- gestionnaire, où les rétrocessions sont définies. Cet accord fait l'objet de très longs palabres, et est susceptible de renforcer ou de diminuer ces iniquités. Il y a autant d'accords médecin-gestionnaire qu'il y a d'hôpitaux, générant parfois de nombreuses frustrations parmi les collègues et de nombreux conflits avec des rapports de force, alors que l'objectif est de travailler ensemble sereinement, garantie parmi d'autres pour prodiguer des soins de qualité. L'intérêt de la définition d'un honoraire intellectuel devrait permettre de solutionner ces palabres, puisque cet honoraire appartiendrait au médecin et serait défini bien en amont de l'hôpital. Un bouleversement en perspective, donc. L'élément attenant est l'abandon par le médecin de la partie de l'honoraire qui couvre les coûts de fonctionnement de l'acte, gardant uniquement la partie "intellectuelle". Cette révolution ne peut s'entrevoir qu'en redéfinissant clairement la cogestion des hôpitaux entre médecins et gestionnaires. On quittera donc le modèle actuel de négociations où une partie est détenteur du savoir médical, l'autre partie du savoir financier, au risque de longues joutes. Un tel bouleversement doit nous amener à repenser la position des médecins au sein des institutions hospitalières, à tous les niveaux, et nécessite un lâcher-prise de toutes parts afin d'y arriver. Parmi les enjeux, citons le maintien d'un fond d'investissement médical conséquent pour garantir l'innovation, l'élaboration conjointe des stratégies médicales, une révision des compositions des conseils d'administration, ... En effet, les intérêts des gestionnaires hospitaliers sont les mêmes que ceux des médecins, et une coconstruction des projets médicaux demeure l'issue la plus favorable pour s'adapter aux enjeux de santé publique de demain. Nous sommes donc tous liés, l'horizon est commun. Non seulement l'hôpital doit être repensé, notamment sa place comme acteur dans le parcours de soins, son organisation par exemple au regard de l'enjeu du virage ambulatoire des soins, tout en restant attractif. Ce travail concret a débuté et doit impliquer le corps médical afin de se placer sous les meilleurs auspices. Il en va de la pérennité de notre système de soins avec une vision adaptée par les professionnels de demain. Ce défi fait partie de ceux portés par le Cartel.