Alors qu'il n'y a aucune raison à cela, le ministre Marcourt a, quant à lui, sous certaines pressions de partenaires politiques, remis en question son système de filtre au terme de la première pour envisager un concours d'entrée assorti à une année propédeutique. Suite à cela, plusieurs réactions ne se sont pas fait attendre.

La première concernait divers médecins et académiques qui se sont permis de défendre une sélection à l'entrée sans jamais fournir d'arguments scientifiques étayés. Ce premier point est particulièrement questionnant vu l'enseignement que nous recevons en faculté de médecine, mettant en évidence l'importance de baser ses analyses en matière de soins de santé sur des preuves scientifiques (Evidence-Based Medicine). Même si beaucoup des défenseurs de ce système ont des raisons managériales (surpopulation en faculté, réduction des moyens alloués aux Universités, etc.), ce comportement est particulièrement interpellant et, tel qu'avancé dans une récente carte blanche de plusieurs scientifiques, pourrait être assimilé à une sorte de 'démarche scientifique à deux vitesses'.

Impact d'une sélection à l'entrée

Contrairement à ce qui a été avancé récemment, les opposants à l'examen d'entrée ne se basent pas uniquement sur les travaux de Donald Barr (Stanford, USA)(1, 2,) mais bien sur une littérature scientifique fournie et importante, et dans une majorité des cas, relatant l'inefficacité d'un tel système dans la sélection des futurs meilleurs médecins(1). Pire : de récentes études ont à nouveau tiré la sonnette d'alarme concernant l'impact d'une sélection à l'entrée sur les minorités socioculturelles et les étudiants issus de milieux socioéconomiques défavorisés (3, 4).

De telles données, connues de longues dates (5-7), et constamment confirmées, devraient, dans une société qui se veut de plus en plus cosmopolite et multiculturelle, être prises en considération pour développer des politiques progressistes pour les prochaines décennies. Il est affligeant de voir à quel point peu d'acteurs de terrain mettent en exergue l'importance des aptitudes non cognitives et de l'intelligence émotionnelle dans la sélection des futurs médecins. Pourtant, pléthore d'études ont démontré que celles-ci possédaient un pouvoir prédictif bien plus important que les connaissances scientifiques de base (8-10).

Au-delà de la question brûlante du type de sélection qu'il conviendrait d'adopter, une question fondamentale taraude une grande proportion de la population, celle de l'utilité réelle d'une sélection dans un contexte connu de pénuries multiples. Pour rappel, nos politiques estiment mordicus que plus on augmente le nombre de médecins, plus on risque d'augmenter les actes et les coûts en soins de santé. Si la littérature scientifique s'intéressant à ce sujet est légèrement moins fournie que celle sur la sélection à l'entrée, elle n'en demeure pas moins controversée puisqu'une méta-analyse du KCE (le centre fédéral d'expertise des soins de santé) a révélé qu'il n'y avait, à l'heure actuelle, pas de preuve évidente d'un tel lien (11). En regard de cette méta-analyse, il est pour le moins troublant de constater que les politiques continuent à maintenir une sélection drastique aveuglément, balayant d'un revers de la main les preuves scientifiques s'intéressant à la question.

Le principe de la demande induite par l'offre est majoritairement défendu par le Nord du pays, craignant une surconsommation de soins, entre autres, par le Sud. Pourtant, un étude du centre de santé publique de l'UCL a récemment montré qu'au cours des dix prochaines années, à quotas inchangés et malgré la population surnuméraire estudiantine en Fédération

En Wallonie Bruxelles (FWB), seuls 43% des médecins partant à la retraite en FWB seront remplacés contre plus de 100 à 150% des médecins flamands (12). Quel paradoxe de constater le silence des politique du Nord du pays face à de telles données qui, dans leur raisonnement, pourraient mener à une surconsommation des soins secondaires à une surpopulation médicale !

Les limites de la politique

A l'heure où les politiques ont démontré, à maintes reprises, leur mépris pour les preuves scientifiques, leur absence de vision à long terme, et leur désir obsessionnel d'instrumentaliser la santé de nos concitoyens à des fins communautaires, nous sommes en droit de nous poser la question de l'avenir de la recherche scientifique appliquée à la planification de l'offre médicale. Cette affirmation pourra en choquer plus d'un, mais pourquoi continuer à i) étudier la trajectoire des étudiants en médecine selon le type de sélection, ii) à démontrer et redémontrer l'absence de preuve suffisante quant à l'intérêt d'une sélection drastique, si c'est pour n'avoir aucun impact sur les décisions prises pour l'avenir de notre système éducationnel et de santé ?

Aujourd'hui, nos politiques, quelles qu'elles soient, démontrent quotidiennement leurs limites dans la gestion de ce dossier. Balayant d'un revers de la main les considérations scientifiques, elles ne font et ne feront que ce qu'elles veulent et ce, peu importe les preuves évidentes qui suggèrent qu'elles font fausse route. En tant que jeune médecin motivé à s'investir dans la recherche appliquée aux systèmes de soins de santé, pour espérer, un jour, améliorer ceux-ci, je me demande comment peut-on encore donner du sens à un tel domaine de recherche ? Comment peut-on encore croire en un avenir dans ce domaine de recherche?

Alors qu'il n'y a aucune raison à cela, le ministre Marcourt a, quant à lui, sous certaines pressions de partenaires politiques, remis en question son système de filtre au terme de la première pour envisager un concours d'entrée assorti à une année propédeutique. Suite à cela, plusieurs réactions ne se sont pas fait attendre.La première concernait divers médecins et académiques qui se sont permis de défendre une sélection à l'entrée sans jamais fournir d'arguments scientifiques étayés. Ce premier point est particulièrement questionnant vu l'enseignement que nous recevons en faculté de médecine, mettant en évidence l'importance de baser ses analyses en matière de soins de santé sur des preuves scientifiques (Evidence-Based Medicine). Même si beaucoup des défenseurs de ce système ont des raisons managériales (surpopulation en faculté, réduction des moyens alloués aux Universités, etc.), ce comportement est particulièrement interpellant et, tel qu'avancé dans une récente carte blanche de plusieurs scientifiques, pourrait être assimilé à une sorte de 'démarche scientifique à deux vitesses'.Contrairement à ce qui a été avancé récemment, les opposants à l'examen d'entrée ne se basent pas uniquement sur les travaux de Donald Barr (Stanford, USA)(1, 2,) mais bien sur une littérature scientifique fournie et importante, et dans une majorité des cas, relatant l'inefficacité d'un tel système dans la sélection des futurs meilleurs médecins(1). Pire : de récentes études ont à nouveau tiré la sonnette d'alarme concernant l'impact d'une sélection à l'entrée sur les minorités socioculturelles et les étudiants issus de milieux socioéconomiques défavorisés (3, 4).De telles données, connues de longues dates (5-7), et constamment confirmées, devraient, dans une société qui se veut de plus en plus cosmopolite et multiculturelle, être prises en considération pour développer des politiques progressistes pour les prochaines décennies. Il est affligeant de voir à quel point peu d'acteurs de terrain mettent en exergue l'importance des aptitudes non cognitives et de l'intelligence émotionnelle dans la sélection des futurs médecins. Pourtant, pléthore d'études ont démontré que celles-ci possédaient un pouvoir prédictif bien plus important que les connaissances scientifiques de base (8-10).Au-delà de la question brûlante du type de sélection qu'il conviendrait d'adopter, une question fondamentale taraude une grande proportion de la population, celle de l'utilité réelle d'une sélection dans un contexte connu de pénuries multiples. Pour rappel, nos politiques estiment mordicus que plus on augmente le nombre de médecins, plus on risque d'augmenter les actes et les coûts en soins de santé. Si la littérature scientifique s'intéressant à ce sujet est légèrement moins fournie que celle sur la sélection à l'entrée, elle n'en demeure pas moins controversée puisqu'une méta-analyse du KCE (le centre fédéral d'expertise des soins de santé) a révélé qu'il n'y avait, à l'heure actuelle, pas de preuve évidente d'un tel lien (11). En regard de cette méta-analyse, il est pour le moins troublant de constater que les politiques continuent à maintenir une sélection drastique aveuglément, balayant d'un revers de la main les preuves scientifiques s'intéressant à la question.Le principe de la demande induite par l'offre est majoritairement défendu par le Nord du pays, craignant une surconsommation de soins, entre autres, par le Sud. Pourtant, un étude du centre de santé publique de l'UCL a récemment montré qu'au cours des dix prochaines années, à quotas inchangés et malgré la population surnuméraire estudiantine en FédérationEn Wallonie Bruxelles (FWB), seuls 43% des médecins partant à la retraite en FWB seront remplacés contre plus de 100 à 150% des médecins flamands (12). Quel paradoxe de constater le silence des politique du Nord du pays face à de telles données qui, dans leur raisonnement, pourraient mener à une surconsommation des soins secondaires à une surpopulation médicale !A l'heure où les politiques ont démontré, à maintes reprises, leur mépris pour les preuves scientifiques, leur absence de vision à long terme, et leur désir obsessionnel d'instrumentaliser la santé de nos concitoyens à des fins communautaires, nous sommes en droit de nous poser la question de l'avenir de la recherche scientifique appliquée à la planification de l'offre médicale. Cette affirmation pourra en choquer plus d'un, mais pourquoi continuer à i) étudier la trajectoire des étudiants en médecine selon le type de sélection, ii) à démontrer et redémontrer l'absence de preuve suffisante quant à l'intérêt d'une sélection drastique, si c'est pour n'avoir aucun impact sur les décisions prises pour l'avenir de notre système éducationnel et de santé ?Aujourd'hui, nos politiques, quelles qu'elles soient, démontrent quotidiennement leurs limites dans la gestion de ce dossier. Balayant d'un revers de la main les considérations scientifiques, elles ne font et ne feront que ce qu'elles veulent et ce, peu importe les preuves évidentes qui suggèrent qu'elles font fausse route. En tant que jeune médecin motivé à s'investir dans la recherche appliquée aux systèmes de soins de santé, pour espérer, un jour, améliorer ceux-ci, je me demande comment peut-on encore donner du sens à un tel domaine de recherche ? Comment peut-on encore croire en un avenir dans ce domaine de recherche?