Le mouvement généraliste soutient bien sûr l'évolution des soins vers plus de multidisciplinarité et une implication plus grande du malade chronique dans la gestion de sa santé. L'énergie déployée par les bénévoles notamment est formidable, pointe le FAGW. Mais des dangers réels se posent.

Les projets-pilotes entendent développer une approche innovante du malade chronique en incluant plus de prestataires dont les aidants proches et diversifier les actions pour plus d'efficience. "Les projets doivent disposer de l'ensemble de l'enveloppe consacrée à cette maladie chronique, comprenant les médicaments, les prestations, les interventions, le traitement des complications..." La FAGW parle de "petits Inami" sans pourtant que les acteurs de terrain soient rétribués pour développer le modèle, contrairement à l'Allemagne qui prévoit "des millions".

38 questions

Le consortium namurois a donc posé... 38 questions pour le moment sans réponse. "Chacune de ces questions suffirait à ne pas s'engager dans la phase 3."Parmi ces 38 questions, il manque la définition des "partenaires" et la manière dont les MG doivent collaborer. "Qui sont-ils ? Engagent-ils de manière individuelle les prestataires qu'ils représentent ? Quelles sont les exigences en termes de forfaitisation et comment les appliquer ? Les prestataires seront ils contraints de céder des honoraires vers une sorte de 'méga pool'?"

Le FAGW note l'absence de consentement obligatoire du patient lors de son inclusion dans un projet, le fait que les durées des projets (4 ans) sont trop courtes pour engranger des économies en terme de prévention. "La prise en charge précoce d'un syndrome métabolique par exemple, en prévention de sa morbi-mortalité n'aura pas eu le temps d'impacter le coût de la prise en charge des complications cardiovasculaires. De plus dispose-t-on, dans le cadre de ces projets, des outils pour mesurer leurs impacts financiers ? Tiendra-t-on compte par exemple de la diminution des incapacités des travail ?"

Le FAGW note encore la difficulté de définir précisément certains termes comme "insuffisants rénaux" (qu'est-ce qu'un insuffisant rénal, au juste ?).

En outre, le financement prévu est "totalement insuffisant" face à l'ampleur de la tâche. Le bénévolat est "indécent et dangereux" pour des projets aussi ambitieux et chronophages. "Comme l'enveloppe par projet est fermée, les nouvelles actions se feront au moyen d'économies réalisées au dépend de l'existant, puisque les effets vertueux en matière de santé et d'économie ne se feront pas sentir tout de suite, et c'est un euphémisme. Les projets courent donc le risque élevé de ne pas arriver à l'équilibre financier."

Payer de sa poche

En cas de dépassement de l'enveloppe, les médecins risquent de payer de leur poche (page 39 du guide : " le projet récupérera la somme due auprès des acteurs qui se sont engagés dans le processus de paiement groupé").

Face à ces carences de moyens, des conflits d'intérêts apparaîtront inévitablement, croit savoir le FAGW. "Par exemple : tel médicament ou procédure d'angioplastie risque de ne plus être remboursé pour des patients qui perpétuent leur tabagisme afin de pouvoir supporter le nouveau modèle. Aux projets pilotes de faire les choix ? Seront-ils faits le soir autour d'une table par des prestataires bénévoles après une journée de travail ? Mais si leurs rémunérations et leurs patrimoines privés sont mis dans la balance, quel sera le poids de l'éthique et de l'accessibilité aux soins ?"

Si la concertation entre acteurs est une bonne chose, "les prestataires n'ont ni le temps, ni le souhait, ni la capacité de 'jouer à l'Inami ou à la mutuelle'. C'est dangereux pour tout le monde".

Le FAGW craint qu'il y ait un agenda caché : En cas d'échec (prévisible ?), le politique reprend les choses en main et impose ses réformes sur le mode : "puisque vous n'y parvenez pas, alors que vous avez eu votre chance, à nous d'imposer les réformes."

Enfin, les généralistes wallons émettent des doutes sur la capacité à dépasser le stade des projets pilotes, faisant référence au dossier du 1733. "Où sera le curseur en pérennisation d'un modèle fruit du terrain et comportant des avantages pour les patients et l'adaptation de celui-ci en vue de le généraliser ? Comment évitera-t-on une médecine à géométrie trop différente ? Sera-t-il préférable d'habiter à gauche pour un type de pathologie, à droite pour un autre et au sud pour une troisième sphère de maladie chronique ?"

Conclusion : oui à la recherche collégiale, mais il faut se donner les moyens et ne pas placer la barre trop haut en terme d'efficience dans le cadre d'expériences de ce type.

Cercles de Wallonie, soyez donc prudents, avertit le président du FAGW, Guy Delrée.

Le mouvement généraliste soutient bien sûr l'évolution des soins vers plus de multidisciplinarité et une implication plus grande du malade chronique dans la gestion de sa santé. L'énergie déployée par les bénévoles notamment est formidable, pointe le FAGW. Mais des dangers réels se posent.Les projets-pilotes entendent développer une approche innovante du malade chronique en incluant plus de prestataires dont les aidants proches et diversifier les actions pour plus d'efficience. "Les projets doivent disposer de l'ensemble de l'enveloppe consacrée à cette maladie chronique, comprenant les médicaments, les prestations, les interventions, le traitement des complications..." La FAGW parle de "petits Inami" sans pourtant que les acteurs de terrain soient rétribués pour développer le modèle, contrairement à l'Allemagne qui prévoit "des millions".Le consortium namurois a donc posé... 38 questions pour le moment sans réponse. "Chacune de ces questions suffirait à ne pas s'engager dans la phase 3."Parmi ces 38 questions, il manque la définition des "partenaires" et la manière dont les MG doivent collaborer. "Qui sont-ils ? Engagent-ils de manière individuelle les prestataires qu'ils représentent ? Quelles sont les exigences en termes de forfaitisation et comment les appliquer ? Les prestataires seront ils contraints de céder des honoraires vers une sorte de 'méga pool'?"Le FAGW note l'absence de consentement obligatoire du patient lors de son inclusion dans un projet, le fait que les durées des projets (4 ans) sont trop courtes pour engranger des économies en terme de prévention. "La prise en charge précoce d'un syndrome métabolique par exemple, en prévention de sa morbi-mortalité n'aura pas eu le temps d'impacter le coût de la prise en charge des complications cardiovasculaires. De plus dispose-t-on, dans le cadre de ces projets, des outils pour mesurer leurs impacts financiers ? Tiendra-t-on compte par exemple de la diminution des incapacités des travail ?"Le FAGW note encore la difficulté de définir précisément certains termes comme "insuffisants rénaux" (qu'est-ce qu'un insuffisant rénal, au juste ?). En outre, le financement prévu est "totalement insuffisant" face à l'ampleur de la tâche. Le bénévolat est "indécent et dangereux" pour des projets aussi ambitieux et chronophages. "Comme l'enveloppe par projet est fermée, les nouvelles actions se feront au moyen d'économies réalisées au dépend de l'existant, puisque les effets vertueux en matière de santé et d'économie ne se feront pas sentir tout de suite, et c'est un euphémisme. Les projets courent donc le risque élevé de ne pas arriver à l'équilibre financier." En cas de dépassement de l'enveloppe, les médecins risquent de payer de leur poche (page 39 du guide : " le projet récupérera la somme due auprès des acteurs qui se sont engagés dans le processus de paiement groupé").Face à ces carences de moyens, des conflits d'intérêts apparaîtront inévitablement, croit savoir le FAGW. "Par exemple : tel médicament ou procédure d'angioplastie risque de ne plus être remboursé pour des patients qui perpétuent leur tabagisme afin de pouvoir supporter le nouveau modèle. Aux projets pilotes de faire les choix ? Seront-ils faits le soir autour d'une table par des prestataires bénévoles après une journée de travail ? Mais si leurs rémunérations et leurs patrimoines privés sont mis dans la balance, quel sera le poids de l'éthique et de l'accessibilité aux soins ?" Si la concertation entre acteurs est une bonne chose, "les prestataires n'ont ni le temps, ni le souhait, ni la capacité de 'jouer à l'Inami ou à la mutuelle'. C'est dangereux pour tout le monde". Le FAGW craint qu'il y ait un agenda caché : En cas d'échec (prévisible ?), le politique reprend les choses en main et impose ses réformes sur le mode : "puisque vous n'y parvenez pas, alors que vous avez eu votre chance, à nous d'imposer les réformes." Enfin, les généralistes wallons émettent des doutes sur la capacité à dépasser le stade des projets pilotes, faisant référence au dossier du 1733. "Où sera le curseur en pérennisation d'un modèle fruit du terrain et comportant des avantages pour les patients et l'adaptation de celui-ci en vue de le généraliser ? Comment évitera-t-on une médecine à géométrie trop différente ? Sera-t-il préférable d'habiter à gauche pour un type de pathologie, à droite pour un autre et au sud pour une troisième sphère de maladie chronique ?" Conclusion : oui à la recherche collégiale, mais il faut se donner les moyens et ne pas placer la barre trop haut en terme d'efficience dans le cadre d'expériences de ce type. Cercles de Wallonie, soyez donc prudents, avertit le président du FAGW, Guy Delrée.