Salle comble samedi passé pour le GBS qui organisait une matinée consacrée à la préparation de la retraite. La réforme des pensions, lancée par Daniel Bacquelaine, suscite de nombreuses interrogations et offre aux médecins la possibilité de ne plus compter leurs heures de travail après la pension.
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En ouverture du colloque, le Dr Jean-Luc Demeere a pointé les défis que devront relever les futurs pensionnés: comment vais-je vivre avec des revenus réduits, vais-je continuer à travailler, que puis-je faire en tant que pensionné, combien d'heures de travail puis-je prester... ? "Travailler en tant que médecin est également quelque chose de particulier. Nous avons une responsabilité professionnelle qui doit encore être couverte 20 ans après la fin de notre carrière. Cette longue couverture pose problème, commente le président du GBS. Par ailleurs, je m'étonne du nombre de médecins - entre autres dans mon hôpital - qui veulent continuer à travailler après 65 ans. Ils ont une belle carrière derrière eux et peuvent enfin se reposer... mais ils préfèrent continuer. Ils semblent tristes de devoir tout de même arrêter à 67 ans. Est-ce nécessaire ? A cet âge-là, il ne faut souvent plus payer les études des enfants. Pourquoi ces confrères travaillent-ils encore? Peut-être parce qu'ils ne savent pas ce qu'ils feraient d'autres..." Jean-Luc Demeere remarque d'ailleurs que l'on retrouve rarement des médecins dans des associations de pensionnés. Quelles activités pratiquent-ils? Ont-ils une vie sociale?Le président du GBS a attiré l'attention de ces confrères sur les questions qu'ils doivent se poser avant de vouloir travailler durant la pension : quels revenus puis-je atteindre, que faire de ma société et comment gérer le bonus de liquidation? "La plupart des médecins se retrouve dans une zone extrêmement floue. Ils ne savent pas ce qu'ils peuvent faire et comment ils le peuvent." Jean-Luc Demeere rappelle que les médecins pensionnés qui continuent de pratiquer doivent tenir un dossier médical et archiver les informations des patients, même en dehors de l'hôpital. "Ils doivent également savoir ce que couvre encore leur assurance professionnelle civile et durant quelle période après la fin de carrière." Outre l'assurance professionnelle, la question se pose de savoir qui paiera les autres assurances (voiture, habitation, assurance hospitalisation...). Vont-elles être payées à titre privée ou non? Le médecin pensionné doit également se renseigner sur son statut auprès de l'Inami, son accréditation minimale (quel seuil d'activité ?) et son statut social. La révision de l'article 78 - qui définit les rôles de professions de santé - risque également d'influencer à l'avenir la répartition des tâches entre les prestataires de soins. Les médecins pensionnés devront également s'adapter à cette évolution. "L'Etat est un très mauvais banquier. Si nous pouvions placer nous-mêmes l'argent que nous lui donnons, je suis persuadé que notre pension serait beaucoup plus élevée que celle que nous recevrons", estime le Dr Jean Vanderick. Le chef de clinique de radiothérapie au CHU de Liège a apporté durant le colloque son éclairage sur le 1er pilier de pension. "Pour rappel, la pension vous est "donnée" mais en réalité vous l'avez payée intégralement. Vous ne faites que recevoir ce que vous avez prêté à l'Etat durant toute votre vie professionnelle."Le Dr Vanderick souligne que le gouvernement Michel a décidé d'harmoniser les pensions entre les indépendants, les salariés et les fonctionnaires. "Cela ne veut pas dire que les indépendants vont bénéficier de la même pension que les fonctionnaires", souligne le praticien, lui-même fonctionnaire au CHU de Liège. Et de rappeler qu'en 2013 la pension mensuelle moyenne (montants nets en euros) s'élevait à 1.473 euros pour un salarié (homme), 840 euros pour un indépendant et 2.454 pour un fonctionnaire. La pension d'une femme est généralement moins élevée. A titre indicatif, la pension brute minimale en Belgique s'élevait avant la dernière indexation (chiffres 01/2016) pour le taux isolé à 1.146 euros pour les salariés, 1.237 euros pour les fonctionnaires et 1.168 euros pour les indépendants. Pour obtenir la pension minimale, il faut prouver 2/3 d'une carrière complète. "45% des femmes et 6% des hommes se voient refuser cette indemnité parce que leur carrière est insuffisante. Cette différence s'explique par les interruptions de carrière prises par les mères pour s'occuper des enfants", commente le Dr Vanderick. Selon l'Institut national de statistiques, le nombre de personnes âgées va croître sensiblement entre 2000 et 2050 : principalement dans les tranches d'âges 70-79 ans (de 8,21% à 10,44%), 80-89 ans (3,9% à 7,90%), 90-99 ans (0,57% à 2,39%) et 100 ans et plus (0,01% à 0,08%). En raison de cette évolution démographique, l'Etat a décidé d'augmenter et de limiter la part des dépenses nationales consacrées aux pensions. Elles passeront de 9,9% du PIB actuellement à 14,5% du PIB en 2060. Depuis le 1er janvier 2015, le maximum de 45 années (nécessaires pour avoir une carrière complète) a été remplacé par 14.040 jours équivalents temps plein ETP (45 ans de carrière x 312 jours par an).L'âge de la pension a été relevée à 66 ans pour les personnes nées en 1960 entre 1963) et à 67 ans pour les personnes nées après le 1er janvier 1964. "La ministre Bacquelaine a annoncé que ceux qui partiront plus tardivement à la pension (à partir de février 2025) bénéficieront d'une pension plus élevée parce qu'elle sera toujours calculée en 45ème. Comme le numérateur augmente, les pensions devraient être plus élevées. Ce qu'il n'a pas dit c'est que le travailleur continuera à payer des cotisations sociales durant une ou deux années en plus." L'Etat devrait dès lors s'y retrouver.