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Le prix récompensant le médicament le plus innovant a été décerné ce mardi soir au Trodelvy®, une spécialité pharmaceutique de Gilead destinée au traitement du cancer du sein triple négatif inopérable ou métastasé - une distinction amplement méritée, puisque cette molécule cible des tumeurs agressives caractérisées par une progression rapide, un pronostic extrêmement défavorable et un manque criant d'options thérapeutiques adéquates.Plusieurs nouveaux médicaments ciblés ont été développés dans ce domaine au cours des dernières années, mais ils ne peuvent malheureusement être administrés qu'à un nombre limité de patientes - celles dont la tumeur exprime la protéine PD-(L)1 ou qui sont porteuses d'une mutation BRCA 1/2. Pour les autres, il n'y avait jusqu'ici guère que les traitements de chimiothérapie, caractérisés par une efficacité et une applicabilité limitées, un faible taux de réponse, de graves effets secondaires et un impact néfaste sur la qualité de vie.Le Trodelvy® repose sur l'ingénieux mécanisme du conjugué anticorps-médicament: son principe actif se compose d'un anticorps monoclonal auquel est couplé une petite molécule baptisée SN-38. L'anticorps monoclonal va transporter cette dernière vers la tumeur grâce à sa liaison sélective à Trop-2, une protéine présente à la surface des cellules des tumeurs mammaires. Une fois dans la cellule, SN-38 y bloque l'enzyme topo-isomérase I, qui est impliquée dans la réplication de l'ADN. Les cellules cancéreuses deviennent donc incapables de se reproduire et finissent par disparaître.Dans le cadre de l'essai de phase 3 ASCENT, le Trodelvy® a été étudié chez des patientes atteintes d'un cancer du sein triple négatif métastasé à un stade avancé. Il a permis d'obtenir une amélioration statistiquement significative et cliniquement pertinente de la survie globale, de la survie sans progression et de la qualité de vie liée à la santé en comparaison avec la chimiothérapie. À titre d'exemple, la survie globale s'élevait à 11,8 mois dans le groupe traité par Trodelvy® contre 6,9 mois sous chimiothérapie. Le nombre d'effets secondaires (graves) était comparable dans les deux groupes, mais les patientes sous Trodelvy® étaient moins nombreuses à interrompre la prise en raison d'effets secondaires liés au traitement.Les cliniciens belges s'attendent à ce que le Trodelvy® se solde par une augmentation du nombre de patientes candidates à un traitement actif supplémentaire. La nouvelle spécialité a été reprise dans les directives de l'ESMO avant même son approbation par l'EMA.Boston Scientific a été récompensé pour son dispositif Farapulse, destiné au traitement de la fibrillation atriale. Ce nouveau venu pourrait bien venir remettre en question la suprématie de l'ablation thermique, l'actuel étalon-or du traitement de la FA résistante au traitement médicamenteux. Dans le cadre de cette dernière, on isole généralement l'embouchure des veines pulmonaires par une "brûlure" temps-dépendante... mais cette approche peut malheureusement déboucher sur de graves complications. Il existe ainsi par exemple un risque d'oedème, d'hémorragie intramurale ou de dommages microvasculaires sur le court terme, mais aussi à plus longue échéance un risque de fibrose débouchant sur des anomalies de la fonction atriale.Farapulse traite la FA par ablation en champ pulsé, en provoquant la formation de pores irréversibles dans la membrane cellulaire pour désactiver le tissu cardiaque. Contrairement aux méthodes thermiques classiques, Farapulse agit sur les tissus de façon sélective, ce qui permet d'éviter le risque de complications lié aux dommages collatéraux. L'ablation en champ pulsé ne prend en outre que quelques secondes, ce qui abaisse considérablement le temps d'intervention en comparaison avec les procédures thermiques temps-dépendantes.La troisième et dernière lauréate du Prix Galien est la chercheuse Ana Beloqui (UCLouvain), récompensée pour ses travaux sur l'administration de peptides par voie buccale. Au départ du constat que de nombreuses maladies chroniques impliquent l'injection quotidienne de médicaments faute d'alternatives non invasives, Ana Beloqui a eu l'idée de s'intéresser au développement de nanotransporteurs lipidiques capables de faire traverser la barrière intestinale à un peptide thérapeutique. Le potentiel des nanoparticules pour véhiculer des médicaments a déjà donné lieu à de nombreuses recherches... mais celles d'Ana Beloqui ont cela de particulier qu'elles démontrent que ces nanoparticules peuvent aussi jouer elles-mêmes un rôle actif dans le traitement des maladies. Elle a ainsi prouvé qu'elles peuvent stimuler la sécrétion de peptides comme GLP-1 et GLP-2 et possèdent donc un double effet, puisqu'elles délivrent des peptides exogènes tout en accroissant également la production endogène de ces substances.