Dans l'édition du 20 janvier 2017, le journal du Médecin mentionnait le questionnement des médecins généralistes sur l'apport de la prescription électronique. "Qu'apporte une marche forcée vers la prescription électronique ?", s'interrogeait la Société scientifique de médecine générale (SSMG). Pour rappel, dès le 1er janvier 2018, seule la prescription électronique sera valable pour se faire délivrer des médicaments en pharmacie (sauf en cas d'urgence où la prescription papier restera possible).

Un coût pour le médecin

Le ministre Prévot s'est vu questionné deux fois sur le sujet la semaine dernière. Pas tant sur les ratages du système, mais plutôt sur l'exclusion des médecins généralistes les plus âgés, et sur le coût que représente l'information de la profession.

"Le matériel informatique médical, ses logiciels et périphériques nécessaires à la mise en place de la prescription électronique se chiffrent environ à 5 000 euros", détaille le député MR Nicolas Tzanétatos. "Il faut également, quand le médecin généraliste est en visite, être certain qu'il y ait le wifi ou une couverture 4G."

Un incitant à jeter l'éponge ?

Le député MR soulève un autre lièvre : l'âge des médecins. "Je m'inquiète pour certains médecins généralistes plus âgés et qui ne sont pas familiers du tout avec l'informatique et les nouvelles technologies pour qui le passage obligé à la prescription électronique risque de les inciter à mettre fin prématurément à leur profession alors même qu'il existe une pénurie de médecins généralistes dans certaines régions de Wallonie."

"Un médecin généraliste sur quatre ne prescrit toujours pas électroniquement", ajoute, dans le même sens, Alain Onkelinx, député PS. "Par conséquent, il semble que ce passage obligé à la prescription électronique risque de voir certains médecins âgés mettre un terme à leur profession, ne sachant pas ou ne voulant pas s'adapter aux nouvelles technologies. Ainsi, alors que la pénurie de médecins généralistes a déjà fait débat, en 2020, il ne restera que 20 % de ceux-ci."

La Wallonie, concernée ou pas ?

"La prescription est une matière fédéral", répond Maxime Prévot. "Le Réseau Santé Wallon n'est pas non plus directement impliqué dans le projet de prescription électronique qui est géré au niveau fédéral par l'ASBL Recip-e."

Par contre, le plan e-santé approuvé par la Conférence interministérielle de la Santé prévoit l'organisation de formations des professionnels de la santé en vue de l'usage de l'eSanté. L'Inami, à hauteur de 210.000 euros, et la Région wallonne, pour 302.000 euros, ont cofinancé le projet e-santé Wallonie qui organise ces formations pour 2016. Le projet est reconduit en 2017 sur base des mêmes montants.

Des chiffres sur les formations

Déjà annoncés, le ministre a détaillé les chiffres du nombre de participants aux formations pour 2016. Ainsi, 1.399 médecins généralistes ont suivi des formations assurant ainsi 2.386 présences aux différents niveaux. 30 % appartiennent à la tranche d'âge des 60 ans et plus, et quasi le même pourcentage pour les 50 à 59 ans.

Répartition par niveaux de formation:

  • niveau 0 : 154, dont 137 médecins généralistes (initiative de la FAGC à Charleroi);
  • niveau 1 : 1 535, dont 541 médecins généralistes ;
  • niveau 2 : 907, dont 575 médecins généralistes ;
  • niveau 3 : 802, dont 585 médecins généralistes.

"La prescription électronique est au programme des formations de niveau 2 et de niveau 3", précise le ministre. "On peut donc considérer qu'entre un tiers et la moitié des médecins généralistes wallons ont reçu la formation pour pouvoir prescrire électroniquement."

"Le risque existe"

Outre la difficulté intrinsèque de s'informatiser et la pression qui en découle, Maxime Prévot indique trois problèmes techniques qui ne poussent pas les généralistes seniors à croire en la prescription électronique : il y a peu de logiciels utilisés par les médecins, a contrario des logiciels utilisés par les pharmaciens, et enfin, le système et le serveur Recip-e ne s'avère pas encore "mûrs".

Ces problèmes en tête, la date d'application de la prescription électronique (1er janvier 2018) pose problème au ministre. "À la lumière des constats évoqués, il me semble qu'une certaine tolérance dans les délais d'application devrait être envisagée quant à ces aspects du plan e-santé, le temps de régler ces problèmes techniques et d'élargir et d'approfondir la formation des professionnels de la santé. Je plaiderai en ce sens lors des concertations avec mes collègues du Fédéral et des autres entités fédérées."

Dans l'édition du 20 janvier 2017, le journal du Médecin mentionnait le questionnement des médecins généralistes sur l'apport de la prescription électronique. "Qu'apporte une marche forcée vers la prescription électronique ?", s'interrogeait la Société scientifique de médecine générale (SSMG). Pour rappel, dès le 1er janvier 2018, seule la prescription électronique sera valable pour se faire délivrer des médicaments en pharmacie (sauf en cas d'urgence où la prescription papier restera possible).Le ministre Prévot s'est vu questionné deux fois sur le sujet la semaine dernière. Pas tant sur les ratages du système, mais plutôt sur l'exclusion des médecins généralistes les plus âgés, et sur le coût que représente l'information de la profession. "Le matériel informatique médical, ses logiciels et périphériques nécessaires à la mise en place de la prescription électronique se chiffrent environ à 5 000 euros", détaille le député MR Nicolas Tzanétatos. "Il faut également, quand le médecin généraliste est en visite, être certain qu'il y ait le wifi ou une couverture 4G."Le député MR soulève un autre lièvre : l'âge des médecins. "Je m'inquiète pour certains médecins généralistes plus âgés et qui ne sont pas familiers du tout avec l'informatique et les nouvelles technologies pour qui le passage obligé à la prescription électronique risque de les inciter à mettre fin prématurément à leur profession alors même qu'il existe une pénurie de médecins généralistes dans certaines régions de Wallonie.""Un médecin généraliste sur quatre ne prescrit toujours pas électroniquement", ajoute, dans le même sens, Alain Onkelinx, député PS. "Par conséquent, il semble que ce passage obligé à la prescription électronique risque de voir certains médecins âgés mettre un terme à leur profession, ne sachant pas ou ne voulant pas s'adapter aux nouvelles technologies. Ainsi, alors que la pénurie de médecins généralistes a déjà fait débat, en 2020, il ne restera que 20 % de ceux-ci.""La prescription est une matière fédéral", répond Maxime Prévot. "Le Réseau Santé Wallon n'est pas non plus directement impliqué dans le projet de prescription électronique qui est géré au niveau fédéral par l'ASBL Recip-e."Par contre, le plan e-santé approuvé par la Conférence interministérielle de la Santé prévoit l'organisation de formations des professionnels de la santé en vue de l'usage de l'eSanté. L'Inami, à hauteur de 210.000 euros, et la Région wallonne, pour 302.000 euros, ont cofinancé le projet e-santé Wallonie qui organise ces formations pour 2016. Le projet est reconduit en 2017 sur base des mêmes montants.Déjà annoncés, le ministre a détaillé les chiffres du nombre de participants aux formations pour 2016. Ainsi, 1.399 médecins généralistes ont suivi des formations assurant ainsi 2.386 présences aux différents niveaux. 30 % appartiennent à la tranche d'âge des 60 ans et plus, et quasi le même pourcentage pour les 50 à 59 ans."La prescription électronique est au programme des formations de niveau 2 et de niveau 3", précise le ministre. "On peut donc considérer qu'entre un tiers et la moitié des médecins généralistes wallons ont reçu la formation pour pouvoir prescrire électroniquement." Outre la difficulté intrinsèque de s'informatiser et la pression qui en découle, Maxime Prévot indique trois problèmes techniques qui ne poussent pas les généralistes seniors à croire en la prescription électronique : il y a peu de logiciels utilisés par les médecins, a contrario des logiciels utilisés par les pharmaciens, et enfin, le système et le serveur Recip-e ne s'avère pas encore "mûrs".Ces problèmes en tête, la date d'application de la prescription électronique (1er janvier 2018) pose problème au ministre. "À la lumière des constats évoqués, il me semble qu'une certaine tolérance dans les délais d'application devrait être envisagée quant à ces aspects du plan e-santé, le temps de régler ces problèmes techniques et d'élargir et d'approfondir la formation des professionnels de la santé. Je plaiderai en ce sens lors des concertations avec mes collègues du Fédéral et des autres entités fédérées."