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La Commission européenne va renouveler l'autorisation du glyphosate pour une période de dix ans supplémentaires. Comme ce fut déjà le cas lors d'un premier vote mi-octobre, les Etats membres ne sont pas parvenus à atteindre la majorité qualifiée nécessaire pour valider ou rejeter le texte - soit 15 Etats sur 27, représentant au moins 65% de la population européenne. Divisée sur la question, la Belgique s'est abstenue lors du vote.À cette occasion, près de 300 scientifiques belges et néerlandais ont rappelé mercredi à leurs gouvernements, qui se sont abstenus lors du dernier vote, que rien "ne permet pas de conclure que le glyphosate est sans danger".En septembre dernier, la Commission a proposé de renouveler pour dix ans l'autorisation du glyphosate, substance active d'herbicides controversés pour leurs potentiels effets cancérigènes. L'institution se base sur un rapport d'un régulateur européen estimant que le niveau de risque ne justifiait pas d'interdire l'herbicide. En juillet, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait indiqué n'avoir pas identifié de "domaine de préoccupation critique" chez les humains, les animaux et l'environnement susceptible d'empêcher l'autorisation de l'herbicide, tout en reconnaissant un manque de données.Les 291 signataires estiment que "les recherches indépendantes et récentes ne sont actuellement pas sérieusement prises en compte dans l'évaluation des risques du glyphosate et d'autres produits chimiques". Ils dénoncent le fait qu'actuellement, ce sont principalement des études de l'industrie que retient l'Agence européenne de sécurité des aliments (EFSA).Selon les scientifiques signataires, le cadre d'évaluation de l'EFSA est "obsolète" et ne tient, par exemple, compte que des effets visibles sur la locomotion ou le comportement des animaux de laboratoires, alors que "ces effets visibles n'apparaissent que tardivement, lorsque le cerveau a déjà subi des dommages importants".Dans leur lettre, les scientifiques pointent également la présence de glyphosate dans les poussières, et non seulement dans l'eau et l'alimentation, comme étudiés par l'EFSA. "Les preuves alarmantes de l'existence d'un lien entre l'utilisation du glyphosate et la santé pulmonaire et intestinale, ainsi que les changements de comportement, n'ont pas non plus été suffisamment étudiées", dénoncent-ils.Il est nécessaire de "donner à la science indépendante un rôle central dans cette décision", concluent-ils, appelant en outre à de meilleurs cadres d'évaluation pour les pesticides.BELGA