Le nombre moyen de soins reportés parmi les "reportants" est de 2,69 en 2023. Il faut remonter à 2016 pour connaître un chiffre aussi bas. Malgré tout, la moyenne de soins reportés pour la population totale est à 1,18 en 2023. Cela constitue une légère hausse par rapport à l'année précédente, bien que cela reste globalement inférieur au pic de 2019.

Les soins dentaires restent encore et toujours la prestation connaissant les taux de renoncement les plus élevés, avec une personne sondée sur quatre déclarant avoir dû y renoncer en 2023. Inversement, les médecins généralistes représentent la prestation de santé ayant les plus faibles taux de renoncement.

Par rapport à 2015, il y a une hausse de report de soins pour chacune des prestations de santé analysées. Cela concerne particulièrement l'accès à la médecine spécialisée (+9%), aux médicaments (+7%) et aux soins ophtalmologiques (+6%).

Des inégalités de genre

Les inégalités de santé liées au genre ne sont plus à prouver. Depuis 2015, il y a une constante: les femmes renoncent davantage aux soins que les hommes. En 2023, le renoncement à au moins un soin concerne une femme sur deux (50%), pour un peu plus d'un homme sur trois (38%).

De la même manière, si l'Institut Solidaris constate une hausse globale du renoncement aux soins, celle-ci est davantage marquée chez les femmes (+14% depuis 2015) que chez les hommes (+11%). Il y a constamment davantage de femmes qui renoncent aux soins dentaires, ophtalmologiques, psychologiques, spécialisés, ainsi qu'aux médicaments. Seul le renoncement aux visites chez le généraliste concerne davantage les hommes.

L'Institut Solidaris avance plusieurs hypothèses pour expliquer cet état de fait. D'abord, les femmes disposeraient de moins de ressources financières, ce qui les contraindrait à renoncer davantage à certains soins. Ensuite, une explication "biologique": partant du fait que la surmorbidité féminine est plus élevée, les femmes seraient confrontées à des besoins en santé plus importants et donc des dépenses plus conséquentes. "Ce déterminant biologique doit cependant être tempéré par le fait qu'il s'agit de surmorbidité féminine déclarée, que celle-ci s'exprime essentiellement par des troubles mineurs sous des formes psychologiques ou somatiques, et pose davantage la question des causes sociales qui amènent les femmes à signaler plus souvent de tels problèmes de santé et à recourir plus souvent à des soins de santé."

Toutes les prestations de santé rencontrent une hausse du renoncement depuis 2015. Les plus fortes évolutions se situent au niveau des spécialistes (+9% par rapport à 2015) et des médicaments (+7%).

Une question d'âge

Le renoncement varie également en fonction de l'âge: il connaît une forte augmentation à partir de 45 ans, puis est relativement stable jusqu'à 60 ans. Il chute subitement vers 60 ans, âge à partir duquel s'amorce une diminution progressive du renoncement jusqu'à 80 ans et plus. Les 40-59 ans sont, depuis 2017, la catégorie la plus touchée par le renoncement aux soins.

L'étude longitudinale - cela fait neuf ans maintenant que l'Institut Solidaris mène la même enquête chaque année - laisse apparaître des résultats contrastés pour les différentes catégories d'âges. Les moins de 40 ans constituent la catégorie d'âge subissant les plus faibles augmentations, voire une régression du renoncement concernant le généraliste (-4%) et le dentiste (-2%). À l'inverse, les plus de 60 ans paient le prix fort, avec des hausses sensibles du renoncement notamment pour les soins liés aux spécialistes (+14%) et à l'optique (+13%), ainsi que les médicaments (+13%) et le dentiste (+9%). Entre les deux, les 40-59 ans connaissent également une nette hausse du renoncement pour tous les soins, certes moins marquée en comparaison aux plus de 60 ans, mais en partant d'un taux de renoncement par type de soins notablement plus élevé relativement aux deux autres catégories d'âge.

Capital économique et culturel

C'est presque une lapalissade: le capital économique et culturel que nous possédons affecte notre rapport à la santé et aux soins de santé et détermine de facto notre état de santé. Plus une personne bénéficie d'un revenu élevé, et plus elle est diplômée, plus le taux de renoncement à un soin pour des raisons financières est faible.

L'étude menée par l'Institut Solidaris vient simplement appuyer ce constat. Plus on descend dans la stratification sociale, plus la variation de l'évolution du renoncement est importante: le groupe social (GS) le plus précaire connaît une évolution du renoncement quatre fois supérieure à celle du groupe social des plus favorisés (20% pour les GS7-8 - les moins favorisés -, contre 5% pour les GS1-2 - les plus "nantis").

La situation des plus précaires (GS7-8) se détériore d'ailleurs de manière préoccupante avec une hausse de 13% par rapport à 2022. Avec 62% de personnes déclarant avoir dû renoncer à au moins une prestation de santé pour des raisons financières, les GS7-8 établissent, en 2023, un triste record dans l'analyse longitudinale du renoncement à au moins un soin. Cela ne représente pas moins du double de la part du renoncement des GS1-2 qui reste, elle aussi, élevée (31%).

À noter les écarts importants qui peuvent exister dans l'accès à certaines prestations: les plus favorisés sont seulement 6% à renoncer aux soins de médecine générale, contre 18% - trois fois plus - chez les plus précaires. Le constat pour le renoncement aux médicaments est pire: 10% chez les plus favorisés, contre 35% chez les moins favorisés.

Le rôle de la famille

Dernière thématique étudiée: la situation familiale en tant que déterminant de la santé. "Partager notre vie avec quelqu'un influence positivement notre état de santé et notre espérance de vie", expliquent les chercheurs de l'Institut Solidaris. "En Belgique, les personnes isolées ou les familles monoparentales représentent un ménage sur quatre. Et, dans 80% des cas, ce sont les femmes qui assument la charge effective et permanente des enfants au sein des familles monoparentales. Selon une étude menée à l'échelle européenne, le risque de pauvreté en Belgique est nettement plus élevé pour les familles monoparentales par rapport aux autres structures familiales. Par ailleurs, toutes les études menées par Solidaris ne cessent de montrer que les familles monoparentales sont de loin les plus précarisées."

L'analyse du renoncement financier à des soins de santé en 2023 ne déroge pas à la règle. Sans surprise, les personnes isolées renoncent davantage aux soins que les personnes en couple, a fortiori si elles ont un enfant à charge. Alors que les premières ont un taux de renoncement supérieur à 50%, les secondes se situent en deçà des 40%.

L'analyse longitudinale du renoncement met en lumière les disparités entre structures familiales. Seuls les couples avec enfant(s) rencontrent une baisse du renoncement (-6%) entre 2022 et 2023. Les isolés sans enfant atteignent, en 2023, leur pic de renoncement avec 54%. À la suite d'une sensible hausse (13%) par rapport à 2022, les familles monoparentales connaissent un score particulièrement élevé cette année, avec pas loin de sept personnes sur dix déclarant avoir dû renoncer à au moins un soin cette année. Cela représente un peu plus du double du renoncement des couples sans enfant et un peu moins du double relativement à son pendant (couple avec enfant(s) dont le renoncement est à 39%).

Quatre axes de recommandations

L'Institut Solidaris ne se contente pas de tirer la sonnette d'alarme. Il préconise une batterie de mesures pour "garantir une accessibilité financière aux soins de santé pour tous".

Axe 1: lever tous les obstacles financiers aux soins de base en première ligne.

Derrière ces grands mots, il y a deux recommandations. Premièrement, rembourser totalement les consultations en médecine générale et les visites à domicile (pour les plus de 75 ans), et les soins bucco-dentaires de base pour les patients ayant un DMG. Deuxièmement, instaurer le tiers payant obligatoire généralisé à tous les patients et tous les soins de santé ambulatoires (médecins, dentistes, kinés, logopèdes, infirmiers).

Axe 2: renforcer la protection financière des publics précarisés et plus vulnérables sur le plan de la santé.

Pour ce faire, Solidaris plaide pour automatiser l'octroi du statut BIM (en majorant de 10% les revenus plafonds pour bénéficier du statut). La mutualité socialiste désire également élargir l'interdiction des suppléments d'honoraires pour les BIM aux soins hospitaliers.

À côté, Solidaris veut, pêle-mêle, réduire les montants des tickets modérateurs, renforcer le mécanisme du maximum à facturer pour les malades chroniques et les patients souffrant de problèmes de santé mentale et développer davantage de maisons médicales au forfait.

Axe 3: augmenter le remboursement des soins insuffisamment couverts par l'assurance maladie.

Pour cela, Solidaris plaide, entre autres, pour élargir les soins de santé mentale (accès aux psychologues de première ligne pour les moins de 23 ans), le remboursement des lunettes, des appareils auditifs et certains soins dentaires en abaissant les seuils et en supprimant progressivement les limites d'âge pour les soins bucco-dentaires à partir desquels l'assurance maladie intervient.

Axe 4: Une protection renforcée contre les suppléments d'honoraires.

Solidaris propose diverses interventions au niveau des suppléments d'honoraires. Le plus original: instaurer un "bouclier tarifaire" plafonnant les suppléments d'honoraires pour les soins ambulatoires lorsque le taux de conventionnement est trop faible au niveau local ou national.

Autre idée originale: réguler la pratique privée et imposer un niveau d'activité minimum par médecin hospitalier sans supplément d'honoraires. Parallèlement, il faudra mieux financer la permanence et les gardes à l'hôpital.

Le nombre moyen de soins reportés parmi les "reportants" est de 2,69 en 2023. Il faut remonter à 2016 pour connaître un chiffre aussi bas. Malgré tout, la moyenne de soins reportés pour la population totale est à 1,18 en 2023. Cela constitue une légère hausse par rapport à l'année précédente, bien que cela reste globalement inférieur au pic de 2019. Les soins dentaires restent encore et toujours la prestation connaissant les taux de renoncement les plus élevés, avec une personne sondée sur quatre déclarant avoir dû y renoncer en 2023. Inversement, les médecins généralistes représentent la prestation de santé ayant les plus faibles taux de renoncement. Par rapport à 2015, il y a une hausse de report de soins pour chacune des prestations de santé analysées. Cela concerne particulièrement l'accès à la médecine spécialisée (+9%), aux médicaments (+7%) et aux soins ophtalmologiques (+6%). Les inégalités de santé liées au genre ne sont plus à prouver. Depuis 2015, il y a une constante: les femmes renoncent davantage aux soins que les hommes. En 2023, le renoncement à au moins un soin concerne une femme sur deux (50%), pour un peu plus d'un homme sur trois (38%). De la même manière, si l'Institut Solidaris constate une hausse globale du renoncement aux soins, celle-ci est davantage marquée chez les femmes (+14% depuis 2015) que chez les hommes (+11%). Il y a constamment davantage de femmes qui renoncent aux soins dentaires, ophtalmologiques, psychologiques, spécialisés, ainsi qu'aux médicaments. Seul le renoncement aux visites chez le généraliste concerne davantage les hommes. L'Institut Solidaris avance plusieurs hypothèses pour expliquer cet état de fait. D'abord, les femmes disposeraient de moins de ressources financières, ce qui les contraindrait à renoncer davantage à certains soins. Ensuite, une explication "biologique": partant du fait que la surmorbidité féminine est plus élevée, les femmes seraient confrontées à des besoins en santé plus importants et donc des dépenses plus conséquentes. "Ce déterminant biologique doit cependant être tempéré par le fait qu'il s'agit de surmorbidité féminine déclarée, que celle-ci s'exprime essentiellement par des troubles mineurs sous des formes psychologiques ou somatiques, et pose davantage la question des causes sociales qui amènent les femmes à signaler plus souvent de tels problèmes de santé et à recourir plus souvent à des soins de santé."Le renoncement varie également en fonction de l'âge: il connaît une forte augmentation à partir de 45 ans, puis est relativement stable jusqu'à 60 ans. Il chute subitement vers 60 ans, âge à partir duquel s'amorce une diminution progressive du renoncement jusqu'à 80 ans et plus. Les 40-59 ans sont, depuis 2017, la catégorie la plus touchée par le renoncement aux soins. L'étude longitudinale - cela fait neuf ans maintenant que l'Institut Solidaris mène la même enquête chaque année - laisse apparaître des résultats contrastés pour les différentes catégories d'âges. Les moins de 40 ans constituent la catégorie d'âge subissant les plus faibles augmentations, voire une régression du renoncement concernant le généraliste (-4%) et le dentiste (-2%). À l'inverse, les plus de 60 ans paient le prix fort, avec des hausses sensibles du renoncement notamment pour les soins liés aux spécialistes (+14%) et à l'optique (+13%), ainsi que les médicaments (+13%) et le dentiste (+9%). Entre les deux, les 40-59 ans connaissent également une nette hausse du renoncement pour tous les soins, certes moins marquée en comparaison aux plus de 60 ans, mais en partant d'un taux de renoncement par type de soins notablement plus élevé relativement aux deux autres catégories d'âge. C'est presque une lapalissade: le capital économique et culturel que nous possédons affecte notre rapport à la santé et aux soins de santé et détermine de facto notre état de santé. Plus une personne bénéficie d'un revenu élevé, et plus elle est diplômée, plus le taux de renoncement à un soin pour des raisons financières est faible. L'étude menée par l'Institut Solidaris vient simplement appuyer ce constat. Plus on descend dans la stratification sociale, plus la variation de l'évolution du renoncement est importante: le groupe social (GS) le plus précaire connaît une évolution du renoncement quatre fois supérieure à celle du groupe social des plus favorisés (20% pour les GS7-8 - les moins favorisés -, contre 5% pour les GS1-2 - les plus "nantis"). La situation des plus précaires (GS7-8) se détériore d'ailleurs de manière préoccupante avec une hausse de 13% par rapport à 2022. Avec 62% de personnes déclarant avoir dû renoncer à au moins une prestation de santé pour des raisons financières, les GS7-8 établissent, en 2023, un triste record dans l'analyse longitudinale du renoncement à au moins un soin. Cela ne représente pas moins du double de la part du renoncement des GS1-2 qui reste, elle aussi, élevée (31%). À noter les écarts importants qui peuvent exister dans l'accès à certaines prestations: les plus favorisés sont seulement 6% à renoncer aux soins de médecine générale, contre 18% - trois fois plus - chez les plus précaires. Le constat pour le renoncement aux médicaments est pire: 10% chez les plus favorisés, contre 35% chez les moins favorisés. Dernière thématique étudiée: la situation familiale en tant que déterminant de la santé. "Partager notre vie avec quelqu'un influence positivement notre état de santé et notre espérance de vie", expliquent les chercheurs de l'Institut Solidaris. "En Belgique, les personnes isolées ou les familles monoparentales représentent un ménage sur quatre. Et, dans 80% des cas, ce sont les femmes qui assument la charge effective et permanente des enfants au sein des familles monoparentales. Selon une étude menée à l'échelle européenne, le risque de pauvreté en Belgique est nettement plus élevé pour les familles monoparentales par rapport aux autres structures familiales. Par ailleurs, toutes les études menées par Solidaris ne cessent de montrer que les familles monoparentales sont de loin les plus précarisées."L'analyse du renoncement financier à des soins de santé en 2023 ne déroge pas à la règle. Sans surprise, les personnes isolées renoncent davantage aux soins que les personnes en couple, a fortiori si elles ont un enfant à charge. Alors que les premières ont un taux de renoncement supérieur à 50%, les secondes se situent en deçà des 40%. L'analyse longitudinale du renoncement met en lumière les disparités entre structures familiales. Seuls les couples avec enfant(s) rencontrent une baisse du renoncement (-6%) entre 2022 et 2023. Les isolés sans enfant atteignent, en 2023, leur pic de renoncement avec 54%. À la suite d'une sensible hausse (13%) par rapport à 2022, les familles monoparentales connaissent un score particulièrement élevé cette année, avec pas loin de sept personnes sur dix déclarant avoir dû renoncer à au moins un soin cette année. Cela représente un peu plus du double du renoncement des couples sans enfant et un peu moins du double relativement à son pendant (couple avec enfant(s) dont le renoncement est à 39%).