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L'accord aurait été signé vers 10 h 15, ce qui constitue une double première : pas en pleine nuit et pas en présentiel. Signer un accord médico-mut en vidéo-conférence serait le nec plus ultra à l'heure actuelle d'autant plus qu'il est même possible, désormais, de s'isoler par groupe " politique ". En tout cas, le résultat est là.Le point introductif mais sine qua non était la répartition de l'index, fixé à 1,01% pour les actes intellectuels et visites. Une indexation sélective débouche sur des indexations inférieures au pourcent en biologie clinique (0,8%), imagerie médicale (0,8), gynécologie (0,84), chirurgie (0,9) et honoraires de surveillance (0,84).L'acte intellectuel est donc préservé." Le principe est acquis qu'on fera des économies en biologie clinique et en imagerie médicale recyclées en objectifs de qualité et non confisquées par le gouvernement ", explique le Dr Marcel Bauval (GBO/Cartel)." Ça nécessitait quand même d'éviter de saupoudrer l'index sur de petits projets qui auraient consommé beaucoup de temps ", précise Philippe Devos, président de l'Absym " C'était une des demandes de l'Absym. L'an prochain, il est probable que certaines spécialités subiront une réflexion sur une rationalisation de l'index pour des collègues ayant souffert financièrement du covid comme les chirurgiens. On a été attentifs à préserver l'index de l'acte intellectuel et les consultations. L'index des chirurgiens est d'emblée préservé. On n'évite pas une petite diminution d'index sur le médico-technique et la biologie clinique. Ces marges-là ont permis de finaliser des refinancements prévus dans l'accord précédent et qui n'ont pas pu être implémentés. "" On a dégagé 40 millions de dépenses non-justifiables comparées aux standards d'autres pays via des études du KCE notamment ", poursuit Philippe Devos. " Mais on constate aussi des disparités injustifiables entre provinces. Tout un travail va être fait pour édicter des lignes de conduite rationnelles. Ces 40 millions permettront de revaloriser les médecins en formation pour un montant de 10 millions. Un accord avec les hôpitaux via l'Inami permettra déjà en mars d'avoir une seule règle de rémunération de ces médecins en formation MG ou SP. Cette uniformisation se fera vers le haut. "Bauval : " Les médecins en formation ont un statut social sui generis et ne disposent pas de cotisations sociales de pension et de chômage. On a réservé ces 10 millions à cet effet. Mais on ne sait pas encore comment les attribuer. Sera-ce pour le premier pilier (pension par répartition, ndlr) ou le second (statut social Inami) ? Il y a eu des divergences. Il y aura une réflexion. Pour le 31 mars, une décision doit tomber. Ces 10 millions devront profiter aux MG en formation sans entamer leurs revenus mensuels. Ce sera un plus pour eux. "Devos : " C'est l'engagement de la médico-mut d'obtenir des indemnités de chômage lorsqu'ils sont en quarantaine, d'avoir droit à un salaire en absence maladie. Jusqu'à présent, les hôpitaux ne payaient pas les assistants malades du covid. Une situation scandaleuse qui méritait une réaction. "Le deuxième point est la revalorisation des honoraires de surveillance en gériatrie. " Les gériatres ont beaucoup donné pendant la crise covid-19. Or cette spécialité ne dispose que de peu d'actes techniques complémentaires ", indique Bauval (budget : 5 mios). " La crise covid a montré que les gériatres sont la pierre angulaire pour la prise en charge des malades ", précise Devos.La revalorisation du spécialiste appelé dans un autre service pour par exemple un malade hospitalisé pour un problème cardiologique est également prévue. Ces prestations étaient mal honorées. Ces médecins " appelables " recevront 1,7 million en tout. La consultation du pneumologue reçoit 2 millions." La majoration du DMG faisait partie des revendications du Cartel ", ajoute Bauval. " Mais cette revalorisation doit s'accompagner d'une " démarche qualité ", comme recueillir certaines données. On majorera le DMG également en fonction de l'âge. Les 20 euros supplémentaires attribuées aux malades chroniques seront liés à la catégorie 45-79 ans au lieu de 45-75 ans. 6,8 millions sont prévus. " " Les mutuelles demandent en sus d'assurer la " complétude " des informations qui y figurent ", précise Philippe Devos.La télémédecine continuera de se développer à la lumière de son utilité pendant la pandémie. Bauval : " Pendant un an, on reste au statu quo. A partir de l'expérience des consultations remboursées à distance, on essaiera d'élaborer des propositions. Télé-expertise, téléopthalmologie se poursuivent ainsi que la consultation oncologique-multidisciplinaire en visio-conférence et un programme de télémonitoring covid-19 (baromètre). On peut ainsi, par rapport aux données des prestataires, mieux identifier le danger, la situation. "" La télémédecine covid est prolongée pour au moins six mois car la vaccination ne va pas tout résoudre d'un coup ", prévient le Dr Devos. " 2021 va rester une année prudentissime. La télémédecine pourra être transformée et se poursuivre de manière rémunérée bien qu'il n'y ait pas de budget prévu. La raison en est qu'on va transformer de la consultation en présentiel en téléconsultation. Il y a transferts d'actes et non pas augmentation du volume d'actes. Je pense que le déplacement des malades continuera à être entravé en 2021. "Postes médicaux de garde (PMG) et coopérations fonctionnelles : on continue dans les limites budgétaires de couvrir tout le territoire (flamand essentiellement). L'expérience des PMG " de semaine " se poursuit (un peu plus de 3 millions pris sur le budget précédent). Il y aura également une analyse spécifique des 14 postes de semaine.Marcel Bauval : " A partir du 1er juillet, les coopérations fonctionnelles pourront se mettre en place (regroupement de 2 ou 3 PMG pour un bassin de soins de 300.000 habitants) afin de mieux travailler ensemble pendant les heures creuses (inutile de maintenir 3 PMG pendant la nuit noire) et avoir un hôpital avec lequel ils collaborent. 750.000 euros sont budgétés pour le coaching et l'intendance de ces coopérations. "Le forfait accréditation subsiste mais la part variable devrait être liée à certains critères de qualité (antibiotiques prescrit rationnellement, imagerie médicale). L'idée est également de raboter les disparités qui existent entre spécialités via une part proportionnelle au nombre d'actes. " La biologie clinique est particulièrement valorisée, d'autres spécialités sont au contraire mal rémunérées parce qu'ils ont moins d'actes et la valeur Q est fort variable d'une spécialité à l'autre ", explique Marcel Bauval. " On se basera sur la révision de la nomenclature. Il faudra davantage isoler la valeur médicale dans la valeur de l'acte lui-même. On pourra proposer des modifications en fonction de cela. Les forfaits seront augmentés et on inclura une part tributaire de la qualité des prestations. Tout cela se mettra en place pendant l'année 2021. "" Un médecin qui travaille temps plein, selon ses activités, peut avoir une rémunération accréditation qui va du simple au triple. Ce n'est pas logique ", souligne Devos. " On estime qu'à l'Absym, à même temps de travail, on devrait avoir la même valeur d'accréditation pour se former. Ce chantier va se terminer en 2021. Cela va entraîner une révolution financière seulement en 2022 en ce qui concerne la mise en application. Cela peut représenter 15% du revenu du médecin ! C'est colossal ! "" C'est un accord ambitieux sur l'avenir ", reprend Philippe Devos. " Il y a une volonté de toutes les parties d'accélérer la réforme de la nomenclature. On avait des craintes qu'elle ait été ralentie ou abandonnée en raison de la crise Covid. "Enfin, en matière de simplification administrative, on évolue vers un seul modèle de certificat d'incapacité de travail, ce qui n'est pas anodin." Globalement, c'est un bon accord pour le Cartel même si on peut toujours espérer mieux ", conclut Marcel Bauval.L'Absym se réjouit d'être arrivée en si peu de temps à un accord équilibré et surtout d'avoir, plus que par le passé, trouvé " un vrai terrain d'entente avec le Cartel, ce qui renforce le syndicalisme médical face aux mutuelles. Par contre, avec l'AADM qui réclame une forfaitisation presque totale de la médecine, l'Absym reste abasourdie et ne peut accepter cette approche de la médecine ", conclut Philippe Devos.