Les chiffres sont éloquents : en 2020, 1,3 million d'Européens sont morts du cancer et 2,7 millions ont appris qu'ils étaient atteints de cette maladie. Si nous ne changeons rien, le cancer constituera, d'ici 2035, la cause la plus importante de mortalité, avec une hausse de 24% des cas. Son impact économique est quant à lui évalué à 100 milliards d'euros par an. C'est surtout aux Etats membres qu'il incombe d'agir. L'Europe a d'ailleurs mis 4 milliards d'euros sur la table. Le plan d'action repose sur quatre axes principaux : la prévention, la détection, le traitement et la qualité de vie.

Prévention, prévention, prévention

Dire que la prévention est cruciale dans la lutte contre le cancer est un doux euphémisme, puisque 40% des cancers pourraient être évités. L'Europe met l'accent sur la diminution du nombre de fumeurs (moins de 5% de fumeurs d'ici 2040), la baisse de la consommation d'alcool (en particulier chez les jeunes) et de l'impact sur l'environnement (en particulier du fait de la pollution atmosphérique et de l'exposition aux substances chimiques toxiques). Les accords régionaux et les plans de prévention actuels reprennent d'ailleurs bon nombre de ces objectifs.

La détection des cancers en Europe est elle aussi susceptible d'amélioration. L'UE entend aider les Etats membres à garantir, d'ici 2025, l'accès au dépistage du cancer du sein, du col de l'utérus et du colon à 90% des Européens qui peuvent en bénéficier.

L'amélioration de la littératie en santé fait également partie des priorités européennes. Selon une étude du Centre fédéral d'expertise des soins de santé de 2019, 30 à 45% des Belges souffriraient de connaissances limitées en la matière. La route est encore longue, mais réjouissons-nous tout de même : l'Europe entend y remédier par une approche scientifiquement fondée et un nouveau projet de littératie en matière de prévention du cancer et de soins, avec une attention toute particulière portées aux groupes à risque.

Toutefois, bien que le consensus règne quant à l'importance de la prévention, les Etats membres de l'UE dépensent, en moyenne, 2,8% de leur budget santé à la prévention. Plus étonnant encore : la Belgique occupe ici une gênante 21ème place. De quoi en énerver plus d'un. La complexité de notre système nous empêche d'évaluer correctement les budgets à allouer à la prévention. Il est dommage que nous fassions figure de mauvais élève dans cette cours européenne.

Médicaments

En Belgique, le budget alloué aux médicaments s'élève à environ 18% du budget total. Depuis 2015, il dépasse encore les sommes prévues (200 à 300 millions d'euros par an). Dans la lutte contre le cancer, 70% des soins reposent sur les traitements ciblés et l'immunothérapie, ce qui représente ainsi près de 20% du budget total dédié aux médicaments. Il serait judicieux de renforcer la collaboration entre Etats membres (par des analyses prospectives, des registres, l'échange d'informations, la négociation de prix, etc.). L'approche européenne en matière de développement et de mise à disposition des vaccins contre le Covid-19 témoigne de la force décuplée des Etats membres quand ils unissent leurs forces.

Si nous ne changeons rien, le cancer constituera, d'ici 2035, la cause la plus importante de mortalité

Le plan d'action européen illustre en tout cas l'ambition claire de faciliter l'accès aux médicaments contre le cancer. Il omet par contre de parler, comme ici dans la Stratégie pharmaceutique pour l'Europe, publiée fin 2020, de leur accessibilité à toutes les bourses. Bien que les états soient compétents pour fixer le prix des médicaments et leur remboursement, la Commission européenne entend intensifier la collaboration. Le gouvernement fédéral annonce d'ores et déjà : " Nous continuerons à nous concentrer sur l'accès à long terme des médicaments de grande valeur et des médicaments innovants. Nous renforcerons davantage encore notre rôle de pionnier en matière de coopération internationale. "

L'occasion est tout même manquée... En réaction au plan européen de lutte contre le cancer, l'AIM, l'organisme coupole des organisations mutualistes, en appelle à l'intensification des efforts pour faire baisser le prix de la médication contre le cancer. Entre 2008 et 2018, les dépenses en la matière ont doublé ! En outre, l'AIM rappelle également le rôle de UE, qui doit fixer des standards élevés en matière de plus-value thérapeutique des médicaments, également ceux contre le cancer.

La qualité de vie avant tout

Le nombre de personnes survivant à leur cancer augmente chaque année. Il s'élève à quelques 12 millions. Néanmoins, de nombreux défis, comme le retour au travail, attendent encore les survivants et leur entourage. Le plan européen de lutte contre le cancer s'attaque également à cette problématique.

Pour l'Europe, les mesures visant à faciliter la réinsertion professionnelle et sociale, avec une évaluation précoce et un aménagement des conditions de travail pour les patients atteints de cancer, doivent faire partie du parcours de soins du patient. En 2022, la Commission européenne a déjà prévu une nouvelle étude en lien avec le retour au travail pour les survivants du cancer, dans le but de cartographier les mesures nationales d'emploi et de protection sociale (ainsi que les freins et les défis encore à relever).

En Belgique, la réinsertion professionnelle des personnes en incapacité de travail, y compris celles qui ont survécu au cancer, est au coeur de l'actualité. Remettre des malades de longue durée sur le marché de l'emploi et le lieu de travail fait partie des priorités des autorités fédérales. Une énergie qui se retrouve d'ailleurs aussi au niveau régional. La ministre Crevits publiait ainsi, mi février, son " plan d'action flamand pour la réinsertion des malades de longue durée ", composé de 15 actions concrètes. La ministre parle " d'ambition et de compétences partagées entre la Flandre et le niveau fédéral. " Les Mutualités Libres en appellent aux différentes autorités pour que toutes les parties concernées s'asseyent à une même table pour discuter de l'harmonisation des initiatives et renforcer par là la cohérence des réformes.

La lutte contre le cancer révèle, à nouveau, la complexité qui entoure l'élaboration d'une politique. Une politique qui implique plusieurs autorités, compétentes dans des domaines très différents. Un vrai challenge, même pour les experts en puzzle.

Les chiffres sont éloquents : en 2020, 1,3 million d'Européens sont morts du cancer et 2,7 millions ont appris qu'ils étaient atteints de cette maladie. Si nous ne changeons rien, le cancer constituera, d'ici 2035, la cause la plus importante de mortalité, avec une hausse de 24% des cas. Son impact économique est quant à lui évalué à 100 milliards d'euros par an. C'est surtout aux Etats membres qu'il incombe d'agir. L'Europe a d'ailleurs mis 4 milliards d'euros sur la table. Le plan d'action repose sur quatre axes principaux : la prévention, la détection, le traitement et la qualité de vie.Dire que la prévention est cruciale dans la lutte contre le cancer est un doux euphémisme, puisque 40% des cancers pourraient être évités. L'Europe met l'accent sur la diminution du nombre de fumeurs (moins de 5% de fumeurs d'ici 2040), la baisse de la consommation d'alcool (en particulier chez les jeunes) et de l'impact sur l'environnement (en particulier du fait de la pollution atmosphérique et de l'exposition aux substances chimiques toxiques). Les accords régionaux et les plans de prévention actuels reprennent d'ailleurs bon nombre de ces objectifs.La détection des cancers en Europe est elle aussi susceptible d'amélioration. L'UE entend aider les Etats membres à garantir, d'ici 2025, l'accès au dépistage du cancer du sein, du col de l'utérus et du colon à 90% des Européens qui peuvent en bénéficier.L'amélioration de la littératie en santé fait également partie des priorités européennes. Selon une étude du Centre fédéral d'expertise des soins de santé de 2019, 30 à 45% des Belges souffriraient de connaissances limitées en la matière. La route est encore longue, mais réjouissons-nous tout de même : l'Europe entend y remédier par une approche scientifiquement fondée et un nouveau projet de littératie en matière de prévention du cancer et de soins, avec une attention toute particulière portées aux groupes à risque.Toutefois, bien que le consensus règne quant à l'importance de la prévention, les Etats membres de l'UE dépensent, en moyenne, 2,8% de leur budget santé à la prévention. Plus étonnant encore : la Belgique occupe ici une gênante 21ème place. De quoi en énerver plus d'un. La complexité de notre système nous empêche d'évaluer correctement les budgets à allouer à la prévention. Il est dommage que nous fassions figure de mauvais élève dans cette cours européenne.En Belgique, le budget alloué aux médicaments s'élève à environ 18% du budget total. Depuis 2015, il dépasse encore les sommes prévues (200 à 300 millions d'euros par an). Dans la lutte contre le cancer, 70% des soins reposent sur les traitements ciblés et l'immunothérapie, ce qui représente ainsi près de 20% du budget total dédié aux médicaments. Il serait judicieux de renforcer la collaboration entre Etats membres (par des analyses prospectives, des registres, l'échange d'informations, la négociation de prix, etc.). L'approche européenne en matière de développement et de mise à disposition des vaccins contre le Covid-19 témoigne de la force décuplée des Etats membres quand ils unissent leurs forces.Le plan d'action européen illustre en tout cas l'ambition claire de faciliter l'accès aux médicaments contre le cancer. Il omet par contre de parler, comme ici dans la Stratégie pharmaceutique pour l'Europe, publiée fin 2020, de leur accessibilité à toutes les bourses. Bien que les états soient compétents pour fixer le prix des médicaments et leur remboursement, la Commission européenne entend intensifier la collaboration. Le gouvernement fédéral annonce d'ores et déjà : " Nous continuerons à nous concentrer sur l'accès à long terme des médicaments de grande valeur et des médicaments innovants. Nous renforcerons davantage encore notre rôle de pionnier en matière de coopération internationale. "L'occasion est tout même manquée... En réaction au plan européen de lutte contre le cancer, l'AIM, l'organisme coupole des organisations mutualistes, en appelle à l'intensification des efforts pour faire baisser le prix de la médication contre le cancer. Entre 2008 et 2018, les dépenses en la matière ont doublé ! En outre, l'AIM rappelle également le rôle de UE, qui doit fixer des standards élevés en matière de plus-value thérapeutique des médicaments, également ceux contre le cancer.Le nombre de personnes survivant à leur cancer augmente chaque année. Il s'élève à quelques 12 millions. Néanmoins, de nombreux défis, comme le retour au travail, attendent encore les survivants et leur entourage. Le plan européen de lutte contre le cancer s'attaque également à cette problématique.Pour l'Europe, les mesures visant à faciliter la réinsertion professionnelle et sociale, avec une évaluation précoce et un aménagement des conditions de travail pour les patients atteints de cancer, doivent faire partie du parcours de soins du patient. En 2022, la Commission européenne a déjà prévu une nouvelle étude en lien avec le retour au travail pour les survivants du cancer, dans le but de cartographier les mesures nationales d'emploi et de protection sociale (ainsi que les freins et les défis encore à relever).En Belgique, la réinsertion professionnelle des personnes en incapacité de travail, y compris celles qui ont survécu au cancer, est au coeur de l'actualité. Remettre des malades de longue durée sur le marché de l'emploi et le lieu de travail fait partie des priorités des autorités fédérales. Une énergie qui se retrouve d'ailleurs aussi au niveau régional. La ministre Crevits publiait ainsi, mi février, son " plan d'action flamand pour la réinsertion des malades de longue durée ", composé de 15 actions concrètes. La ministre parle " d'ambition et de compétences partagées entre la Flandre et le niveau fédéral. " Les Mutualités Libres en appellent aux différentes autorités pour que toutes les parties concernées s'asseyent à une même table pour discuter de l'harmonisation des initiatives et renforcer par là la cohérence des réformes.La lutte contre le cancer révèle, à nouveau, la complexité qui entoure l'élaboration d'une politique. Une politique qui implique plusieurs autorités, compétentes dans des domaines très différents. Un vrai challenge, même pour les experts en puzzle.