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La consommation excessive d'antibiotiques provoque une résistance qui rend plus difficile le traitement des maladies et des infections. " Qu'il s'agisse d'une plaie qui s'infecte, d'une douleur dans l'oreille, d'une opération de routine ou d'une MST, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que les antibiotiques continuent d'être efficaces. La "Ram" (résistance aux antimicrobiens) est actuellement la première cause de mortalité dans le monde. Et cette résistance ne fait que s'accentuer. Il s'agit du plus grand défi de santé publique au niveau mondial pour les prochaines années. Il faut que tout le monde en soit conscient. Les médecins comme les patients. Mais la sensibilisation seule ne suffira pas. Outre une campagne efficace, nous devons agir avant qu'il ne soit trop tard ", explique Frank Vandenbroucke dans un communiqué envoyé à l'occasion de la Semaine dédiée au bon usage des antibiotiques.Selon des chiffres récents du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), plus de 35.000 Européens meurent chaque année d'infections résistantes aux antibiotiques. En Belgique, la dernière décennie a vu une diminution de l'utilisation des antibiotiques, aussi bien en santé humaine qu'en santé animale, mais il faut encore des actions pour faire évoluer les choses plus rapidement et lutter davantage contre la résistance. Voici les nouvelles mesures annoncées par le ministre:À l'occasion de la Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens du 18 au 24 novembre, le SPF Santé et ses partenaires (BAPCOC, AMCRA) relancent la campagne " Parlons antibiotiques ". Étant donné qu'il y a un échange continuel de bactéries entre les êtres humains, les animaux et l'environnement et que les antibiotiques sont également diffusés par les eaux usées, il faut combattre la résistance aux antimicrobiens au moyen d'une approche intégrée. La campagne met en lumière des questions potentielles de patients et de propriétaires de petits animaux de compagnie ou de chevaux et les encourage à engager le dialogue avec les professionnels de la santé sur l'utilisation des antibiotiques. Après une période de sensibilisation et de feed-back des médecins généralistes sur la consommation excessive d'antibiotiques, la conformité aux indicateurs du CNPQ (Conseil national de promotion de la qualité) sera évaluée. Ces indicateurs, qui mesurent les écarts flagrants par rapport aux bonnes pratiques médicales, vont être publiés au Moniteur et sur le site web de l'Inami.L'indicateur vise une baisse de 40% du nombre de prescriptions d'antibiotiques par les généralistes; 14% des patients qui se présentent avec un simple rhume et 19% des patients qui se présentent avec une grippe se voient prescrire des antibiotiques. Deux indicateurs qualitatifs portent spécifiquement sur le type d'antibiotiques prescrits: on passe trop rapidement aux antibiotiques de deuxième ligne alors qu'un antibiotique de première ligne ou des antibiotiques plus doux seraient plus appropriés. "Ils ont, certes, un effet plus rapide, mais ces antibiotiques sont importants et souvent essentiels pour traiter les infections. Si la résistance augmente aussi contre ces antibiotiques, il sera de plus en plus difficile de traiter des infections plus graves.""Les médecins qui prescrivent trop selon les indicateurs seront responsabilisés. À un stade ultérieur, des sanctions seront possibles dans des cas exceptionnels", annonce le cabinet du ministre."Mesurer, c'est savoir. Les médecins généralistes peuvent encore s'inscrire au baromètre des antibiotiques cette année. Ce module d'audit et de feed-back mesure leur comportement prescripteur. Chaque trimestre, ils reçoivent un feed-back. De cette manière, les généralistes eux-mêmes constatent rapidement les irrégularités et peuvent ajuster leur comportement", explique encore le communiqué. L'objectif est de réduire les prescriptions inutiles. La participation au baromètre des antibiotiques est également reprise dans la liste de critères pour pouvoir bénéficier de la prime de pratique. Les médecins qui ne satisfont pas perdent une partie de la prime. Selon le degré d'utilisation des outils informatiques et des services électroniques et donc, du respect de ces critères, la prime varie entre 1.000 et 6.000 euros par an.D'ici fin 2024, les antibiotiques seront prescrits, délivrés et tarifés à l'unité. Le nombre de comprimés que le patient reçoit chez le pharmacien devra correspondre exactement au traitement prescrit. Le médecin prescrira donc " à l'unité " et non plus par " emballage ", avec une ordonnance qui devra contenir le nom de la ou des substances actives, la posologie et la durée du traitement. Le pharmacien devra délivrer la quantité exacte d'unités prescrites et facturer au patient le prix unitaire pour cette quantité. Un emballage peut néanmoins correspondre à la prescription et être délivré comme tel. Objectif: moins de surplus dans les armoires que les patients peuvent aller rechercher plus tard et moins d'antibiotiques qui finissent dans l'environnement."Un système électronique avec des règles de décision pour les médecins est également en cours de développement : PSS, la plateforme pour aider les prescripteurs dans leur prise de décision. Ce système les aidera à prescrire correctement lors d'une consultation. Ils peuvent saisir des caractéristiques telles que l'âge ou la comorbidité d'un patient, ainsi que les symptômes pour pouvoir prescrire la médication adéquate sur la base de ces données", annonce le cabinet VDB.Généralement, les patients admis à l'hôpital ont déjà une résistance réduite. Pour eux, la résistance aux antibiotiques représente un risque plus important lorsqu'ils sont victimes d'une infection qui circule dans l'hôpital. Les différents réseaux hospitaliers sont déjà soutenus par les " Hospital Outbreak Support Teams " (HOST), qui veillent à ce qu'il y ait une coopération en matière de prévention des infections pour pouvoir passer à la vitesse supérieure lorsque c'est nécessaire. Sur la base de différents critères, les hôpitaux mènent une politique antibiotique responsable. En d'autres termes, ils améliorent les différents processus courants dans un hôpital de manière à réduire considérablement le risque d'infection.Des indicateurs de qualité sont également en cours d'élaboration afin de permettre la surveillance de la politique en matière d'antibiotiques. Sur la base de cette surveillance, les hôpitaux pourraient être encouragés financièrement à améliorer la qualité des soins dans leur établissement dans ce domaine également, par le biais d'une intégration dans le système Pay for Performance.L'Inami dispose de nombreuses informations sur ce qui est acheté dans les pharmacies et, depuis peu, a également accès à des données sur les antibiotiques délivrés sans remboursement. Par ailleurs, le flux de données hospitalières vers Sciensano est également accéléré. "De cette manière, nous pouvons compter sur un feed-back plus rapide, et des adaptations plus rapides sont possibles. Les analyses dans les maisons de repos permettront d'identifier le nombre de résidents atteints d'infections liées aux soins et/ou porteurs d'une bactérie résistante. Les eaux usées seront également examinées", explique le cabinet du ministre.Le programme d'action RAM belge sera intégré au niveau européen par la participation au vaste projet européen " Joint Action on Antimicrobial Resistance and Healthcare-Associated Infections ". "Les recommandations européennes demandent une réduction de 18 % de l'utilisation des antibiotiques en Belgique d'ici 2030. Au niveau européen, la Belgique assurera la présidence du Conseil de l'Union européenne en 2024 et le SPF Santé publique et Sciensano organiseront la conférence européenne RAM qui inscrira la lutte contre la résistance aux antibiotiques en bonne place à l'agenda européen", conclut le cabinet de la Santé publique.