Mais qu'en est-il de la formation du médecin, citoyen du monde et acteur du développement d'un monde meilleur ici et... ailleurs ? Exploite-t-on réellement et suffisamment les vocations de nos jeunes médecins pour les mettre, sporadiquement ou définitivement, au service de la médecine humanitaire ? Sensibilise-t-on assez à la médecine humanitaire ?

Concernant ce point précis, notre formation en faculté de médecine reste très souvent pauvre, peu informante et se caractérise par un manque flagrant de sensibilisation aux bénéfices que peuvent apporter la médecine humanitaire tant à l'humanité qu'au médecin lui-même.

La plupart de nos médecins ont comme rôle l'exercice de l'art de la santé auprès des gens qui sont dans le besoin. La grande majorité d'entre nous exercent l'art de guérir dans notre pays et dans notre pays uniquement, mais ne pourrait-on pas, dans de nombreux cas de figures, dépasser cette notion assez limitée de soins locaux ? Ne pourrait-on pas, à l'image par exemple du Dr Mukwege, davantage se dire que notre profession pourrait-être le parfait alibi pour s'investir dans le développement d'un monde meilleur sur le plan local et international ? J'entends par là également dans des endroits où les besoins sanitaires sont encore plus criants que chez nous.

Ainsi, en tant que jeune médecin qui perçoit son métier davantage comme une vocation, je me demande si nos facultés de médecine ne devraient pas davantage sensibiliser et former nos jeunes étudiants en médecine à la médecine humanitaire. Non pas avec l'idée de les envoyer définitivement dans des pays en voie de développement pour exercer une médecine souvent difficile, mais bien de les inciter à davantage s'ouvrir à la discipline, à partir sporadiquement, l'espace de quelques semaines pendant l'année ou tous les cinq ans, dans des régions reculées du monde, dépourvues de médecins, où la médecine est davantage un luxe et non un droit. Avec une formation adéquate, une telle expérience pourrait s'avérer bénéfique non seulement pour les populations locales mais également pour le médecin. Il a en effet été démontré qu'une telle expérience pouvait avoir des impacts positifs sur la qualité de la relation médecin - patient, sur l'expérience et les connaissances du médecin, sur la longévité de son travail, et sur le sentiment d'auto efficacité de celui-ci (1).

Routine machinale

Il n'est donc également pas impossible qu'un tel dépaysement puisse impacter positivement la vie du praticien et freiner le processus de déshumanisation de la médecine qui peut s'installer chez certains praticiens après des années de pratiques s'intégrant de plus en plus dans une routine "machinale".

J'ose à peine m'imaginer comment pourraient se développer certaines associations impliquées dans des projets de médecine humanitaire si 70 à 80% de nos jeunes médecins motivés étaient davantage formés et partaient, par exemple, l'espace d'une ou deux semaines durant leur début de carrière.

Plus fondamentalement, n'est-ce pas également le rôle de nos facultés que d'entretenir une telle vision humaine et humanitaire de la médecine? Pour beaucoup d'entre nous, la médecine reste une vocation avant d'être un métier, un rêve qui, à travers les soins que nous attribuons à des gens dans le besoin, nous permet de laisser une trace sur Terre dans un monde qui se veut de plus en plus dur et pauvre en matière d'humanité.

L'objectif d'une telle réflexion est de permettre, collectivement, de nous poser la question de savoir quel serait l'impact d'un départ sporadique de certains d'entre nous, quelques semaines par an ou moins, sur notre propre pratique et sur la vie de dizaines de personnes qui, malheureusement, ne tient souvent qu'à un fil faute de moyens, de structures de soins et de personnel de la santé.

1 : Oravec et al., 2013.

Mais qu'en est-il de la formation du médecin, citoyen du monde et acteur du développement d'un monde meilleur ici et... ailleurs ? Exploite-t-on réellement et suffisamment les vocations de nos jeunes médecins pour les mettre, sporadiquement ou définitivement, au service de la médecine humanitaire ? Sensibilise-t-on assez à la médecine humanitaire ? Concernant ce point précis, notre formation en faculté de médecine reste très souvent pauvre, peu informante et se caractérise par un manque flagrant de sensibilisation aux bénéfices que peuvent apporter la médecine humanitaire tant à l'humanité qu'au médecin lui-même. La plupart de nos médecins ont comme rôle l'exercice de l'art de la santé auprès des gens qui sont dans le besoin. La grande majorité d'entre nous exercent l'art de guérir dans notre pays et dans notre pays uniquement, mais ne pourrait-on pas, dans de nombreux cas de figures, dépasser cette notion assez limitée de soins locaux ? Ne pourrait-on pas, à l'image par exemple du Dr Mukwege, davantage se dire que notre profession pourrait-être le parfait alibi pour s'investir dans le développement d'un monde meilleur sur le plan local et international ? J'entends par là également dans des endroits où les besoins sanitaires sont encore plus criants que chez nous. Ainsi, en tant que jeune médecin qui perçoit son métier davantage comme une vocation, je me demande si nos facultés de médecine ne devraient pas davantage sensibiliser et former nos jeunes étudiants en médecine à la médecine humanitaire. Non pas avec l'idée de les envoyer définitivement dans des pays en voie de développement pour exercer une médecine souvent difficile, mais bien de les inciter à davantage s'ouvrir à la discipline, à partir sporadiquement, l'espace de quelques semaines pendant l'année ou tous les cinq ans, dans des régions reculées du monde, dépourvues de médecins, où la médecine est davantage un luxe et non un droit. Avec une formation adéquate, une telle expérience pourrait s'avérer bénéfique non seulement pour les populations locales mais également pour le médecin. Il a en effet été démontré qu'une telle expérience pouvait avoir des impacts positifs sur la qualité de la relation médecin - patient, sur l'expérience et les connaissances du médecin, sur la longévité de son travail, et sur le sentiment d'auto efficacité de celui-ci (1). Il n'est donc également pas impossible qu'un tel dépaysement puisse impacter positivement la vie du praticien et freiner le processus de déshumanisation de la médecine qui peut s'installer chez certains praticiens après des années de pratiques s'intégrant de plus en plus dans une routine "machinale". J'ose à peine m'imaginer comment pourraient se développer certaines associations impliquées dans des projets de médecine humanitaire si 70 à 80% de nos jeunes médecins motivés étaient davantage formés et partaient, par exemple, l'espace d'une ou deux semaines durant leur début de carrière. Plus fondamentalement, n'est-ce pas également le rôle de nos facultés que d'entretenir une telle vision humaine et humanitaire de la médecine? Pour beaucoup d'entre nous, la médecine reste une vocation avant d'être un métier, un rêve qui, à travers les soins que nous attribuons à des gens dans le besoin, nous permet de laisser une trace sur Terre dans un monde qui se veut de plus en plus dur et pauvre en matière d'humanité. L'objectif d'une telle réflexion est de permettre, collectivement, de nous poser la question de savoir quel serait l'impact d'un départ sporadique de certains d'entre nous, quelques semaines par an ou moins, sur notre propre pratique et sur la vie de dizaines de personnes qui, malheureusement, ne tient souvent qu'à un fil faute de moyens, de structures de soins et de personnel de la santé. 1 : Oravec et al., 2013.