"Les détenus bénéficient en moyenne de 24 consultations médicales par an, dont environ 18 chez un médecin généraliste. Les médecins généralistes ont un rôle central dans les services médicaux. Il s'agit généralement d'indépendants qui, outre leur travail dans la prison, ont aussi leur propre cabinet. C'est également eux qui décident de l'orientation éventuelle d'un détenu vers un médecin spécialiste (interne ou externe), ou d'une hospitalisation. Chez les spécialistes, ce sont les psychiatres qui sont les plus souvent sollicités, avec une moyenne de 3 consultations par détenu par an", constatent le KCE dans un récent rapport.

À côté de ces médecins généralistes, le personnel de santé de la prison comprend également des infirmiers et des kinésithérapeutes qui, pour leur part, travaillent le plus souvent (85%) sous statut d'employés de la Justice. Enfin, des dentistes, psychologues, et autres prestataires de soins peuvent également intervenir, sous des statuts divers.

L'appel au personnel médical et paramédical est très variable selon les prisons ainsi que l'utilisation des soins. "Le nombre de consultations est relativement plus élevé chez les détenus nouvellement incarcérés, dans les tranches d'âge entre 40 et 50 ans et plus de 60 ans, chez les femmes et chez les internés (détenus souffrant de pathologies mentales et tenus pour irresponsables de leurs actes)."

43 millions

Par contre, le nombre de consultations était moins élevé chez les détenus en détention préventive, chez ceux sans permis de séjour ou ressortissants de l'UE non enregistrés en Belgique et chez ceux qui ne parlaient pas le français ou le néerlandais.

La majeure partie des 43 millions que le SPF Justice et l'Inami consacrent aux soins de santé pour les détenus est consacrée au personnel (60%). 37 % vont aux soins proprement dits (dont 13 % pour les soins prodigués à l'extérieur de la prison et 24 % pour les soins intra-muros), et 3 % à l'organisation des soins. Mais ces pourcentages cachent là aussi de grandes disparités entre prisons.

Le KCE a interrogé des gens de terrain. Ceux-ci estiment que les moyens financiers sont insuffisants pour apporter une médecine de qualité dans les prisons. "Ils déplorent un manque de personnel, d'équipements modernes, d'infrastructures, de perspectives de carrière, de possibilités de formation, etc."

Problème lancinant : les médecins, dentistes, kinés sont souvent payés très en retard.

Autre problème : le manque de communication entre les prestataires de soins externes et internes. Le transport des détenus vers l'hôpital ou le spécialiste est problématique également. "L'organisation d'une consultation peut prendre jusque 2 semaines et de nombreux rendez-vous chez les médecins doivent finalement être annulés."

Le KCE site le Comité européen pour la Prévention de la Torture qui critique le fait que "le personnel médical disponible est insuffisant et les internés ne séjournent pas toujours dans une section distincte".

La 6e Réforme de l'Etat a compliqué la donne. De multiples intervenants sont désormais impliqués dans les soins pénitentiaires, avec une absence de communication et de coordination, et parfois des doubles emplois.

Enfin, le fait d'émarger du budget de la Justice peut compliquer le retour du détenu à la vie normale après sa libération.

Personnel insuffisant

Outre le transfert des soins de santé vers la Santé publique, le KCE propose "une approche multidisciplinaire, avec dans chaque prison un coordinateur de soins qui veille à coordonner les interventions des différents acteurs, ainsi qu'une coordination centrale plus performante, assurée par un SSSP renforcé".

Le nombre de prestataires de soins nécessaire doit être déterminé en fonction des besoins mais ce nombre semble insuffisant au KCE.

"Chaque personne qui arrive en prison devrait se voir proposer un entretien médical approfondi pour inventorier ses problèmes physiques, psychiques et sociaux. Un plan de soins individuel serait alors élaboré et servirait de base pour le suivi par l'équipe interdisciplinaire et pour la communication avec les soignants extérieurs à la prison - aussi après la libération."

Aux autorités à tester les propositions du KCE dans 3 ou 4 prisons avant de les généraliser. Car ces mesures exigeront du temps et des investissements conséquents.

"Les détenus bénéficient en moyenne de 24 consultations médicales par an, dont environ 18 chez un médecin généraliste. Les médecins généralistes ont un rôle central dans les services médicaux. Il s'agit généralement d'indépendants qui, outre leur travail dans la prison, ont aussi leur propre cabinet. C'est également eux qui décident de l'orientation éventuelle d'un détenu vers un médecin spécialiste (interne ou externe), ou d'une hospitalisation. Chez les spécialistes, ce sont les psychiatres qui sont les plus souvent sollicités, avec une moyenne de 3 consultations par détenu par an", constatent le KCE dans un récent rapport.À côté de ces médecins généralistes, le personnel de santé de la prison comprend également des infirmiers et des kinésithérapeutes qui, pour leur part, travaillent le plus souvent (85%) sous statut d'employés de la Justice. Enfin, des dentistes, psychologues, et autres prestataires de soins peuvent également intervenir, sous des statuts divers.L'appel au personnel médical et paramédical est très variable selon les prisons ainsi que l'utilisation des soins. "Le nombre de consultations est relativement plus élevé chez les détenus nouvellement incarcérés, dans les tranches d'âge entre 40 et 50 ans et plus de 60 ans, chez les femmes et chez les internés (détenus souffrant de pathologies mentales et tenus pour irresponsables de leurs actes)." Par contre, le nombre de consultations était moins élevé chez les détenus en détention préventive, chez ceux sans permis de séjour ou ressortissants de l'UE non enregistrés en Belgique et chez ceux qui ne parlaient pas le français ou le néerlandais. La majeure partie des 43 millions que le SPF Justice et l'Inami consacrent aux soins de santé pour les détenus est consacrée au personnel (60%). 37 % vont aux soins proprement dits (dont 13 % pour les soins prodigués à l'extérieur de la prison et 24 % pour les soins intra-muros), et 3 % à l'organisation des soins. Mais ces pourcentages cachent là aussi de grandes disparités entre prisons. Le KCE a interrogé des gens de terrain. Ceux-ci estiment que les moyens financiers sont insuffisants pour apporter une médecine de qualité dans les prisons. "Ils déplorent un manque de personnel, d'équipements modernes, d'infrastructures, de perspectives de carrière, de possibilités de formation, etc." Problème lancinant : les médecins, dentistes, kinés sont souvent payés très en retard.Autre problème : le manque de communication entre les prestataires de soins externes et internes. Le transport des détenus vers l'hôpital ou le spécialiste est problématique également. "L'organisation d'une consultation peut prendre jusque 2 semaines et de nombreux rendez-vous chez les médecins doivent finalement être annulés."Le KCE site le Comité européen pour la Prévention de la Torture qui critique le fait que "le personnel médical disponible est insuffisant et les internés ne séjournent pas toujours dans une section distincte".La 6e Réforme de l'Etat a compliqué la donne. De multiples intervenants sont désormais impliqués dans les soins pénitentiaires, avec une absence de communication et de coordination, et parfois des doubles emplois.Enfin, le fait d'émarger du budget de la Justice peut compliquer le retour du détenu à la vie normale après sa libération.Outre le transfert des soins de santé vers la Santé publique, le KCE propose "une approche multidisciplinaire, avec dans chaque prison un coordinateur de soins qui veille à coordonner les interventions des différents acteurs, ainsi qu'une coordination centrale plus performante, assurée par un SSSP renforcé". Le nombre de prestataires de soins nécessaire doit être déterminé en fonction des besoins mais ce nombre semble insuffisant au KCE. "Chaque personne qui arrive en prison devrait se voir proposer un entretien médical approfondi pour inventorier ses problèmes physiques, psychiques et sociaux. Un plan de soins individuel serait alors élaboré et servirait de base pour le suivi par l'équipe interdisciplinaire et pour la communication avec les soignants extérieurs à la prison - aussi après la libération." Aux autorités à tester les propositions du KCE dans 3 ou 4 prisons avant de les généraliser. Car ces mesures exigeront du temps et des investissements conséquents.