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Je suspends l'auscultation un moment, ébloui par le cerisier du Japon dont la floraison inonde la baie vitrée. Comment raconter les fleurs - agates roses, diamants blancs, pépites d'or - et les verts tendres des jeunes feuilles qui succèdent soudain au noir et blanc des branches d'hiver ? Le regard se promène, bondit de buisson en bosquet, enchanté et rêveur devant cette nature qui resplendit dans son renouveau. De la cime au sol jonché de pétales soyeuses, ce printemps qui explose invite la palette du peintre à faire chanter les couleurs. Il y a quinze ans que Lucie a rangé ses valises au vestiaire, troquant les paysages lointains pour un superbe appartement de la banlieue verte de Bruxelles.Les billets d'avion ont été remplacés par les longues flâneries du regard dans le sillage des oiseaux et le souvenir des tables d'hôtes sur la terrasse qui reviendront, c'est sûr. Les rayons du soleil couchant donnent à sa vie un éclairage pointilliste dont elle se plaît à souligner la valeur symbolique : " Je revis avec le paysage, et c'est doux. " Elle prend congé de la vie sans se presser, avec de bonnes manières, soucieuse de n'importuner personne, le printemps invite à la patience.