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Maggie De Block a poussé une gueulante lundi matin sur les ondes de la RTBF (La Première). " Cela fait vingt ans que trop de médecins sortent des universités francophones. Certains disent qu'il n'y a pas assez de médecins pour l'instant côté wallon mais ce n'est pas vrai. Entre 2008 et 2021 plus de 3.000 médecins sont et seront diplômés 'en trop'. "Pour autant, la ministre elle-même ancienne MG estime que ce n'est pas aux étudiants de payer les erreurs du passé. " J'ai toujours dit que je ne voulais pas abandonner ceux qui ont entamé leurs études avant que je ne devienne ministre de la Santé et j'ai respecté ma parole. Avant moi, personne n'avait rien fait pour résoudre le problème. On a conclu un compromis politique au sein du gouvernement fédéral l'année passée. Il a été décidé de donner des attestations en plus pour que tous ces étudiants puissent commencer leur stage de spécialisation. Mais la condition était que les deux communautés, mettent en place un filtre efficace au début des études en médecine et dentisterie. On a convenu au sein du gouvernement de compenser sur une très longue période 1.531 étudiants en trop du côté francophone alors que seulement 505 seront autorisés à entamer leur stage en 2024, à la fin de leur formation de base. La Communauté française le sait pourtant très bien. "La ministre s'en tient à son mantra : limiter le nombre de médecins, c'est garantir la qualité de soins à nos patients. Elle calcule en effet que les universités francophones n'ont pas les capacités de former plus de 500 étudiants par an. S'il y en a davantage, la formation en pâtira et donc les patients aussi, estime la ministre. " Dans ce cas, le compromis politique de l'année passée tombe à l'eau. Je ne peux pas donner des attestations supplémentaires pour les étudiants qui seront diplômés en 2019. "Maggie De Block réfute les arguments du PS et du CDH selon lesquelles il y a pénurie de médecins. " C'est l'inverse. Mais il n'y a sans doute pas assez de médecins de la bonne spécialité. Mais ce n'est pas moi qui décide de cela. C'est Monsieur Marcourt qui a la main. Il a formé trop peu de généralistes et trop de spécialistes et il continue à le faire. Et ce sont les Régions et donc la ministre Gréoli qui peuvent prendre des mesures pour que les médecins soient bien répartis dans tout le pays. "Commentant la sortie de Maggie De Block sur les numéros Inami, Giovanni Briganti, président du Cium (Comité interuniversitaire des étudiants en médecine) regrette que l'étudiant se retrouve désormais piégé : " Le numéro Inami est la résultante d'une série de check-points dont l'examen d'entrée. Puis il faut réussir, bien sûr, ses études de médecine ; trois : espérer que le filtre à l'entrée fonctionne chaque année. Sur ce point, la ministre a raison : on ne peut pas savoir à l'avance. C'est très malin de sa part. Elle a mis la Wallonie-Bruxelles à genoux en lui imposant un filtre. La FWB a accepté le filtre. Elle annonce maintenant que les étudiants sont en danger suite au mauvais fonctionnement du filtre. Ensuite, elle promet de sauver les étudiants qu'elle vient de menacer. Un coup de maître. La Wallonie et Bruxelles diplôment trop de médecins... mais par rapport à quoi ? Par rapport aux standards édictés par le gouvernement lui-même mais considérés par le conseil d'Etat en 2016 comme non conformes aux besoins réels en santé publique ! "Briganti appelle à dépasser le cadre idéologique. " Il faut une bonne fois pour toute, un cadastre dynamique du nombre de spécialités en ETP publié chaque année. Il faut aussi définir quelles sont les tâches et les responsabilités d'un médecin dans le système de soins de santé et quelles compétences du médecin peuvent être transférées vers d'autres spécialités et aussi entre spécialités. La question à poser est : 'Avons-nous besoin ou pas et de quelle quantité de médecins ?' On le voit dans les hôpitaux. Les médecins sont débordés. Les assistants font du boulot de secrétariat. La question des sous-quotas par spécialité est cruciale également : pédiatrie, psychiatrie, médecine interne. La question cruciale pour le prochain gouvernement est la suivante : Voulons-nous sauver le système de santé ou l'enterrer ? "Jean-Claude Marcourt, le ministre PS de l'Enseignement supérieur en Fédération Wallonie-Bruxelles, se demande, quel est l'agenda de la ministre De Block. " Il n'y a pas d'accord de coopération entre les entités fédérées et le Fédéral au jour d'aujourd'hui. Le gouvernement fédéral n'a jamais eu besoin d'un accord avec les entités fédérées pour ce qui relève de ses compétences. La preuve en est,c'est que le Fédéral a parfois obtenu un accord et a passé outre, ce qui est la preuve qu'il n'en a pas besoin. Deux : Mme De Block s'émeut qu'un certain nombre de lauréats ont réussi l'examen d'entrée en médecine. Je rappelle seulement qu'un concours d'entrée avait été mis en place avec l'accord de la Cour constitutionnelle. Néanmoins, nous avons eu une difficulté au motif que le nombre de nommés au concours était fondé sur le nombre d'attestations Inami octroyées par le Fédéral. Le Conseil d'État a dit que nous ne pouvions pas utiliser l'arrêtéroyal fédéral car celui-ci était vicié par un défaut de motivation (à savoir le nombre d'attestations pour l'année n est équivalent au nombre d'attestations de l'année n-1). Donc j'écarte l'arrêté-royal.L'écartant, l'arrêté de la Fédération Wallonie-Bruxelles n'a plus de sens. Je l'écarte également. "Marcourt rappelle également qu'on manque de recul. " Les étudiants ont entamé leur cursus en octobre 2018. Ils viennent de passer une batterie d'examens en janvier 2019. Ces examens ne sont pas délibérés. Nous ne savons donc pas combien d'étudiants vont poursuivre en 2e BAC en octobre 2019. 10% des lauréats de l'examen d'entrée ne sont pas inscrits en médecine ou dentisterie. Nous constatons qu'il y a 20 % d'étrangers, 10% de Français et 10% d'autres se sont inscrits dans nos universités et on sait qu'ils ne s'installeront pas en Belgique. Dans nos universités, le taux de réussite après le 1er BAC est moins élevé (60% en FWB et plus de 80% en Flandre). Enfin, le nombre de médecins étrangers que nous importons à Bruxelles et en Wallonie est beaucoup plus élevé qu'en Flandre ! "Mr Marcourt se dit pourtant prêt au dialogue et veut bien changer son fusil d'épaule pour autant qu'on respecte les intérêts de francophones. " Je n'ai jamais dit qu'il ne faut pas un filtre efficace. Je le redis : si le système ne fonctionne pas et, nonobstant le respect de l'intérêt des francophones, je suis prêt à rebattre les cartes et à reparler de système plus efficient pour atteindre les objectifs. "