Le journal du Médecin : Comment s'est déroulée votre semaine en Belgique ?

Dr Gaïti : Très bien. Nous avons été bien accueillies, et cela nous a permis d'apprendre les dernières nouveautés en matière d'ultrasons, notamment au niveau de l'abdomen, mais aussi d'utiliser les nouveaux appareils d'échographie.

Nous avons ce matériel en Grèce, mais pas dans le village où l'on vit, à Mantoudi, qui est à 2 heures et demies d'Athènes. Il y a un manque de matériel médical criant sur l'île d'Eubée.

Pourriez-vous nous décrire la situation ?

Dr Gaïti : Avant la crise économique, nous n'avions pas de problèmes. Aujourd'hui, nous vivons une pénurie de médicaments, mais aussi de médecins. Les permanences sont donc difficiles à assumer, surtout si l'on tient compte des distances souvent importantes (l'île d'Eubée fait plus ou moins la superficie de la province de Namur - 3.684 km², mais elle est étendue sur 180 km du nord au sud, le relief est escarpé et il n'y a pas d'autoroute, ndla). Il y a une heure et demie de trajet en ambulance ou en voiture pour atteindre le premier hôpital qui est à la Chalcis.

Dr Skoumpri : Nous manquons de gants, de seringues, de fils pour recoudre les plaies, de médicaments de premiers soins. Avant cette initiative, nous n'avions pas d'appareils pour réaliser les analyses sanguines, nous n'avions pas de savon pour nous laver les mains. Nous n'avions pas non plus d'électrocardiogramme, d'éponge, de gel pour réaliser des échographies.

Dr Gaïti : Ce matériel, nous l'avions avant la crise. Mais depuis que le gouvernement est en défaut de paiement vis-à-vis des firmes pharmaceutiques, la situation a changé.

Dr Skoumpri : L'ambulance qui arrive est une aubaine. Nous n'avons pour l'instant qu'une vieille ambulance qui a plus de 300.000 km au compteur et qui tombe toujours en panne.

Je comprends au niveau matériel, mais comment expliquer la pénurie de main d'oeuvre ?

Dr Gaïti : Le manque de médecins s'explique facilement : il n'y a pas d'argent pour les payer ! L'État, qui s'occupe d'engager les médecins dans le public, n'est donc plus en mesure de contracter qui que soit.

Dr Skoumpri : Nous manquons de gants, de seringues, de fils pour recoudre les plaies, de médicaments de premiers soins.

Les hôpitaux privés ne font donc pas face à la même problématique.

Dr Skoumpri : Effectivement. Mais la situation a changé. Depuis la crise, les gens se rendent dans les hôpitaux publics. Il y a d'ailleurs beaucoup plus de travail, vu le nombre croissant de personnes sans assurance ni couverture sociale.

Comment font ces gens aujourd'hui ?

Dr Gaïti : Les gens qui travaillent ont un livret médical et une somme de leur salaire est perçue pour couvrir les frais de santé. Si une personne active tombe malade, elle se rend à la maison médicale ou à l'hôpital avec ce carnet et ne paye rien.

Avant la crise, les gens qui n'avaient pas de couverture sociale devaient tout payer. Les frais de santé étaient donc un luxe pour eux. Mais depuis environ un an, ils peuvent recevoir des soins dans les hôpitaux publics, sans rien débourser. C'est une difficulté supplémentaire pour les médecins travaillant dans le public car ils ne sont pas payés. Cette situation provoque le délabrement des dispensaires de Grèce, qui n'ont pas de chauffage...

Dr Skoumpri : Et pas d'hygiène hospitalière.

Pourquoi continuer à travailler dans ces conditions ? Qu'est-ce qui vous motive ?

Dr Gaïti : Qui va encore se faire soigner dans les hôpitaux privés ? Personne. Beaucoup de médecins partent à l'étranger pour fuir cette situation.

Dr Skoumpri : Tous les jeunes, tous ceux qui n'ont pas de familles, de maisons, d'enfants, partent. Si nous n'avions pas d'enfants, nous serions parties également. Personne ne reste en Grèce, à moins d'être attaché à la famille, à un lieu.

Comment voyez-vous le futur ?

Dr Gaïti : Nous avons de l'espoir (rires). Nous devons avoir de l'espoir. Sinon, il faut partir. Si tu ne peux pas partir, il faut s'accrocher à l'espoir que la situation ira en s'améliorant, tu n'as pas le choix.

Le temps d'une semaine, les médecins grecques ont suivi une formation "échographie" au CHU Saint-Pierre. , LZ
Le temps d'une semaine, les médecins grecques ont suivi une formation "échographie" au CHU Saint-Pierre. © LZ

Former depuis la Grèce

Former le personnel plus longtemps ou en plus grand nombre au CHU St-Pierre relève de la gageure. Les médecins ne sont pas nombreux au nord de l'île d'Eubée. "Mais grâce au matériel que nous allons leur envoyer, la formation pourra se poursuivre à distance", explique le Dr Van Alphen. "Maintenant qu'une partie des médecins a reçu une formation quant à la manipulation des appareils que nous allons leur envoyer, il est plus facile de les aider."

Désormais, les médecins grecs pourront obtenir le feedback des spécialistes belges grâce au matériel connecté : une échographie, un électrocardiogramme et même un son d'une auscultation pourront être envoyés. L'expertise se fera de manière bénévole.

Le journal du Médecin : Comment s'est déroulée votre semaine en Belgique ?Dr Gaïti : Très bien. Nous avons été bien accueillies, et cela nous a permis d'apprendre les dernières nouveautés en matière d'ultrasons, notamment au niveau de l'abdomen, mais aussi d'utiliser les nouveaux appareils d'échographie. Nous avons ce matériel en Grèce, mais pas dans le village où l'on vit, à Mantoudi, qui est à 2 heures et demies d'Athènes. Il y a un manque de matériel médical criant sur l'île d'Eubée.Pourriez-vous nous décrire la situation ?Dr Gaïti : Avant la crise économique, nous n'avions pas de problèmes. Aujourd'hui, nous vivons une pénurie de médicaments, mais aussi de médecins. Les permanences sont donc difficiles à assumer, surtout si l'on tient compte des distances souvent importantes (l'île d'Eubée fait plus ou moins la superficie de la province de Namur - 3.684 km², mais elle est étendue sur 180 km du nord au sud, le relief est escarpé et il n'y a pas d'autoroute, ndla). Il y a une heure et demie de trajet en ambulance ou en voiture pour atteindre le premier hôpital qui est à la Chalcis.Dr Skoumpri : Nous manquons de gants, de seringues, de fils pour recoudre les plaies, de médicaments de premiers soins. Avant cette initiative, nous n'avions pas d'appareils pour réaliser les analyses sanguines, nous n'avions pas de savon pour nous laver les mains. Nous n'avions pas non plus d'électrocardiogramme, d'éponge, de gel pour réaliser des échographies.Dr Gaïti : Ce matériel, nous l'avions avant la crise. Mais depuis que le gouvernement est en défaut de paiement vis-à-vis des firmes pharmaceutiques, la situation a changé.Dr Skoumpri : L'ambulance qui arrive est une aubaine. Nous n'avons pour l'instant qu'une vieille ambulance qui a plus de 300.000 km au compteur et qui tombe toujours en panne. Je comprends au niveau matériel, mais comment expliquer la pénurie de main d'oeuvre ? Dr Gaïti : Le manque de médecins s'explique facilement : il n'y a pas d'argent pour les payer ! L'État, qui s'occupe d'engager les médecins dans le public, n'est donc plus en mesure de contracter qui que soit.Les hôpitaux privés ne font donc pas face à la même problématique.Dr Skoumpri : Effectivement. Mais la situation a changé. Depuis la crise, les gens se rendent dans les hôpitaux publics. Il y a d'ailleurs beaucoup plus de travail, vu le nombre croissant de personnes sans assurance ni couverture sociale.Comment font ces gens aujourd'hui ?Dr Gaïti : Les gens qui travaillent ont un livret médical et une somme de leur salaire est perçue pour couvrir les frais de santé. Si une personne active tombe malade, elle se rend à la maison médicale ou à l'hôpital avec ce carnet et ne paye rien. Avant la crise, les gens qui n'avaient pas de couverture sociale devaient tout payer. Les frais de santé étaient donc un luxe pour eux. Mais depuis environ un an, ils peuvent recevoir des soins dans les hôpitaux publics, sans rien débourser. C'est une difficulté supplémentaire pour les médecins travaillant dans le public car ils ne sont pas payés. Cette situation provoque le délabrement des dispensaires de Grèce, qui n'ont pas de chauffage...Dr Skoumpri : Et pas d'hygiène hospitalière.Pourquoi continuer à travailler dans ces conditions ? Qu'est-ce qui vous motive ?Dr Gaïti : Qui va encore se faire soigner dans les hôpitaux privés ? Personne. Beaucoup de médecins partent à l'étranger pour fuir cette situation. Dr Skoumpri : Tous les jeunes, tous ceux qui n'ont pas de familles, de maisons, d'enfants, partent. Si nous n'avions pas d'enfants, nous serions parties également. Personne ne reste en Grèce, à moins d'être attaché à la famille, à un lieu.Comment voyez-vous le futur ? Dr Gaïti : Nous avons de l'espoir (rires). Nous devons avoir de l'espoir. Sinon, il faut partir. Si tu ne peux pas partir, il faut s'accrocher à l'espoir que la situation ira en s'améliorant, tu n'as pas le choix.