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Atterrir à Kangerlussuaq après 4 heures d'avion est un véritable choc. Outre la chute de température -passant d'une trentaine de degrés à quelques degrés -, le paysage est spectaculaire. Un aéroport de campagne dans un décor lunaire. Après quelques kilomètres en bus, se détache la silhouette de l'Astoria, élégant navire de 1948, complètement rénové il y a quelques années. Après quelques heures de mer, les passagers ont pu découvrir au fil des jours plusieurs villes et villages du Groenland (Sissimiut, Nuuk, Qaqortok...), peuplés pour certains de quelques milliers d'habitants et pour d'autres de quelques dizaines. Des maisons colorées (en fonction du métier de l'habitant) s'étendent autour du port, point central de chaque ville puisque les villes ne communiquent que par l'océan ou les airs. L'habitat pratique, sans fioriture, doit supporter les longs et rudes hivers. Lors de ces escales, nos lecteurs ont eu l'occasion de rencontrer les habitants, des éleveurs de chiens de traîneau, d'explorer les fjords en bateau ou en hélicoptère, de marcher sur un glacier, de slalomer entre les icebergs, de toucher des yeux plusieurs baleines... Des découvertes inoubliables. A Ilimanaq, au retour des excursions, l'embarquement sur le bateau a été sérieusement perturbé pour les deux dernières chaloupes. Elles ont dû manoeuvrer durant près de cinq heures à cause de la hauteur des vagues et des conditions météorologiques difficiles. Finalement, par prudence, douze passagers sont retournés loger à terre pour la nuit. Les équipes du commandant de l'Astoria, Antonio Morais, et de Rivages du monde se sont mobilisées durant une bonne partie de la soirée et de la nuit pour récupérer les passagers. Le départ de l'Astoria a été retardé jusqu'au retour, en bonne santé, des "aventuriers" involontaires. Malheureusement, un matelot ukrainien a été sérieusement blessé lors d'une tentative d'accostage. Souffrant d'une triple fracture ouverte à la jambe, le matelot a été hélitreuillé durant la nuit pour l'emmener à l'hôpital de Nuuk, la capitale du Groenland. Au moment d'écrire ces lignes, le patient avait été immobilisé en attendant de pouvoir repartir chez lui pour suivre sa convalescence. Les passagers du Journal du médecin et du Pharmacien ont fait une standing ovation pour remercier et encourager le blessé. Les accompagnateurs de Rivages du monde, dirigés par Marc Deckers, et l'équipage de l'Astoria, ont géré cette situation délicate avec un grand professionnalisme en s'adaptant aux conditions météorologiques difficiles. A côté du spectacle que la nature offre du matin au matin (le soleil ne se couchant quasi jamais), les passagers ont eu l'occasion de participer à de nombreuses conférences scientifiques de haut niveau. Un programme varié -enregistrement dans les soins non planifiés, retrait du permis de conduire, approche holistique du patient tabagique, exploration digitale dans le domaine de la santé, réglementation relative à l'euthanasie... - qui fait la part belle aux échanges entre médecins (généralistes et spécialistes) et pharmaciens.D'autres conférences - dont celles de l'explorateur belge Tony Van Autenboer - ont permis aux passagers de mieux connaître l'Arctique ou l'Antarctique. Le divertissement musical est également au programme des soirées: plusieurs artistes confirmés ont présenté des répertoires variés (de Mozart à Don Quichotte en passant par les grands standards de la variété internationale.)Après le passage du Prince Christian Sund - détroit de 112 km, situé à la pointe du Groenland, qui permet d'éviter le franchissement du Cap Farvel où les courants et les vents peuvent être assez forts - l'Astoria se dirige calmement vers l'Islande. Deuxième grande partie de notre voyage. D'autres découvertes nous y attendent.