" Redynamiser l'Absym " : C'est par ces mots que le nouveau président, le Dr Devos, terminait son discours d'intronisation. Ils ne semblent pas très gentils pour les " Eléphants " qui se sont investis pendant tant d'années, mais ils correspondent peut-être à un sentiment des médecins qui ne se manifeste pas spécialement vis-à-vis de l'Absym ou ses dirigeants mais parait répandu à l'égard du syndicalisme médical en général. Les médecins se sont désintéressés de débats professionnels au fur et à mesure que les négociateurs ont été isolés dans les confrontations d'experts confinées à l'exécution des décisions du gouvernement. La ministre De Block a volontairement développé cette équivoque par sa volonté de choisir elle-même ses interlocuteurs médicaux en nombre très limité pour leur expertise, excluant tout autre mandataire et rejetant publiquement leur caractère représentatif.

De nouveaux visages ont émergé. Ils annoncent de nouveaux usages ou, en tout cas, la recherche d'une nouvelle dynamique annoncée à l'Absym et brusquement concrétisée au GBO...

Le GBO regarde vers les hôpitaux

Le GBO renforce son staff en y associant Jean-Noël Godin. Cet ancien conseiller santé du premier ministre devient disponible par le départ de ce dernier et cette disponibilité n'est apparemment pas apparue comme une opportunité pour l'Absym. Par contre, le GBO y a trouvé l'occasion cherchée depuis longtemps de disposer d'un juriste de qualité, de surcroit bien introduit et politiquement expérimenté. Mais sans doute cet engagement va -t-il au-delà d'une amélioration de l'organisation. Godin, ancien directeur de Cobeprive, apporte son expertise des questions hospitalières. Pourquoi faire chez des généralistes ?

Le GBO s'est assuré une place prédominante dans la première ligne en Communauté française et y a associé politiquement les cercles de généralistes qui ne sont pas des syndicats mais ont le monopole de l'organisation des gardes de première ligne. Dans les faits et pour une politique de santé régionale, la première ligne comprend aussi les services d'urgence des hôpitaux. Et cette place a été institutionnalisée par les généralistes eux même en leur abandonnant les gardes après 22 h. Les syndicats médicaux ont un rôle à jouer dans la collaboration de ces deux structures vis-à-vis de la région wallonne. Le discours de l'Absym n'évoque cependant pas cette question qui pourrait être primordiale pour le futur. Du côté du Cartel, le modeste Modes n'a sans doute pas le poids nécessaire pour défendre ce point de vue et prétendre parler au nom des urgentistes concernés. Par contre, il est évident que le GBO a tout intérêt à insérer les généralistes dans les réseaux d'hôpitaux pour en compléter l'organisation. Ce serait logique dans une politique de Santé globale. A-t-il vu l'opportunité de négocier directement avec les gestionnaires, pouvoirs organisateurs des services d'urgence, plutôt qu'avec les spécialistes à ce sujet et d'ailleurs aussi à celui des soins post-hospitalisation à domicile ? Ce serait un décryptage plausible de l'engagement par le GBO de l'ancien directeur de Cobeprive puis Gibbis, qui a d'ailleurs également d'excellents rapports avec l'Absym.

Participation ou confrontation, mais toujours la loi du plus fort

A l'Absym aussi, il y a du nouveau avec l'apparition d'une nouvelle génération de dirigeants. Mais les évolutions annoncées apparaissent plus organisationnelles que stratégiques.

Le nouveau président veut commencer par cerner les besoins des médecins : logique ! Pour vendre des services, il faut bien sûr que ces derniers répondent à des attentes, voire les créer. Un syndicat médical propose, à côté du pur appui professionnel, l'adhésion à des valeurs éthiques, à un courant de pensée intégrant le bien des patients. Depuis 50 ans, c'est le choix de l'Absym. Doit-elle continuer ? Si sa cible se détourne de ces valeurs, elle se retrouvera confrontée à un choix éthique : les abandonner au profit des intérêts des seuls médecins, pour rester dans le vent comme des feuilles mortes avec le risque d'en acquérir le poids. Ou bien les garder, parce qu'elles paraissent fondamentales et font partie du gène du mouvement, au risque d'isolement dans la citadelle Hippocratique perdue dans une société magnifiant l'égoïsme individuel plutôt que la solidarité. Ce choix déterminera le projet du mouvement. Il impactera son recrutement, ses objectifs et sa politique.

Le Dr Devos a dessiné l'Absym de demain. Il a choisi. Il annonce dans son programme son souhait d'offrir une vision sur le sens de la profession et sur l'avenir du métier faisant primer l'intérêt général sur l'intérêt de son parti, même au risque de perdre des membres. C'est la continuité

Sur le plan stratégique pour défendre cette approche, le Dr Devos insiste sur sa foi dans la participation et le compromis. Il veut éviter d'être " un syndicat à l'ancienne ", " force d'opposition stérile ", pour devenir une force de proposition. Il devra quand même intégrer dans cette stratégie, pas vraiment nouvelle pour l'Absym, le fait que le syndicalisme, c'est de la politique. La politique est une confrontation de visions et de projets, en l'espèce, entre ceux des médecins et ceux du gouvernement, des partis et des Mutuelles et des gestionnaires, le tout dans un carcan budgétaire. On n'y n'obtient rien pour rien. Il faut imposer à l'interlocuteur le respect et celui-ci est lié au rapport de force et finalement à la capacité de conviction, de pression, pour ne pas dire la capacité de nuisance. Vouloir exclure la position de contrepouvoir, c'est se convertir en lobby. Tournant capital. Il n'y a pas de plan stratégique sans positionnements vis-à-vis des visions des mutuelles et des Partis préalable à une volonté de compromis. Celui-ci nécessitera toujours de trouver un point d'intérêt commun et le sacrifice d'une revendication, prix à payer pour un accord

Dans ce rapport de forces, le financement des syndicats par l'Inami en contre partie de leur partenariat est déjà devenu une donne de la partie en les fragilisant. Il place les comptes de tous les syndicats médicaux sous la surveillance financière de l'Inami, dont le Conseil général contrôle que les aides versées n'aient pas été utilisés à payer des actions dirigées contre lui.

Organisation du travail et répartition : Retour à la case départ

Sur le plan pratique on n'annonce pas de plan stratégique. Un plan stratégique démarre généralement par un SWOT, sauf lorsque la réflexion est réservée aux chefs et la remise en question mal venue. Cette méthode analyse les forces (S) et faiblesses (W) des acteurs en présence, les opportunités (O) et les menaces (T) caractérisant la problématique en question. Elle permet d'en dégager un objectif réaliste et surtout l'essentiel, le facteur critique, celui sans lequel il est impossible d'atteindre un objectif. Les objectifs et les moyens en découlent logiquement. Cela peut ressembler à une remise en question, ce pourquoi le bon moment, c'est le début d''un nouveau mandat.

Le président n'a pas évoqué une refondation. Il se focalise plutôt sur ce qui ressemble à une approche tactique. Il propose dans une interview au Spécialiste un travail par groupes thématiques. Le Dr de Toeuf a précisé qu'il visait à impliquer un expert par secteur pour remplacer la concentration actuelle de toutes les matières sur deux têtes. L'idée n'est pas originale. Cette structuration fut installée dès le début des chambres syndicales en 1963. Il y eut notamment les commissions des hôpitaux, de l'Aide médicale urgente, d'expertise, de la qualité des soins, d'action syndicale et particulièrement une commission fédérale par spécialité et celle de médecine générale. Leurs rapporteurs participaient aux négociations les concernant.

Pour les groupes thématiques, au fur et à mesure que les problèmes ont été résolus par la fédération (actuelle Absym), les membres et associations concernés se sont évaporés, ces matières s'étant en outre souvent régionalisées. Pour ce qui est des commissions spécialisées, leurs missions ont été reprises par les unions professionnelles du GBS, en application de l'accord GBS- Absym, axe stratégique fondamental des deux parties qui les rend tous deux incontournables dans le domaine de la médecine spécialisée et des hôpitaux. Les experts qui en sont issus sont simultanément membres dans chacune des deux organisations. La transformation de la commission fédérale des généralistes de l'Absym en une Association des Médecins de famille n'a en revanche pas donné l'élan espéré.

L'avenir aux Régions : le défi majeur

Dans cette approche tactique, le Dr Devos voudrait aussi ne plus travailler par province, c'est-à-dire traditionnellement par le canal des anciennes chambres syndicales rebaptisées " Sections Absym ", mais agir transversalement. Il entend par là sans doute que le responsable d'un domaine négocie tant au fédéral que dans les régions, un leader expert liégeois pouvant ainsi affronter la Région flamande.

Cela semble aller à contrecourant. La régionalisation des compétences, des règlements, des financements, et des interlocuteurs, imposent désormais irrémédiablement une action par régions à côté de l'action fédérale restée importante. Les transferts ne sont pas finis, quel que soit l'espoir wallon de garder une sécurité sociale nationale. Ils nécessitent une nouvelle expertise. Le défi majeur pour les syndicats médicaux, ce sera d'agir au sein des structures médicales régionales qu'ils ne pourront plus snober, comme la plateforme de première ligne réunissant les généralistes wallons, déjà investie par le GBO, ou comme les réseaux d'hôpitaux régionaux. Il leur faut parallèlement s'imposer aux gouvernements des Régions qui ne sont pas fans de concertation. Les absents ont toujours tort.

" Redynamiser l'Absym " : C'est par ces mots que le nouveau président, le Dr Devos, terminait son discours d'intronisation. Ils ne semblent pas très gentils pour les " Eléphants " qui se sont investis pendant tant d'années, mais ils correspondent peut-être à un sentiment des médecins qui ne se manifeste pas spécialement vis-à-vis de l'Absym ou ses dirigeants mais parait répandu à l'égard du syndicalisme médical en général. Les médecins se sont désintéressés de débats professionnels au fur et à mesure que les négociateurs ont été isolés dans les confrontations d'experts confinées à l'exécution des décisions du gouvernement. La ministre De Block a volontairement développé cette équivoque par sa volonté de choisir elle-même ses interlocuteurs médicaux en nombre très limité pour leur expertise, excluant tout autre mandataire et rejetant publiquement leur caractère représentatif.De nouveaux visages ont émergé. Ils annoncent de nouveaux usages ou, en tout cas, la recherche d'une nouvelle dynamique annoncée à l'Absym et brusquement concrétisée au GBO...Le GBO renforce son staff en y associant Jean-Noël Godin. Cet ancien conseiller santé du premier ministre devient disponible par le départ de ce dernier et cette disponibilité n'est apparemment pas apparue comme une opportunité pour l'Absym. Par contre, le GBO y a trouvé l'occasion cherchée depuis longtemps de disposer d'un juriste de qualité, de surcroit bien introduit et politiquement expérimenté. Mais sans doute cet engagement va -t-il au-delà d'une amélioration de l'organisation. Godin, ancien directeur de Cobeprive, apporte son expertise des questions hospitalières. Pourquoi faire chez des généralistes ? Le GBO s'est assuré une place prédominante dans la première ligne en Communauté française et y a associé politiquement les cercles de généralistes qui ne sont pas des syndicats mais ont le monopole de l'organisation des gardes de première ligne. Dans les faits et pour une politique de santé régionale, la première ligne comprend aussi les services d'urgence des hôpitaux. Et cette place a été institutionnalisée par les généralistes eux même en leur abandonnant les gardes après 22 h. Les syndicats médicaux ont un rôle à jouer dans la collaboration de ces deux structures vis-à-vis de la région wallonne. Le discours de l'Absym n'évoque cependant pas cette question qui pourrait être primordiale pour le futur. Du côté du Cartel, le modeste Modes n'a sans doute pas le poids nécessaire pour défendre ce point de vue et prétendre parler au nom des urgentistes concernés. Par contre, il est évident que le GBO a tout intérêt à insérer les généralistes dans les réseaux d'hôpitaux pour en compléter l'organisation. Ce serait logique dans une politique de Santé globale. A-t-il vu l'opportunité de négocier directement avec les gestionnaires, pouvoirs organisateurs des services d'urgence, plutôt qu'avec les spécialistes à ce sujet et d'ailleurs aussi à celui des soins post-hospitalisation à domicile ? Ce serait un décryptage plausible de l'engagement par le GBO de l'ancien directeur de Cobeprive puis Gibbis, qui a d'ailleurs également d'excellents rapports avec l'Absym.A l'Absym aussi, il y a du nouveau avec l'apparition d'une nouvelle génération de dirigeants. Mais les évolutions annoncées apparaissent plus organisationnelles que stratégiques.Le nouveau président veut commencer par cerner les besoins des médecins : logique ! Pour vendre des services, il faut bien sûr que ces derniers répondent à des attentes, voire les créer. Un syndicat médical propose, à côté du pur appui professionnel, l'adhésion à des valeurs éthiques, à un courant de pensée intégrant le bien des patients. Depuis 50 ans, c'est le choix de l'Absym. Doit-elle continuer ? Si sa cible se détourne de ces valeurs, elle se retrouvera confrontée à un choix éthique : les abandonner au profit des intérêts des seuls médecins, pour rester dans le vent comme des feuilles mortes avec le risque d'en acquérir le poids. Ou bien les garder, parce qu'elles paraissent fondamentales et font partie du gène du mouvement, au risque d'isolement dans la citadelle Hippocratique perdue dans une société magnifiant l'égoïsme individuel plutôt que la solidarité. Ce choix déterminera le projet du mouvement. Il impactera son recrutement, ses objectifs et sa politique. Le Dr Devos a dessiné l'Absym de demain. Il a choisi. Il annonce dans son programme son souhait d'offrir une vision sur le sens de la profession et sur l'avenir du métier faisant primer l'intérêt général sur l'intérêt de son parti, même au risque de perdre des membres. C'est la continuitéSur le plan stratégique pour défendre cette approche, le Dr Devos insiste sur sa foi dans la participation et le compromis. Il veut éviter d'être " un syndicat à l'ancienne ", " force d'opposition stérile ", pour devenir une force de proposition. Il devra quand même intégrer dans cette stratégie, pas vraiment nouvelle pour l'Absym, le fait que le syndicalisme, c'est de la politique. La politique est une confrontation de visions et de projets, en l'espèce, entre ceux des médecins et ceux du gouvernement, des partis et des Mutuelles et des gestionnaires, le tout dans un carcan budgétaire. On n'y n'obtient rien pour rien. Il faut imposer à l'interlocuteur le respect et celui-ci est lié au rapport de force et finalement à la capacité de conviction, de pression, pour ne pas dire la capacité de nuisance. Vouloir exclure la position de contrepouvoir, c'est se convertir en lobby. Tournant capital. Il n'y a pas de plan stratégique sans positionnements vis-à-vis des visions des mutuelles et des Partis préalable à une volonté de compromis. Celui-ci nécessitera toujours de trouver un point d'intérêt commun et le sacrifice d'une revendication, prix à payer pour un accordDans ce rapport de forces, le financement des syndicats par l'Inami en contre partie de leur partenariat est déjà devenu une donne de la partie en les fragilisant. Il place les comptes de tous les syndicats médicaux sous la surveillance financière de l'Inami, dont le Conseil général contrôle que les aides versées n'aient pas été utilisés à payer des actions dirigées contre lui.Sur le plan pratique on n'annonce pas de plan stratégique. Un plan stratégique démarre généralement par un SWOT, sauf lorsque la réflexion est réservée aux chefs et la remise en question mal venue. Cette méthode analyse les forces (S) et faiblesses (W) des acteurs en présence, les opportunités (O) et les menaces (T) caractérisant la problématique en question. Elle permet d'en dégager un objectif réaliste et surtout l'essentiel, le facteur critique, celui sans lequel il est impossible d'atteindre un objectif. Les objectifs et les moyens en découlent logiquement. Cela peut ressembler à une remise en question, ce pourquoi le bon moment, c'est le début d''un nouveau mandat.Le président n'a pas évoqué une refondation. Il se focalise plutôt sur ce qui ressemble à une approche tactique. Il propose dans une interview au Spécialiste un travail par groupes thématiques. Le Dr de Toeuf a précisé qu'il visait à impliquer un expert par secteur pour remplacer la concentration actuelle de toutes les matières sur deux têtes. L'idée n'est pas originale. Cette structuration fut installée dès le début des chambres syndicales en 1963. Il y eut notamment les commissions des hôpitaux, de l'Aide médicale urgente, d'expertise, de la qualité des soins, d'action syndicale et particulièrement une commission fédérale par spécialité et celle de médecine générale. Leurs rapporteurs participaient aux négociations les concernant.Pour les groupes thématiques, au fur et à mesure que les problèmes ont été résolus par la fédération (actuelle Absym), les membres et associations concernés se sont évaporés, ces matières s'étant en outre souvent régionalisées. Pour ce qui est des commissions spécialisées, leurs missions ont été reprises par les unions professionnelles du GBS, en application de l'accord GBS- Absym, axe stratégique fondamental des deux parties qui les rend tous deux incontournables dans le domaine de la médecine spécialisée et des hôpitaux. Les experts qui en sont issus sont simultanément membres dans chacune des deux organisations. La transformation de la commission fédérale des généralistes de l'Absym en une Association des Médecins de famille n'a en revanche pas donné l'élan espéré.Dans cette approche tactique, le Dr Devos voudrait aussi ne plus travailler par province, c'est-à-dire traditionnellement par le canal des anciennes chambres syndicales rebaptisées " Sections Absym ", mais agir transversalement. Il entend par là sans doute que le responsable d'un domaine négocie tant au fédéral que dans les régions, un leader expert liégeois pouvant ainsi affronter la Région flamande.Cela semble aller à contrecourant. La régionalisation des compétences, des règlements, des financements, et des interlocuteurs, imposent désormais irrémédiablement une action par régions à côté de l'action fédérale restée importante. Les transferts ne sont pas finis, quel que soit l'espoir wallon de garder une sécurité sociale nationale. Ils nécessitent une nouvelle expertise. Le défi majeur pour les syndicats médicaux, ce sera d'agir au sein des structures médicales régionales qu'ils ne pourront plus snober, comme la plateforme de première ligne réunissant les généralistes wallons, déjà investie par le GBO, ou comme les réseaux d'hôpitaux régionaux. Il leur faut parallèlement s'imposer aux gouvernements des Régions qui ne sont pas fans de concertation. Les absents ont toujours tort.