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MoveUp est la toute première application de notre pays qui sera officiellement remboursée par l'Inami. Il s'agit d'une application que nos lecteurs connaissent sûrement car cela fait plus de cinq ans qu'elle est citée dans nos articles. MoveUp avait d'ailleurs été récompensée lors du tout premier hackaton m-health belge, en 2016, où les lecteurs du jdM, amenés à voter, avaient largement plébiscité cet outil qui propose aux patients opérés du genou un trajet de revalidation sur mesure (lire jdM n°2447).La Belgique évalue les applications médicales sur la base d'une pyramide de validation. La pyramide comporte trois niveaux : M1, M2 et M3. Plus les applications veulent monter dans la pyramide, plus les conditions qu'elles doivent remplir sont strictes. Les applications qui atteignent le sommet de la pyramide (niveau M3) peuvent compter sur un financement public.Néanmoins, le troisième niveau de la pyramide de validation est également divisé en deux catégories : M3- et M3+. Les applications médicales qui collectent encore des données sur leurs avantages pour la santé peuvent déjà être prises en considération pour un financement préliminaire au niveau M3-. Ainsi, les patients peuvent profiter plus rapidement des avantages, un système qui est également appliqué pour les médicaments innovants, par exemple. MoveUp entre dans cette catégorie. Lorsqu'une application de la catégorie M3- a prouvé sa valeur ajoutée, elle peut se retrouver dans la catégorie M3+ et être structurellement remboursée.Deux autres applications sont en lice pour être remboursées et ont déjà reçu une évaluation positive du gouvernement, l'une pour la thérapie du sommeil et l'autre pour l'oncologie. L'Inami est en train de réviser les parcours de soins en matière de thérapie du sommeil et d'oncologie pour faire de la place à l'utilisation des apps en question." Ce qui est essentiel, c'est qu'une application doit toujours être considérée dans le contexte d'un processus de soins plus large ", explique mHealth Belgium. " Le gouvernement ne remboursera jamais une application en tant que telle, mais il remboursera son utilisation dans le cadre d'un certain processus de soins. Cela nécessite souvent un ajustement du financement du processus de soins en question. On s'attend à ce que le gouvernement revoie divers processus de soins dans les mois et années à venir afin d'y donner une place officielle à l'utilisation des applications médicales et autres formes de technologies numériques de santé. "Chez BeMedTech, on se félicite de cet acte pionnier. " On sait depuis longtemps que les applications médicales peuvent avoir une valeur ajoutée dans les différentes phases d'un processus de soins de santé, de la prévention et du diagnostic au traitement et au suivi. Depuis quelques années, les applications médicales bénéficient également d'un " label de qualité " dans notre pays. Mais la véritable percée de la " santé mobile " ou m-santé n'a pas eu lieu. Nous espérons que la décision à propos de moveUP changera bientôt cette situation. "La fédération se demande toutefois pourquoi cette étape a pris tant de temps. " Notre analyse ? C'est une conséquence du système, de la façon dont nos soins de santé sont financés. Le gouvernement veut donner une place aux solutions innovantes comme l'application médicale dans les soins de santé, mais se heurte à un système de financement encore très axé sur la performance ", explique Marnix Denys, directeur général de beMedTech. " Aujourd'hui, les soins de santé sont presque toujours un processus dans lequel les prestataires de soins accompagnent les patients sur une période plus longue. Il existe de nombreuses solutions technologiques qui peuvent aider les prestataires de soins de santé et les patients, par exemple pour surveiller l'état des patients, pour permettre un suivi à distance, pour soutenir les patients dans leur observance thérapeutique, etc... Mais nous avons du mal à donner à ces outils une application pratique. Mais nous peinons à donner à ces outils une place dans notre financement conçu de manière classique. " " Une visite à l'hôpital, un scanner, une prise de sang... sont autant de performances "mesurables" sur lesquelles on peut mettre un "prix". Mais une application que le patient utilise en permanence et qui nécessite un suivi de la part de l'équipe soignante, c'est une autre histoire ", poursuit Marnix Denys. " À cet égard, le financement des apps médicales est un exemple du défi auquel est confronté l'ensemble de notre système de santé. Pour stimuler l'innovation dans nos soins, nous avons besoin de modèles de financement qui ne considèrent pas les soins comme une pure somme de services prédéterminés, mais comme un ensemble de soins que les patients et les prestataires de soins peuvent mettre en place en concertation. La percée actuelle de la m-santé peut être un tremplin pour y parvenir. "