Chaque médecin connaît autour de lui un médecin qui souffre ou a souffert d'un burn out. " Trouver des solutions est urgent. Une réaction constructive est de continuer à étudier scientifiquement et avec rigueur la détresse des médecins ", explique la doctorante Emilie Banse. " Mes thématiques de thèse s'articulent autour du burn out et de la question de la détresse psychologique, mais aussi des comportements de santé des médecins. J'ai obtenu pour réaliser cette thèse un mandat d'aspirante au FNRS. "
" Je suis en train de développer un projet de recherche s'intéressant aux normes professionnelles propres à la culture médicale et à leur lien potentiel à la détresse psychologique et les comportements de santé des médecins et assistants en médecine ", continue la chercheuse." Pour celle-ci, je cherche à recruter 550 médecins francophones exerçant pour l'instant en Belgique (médecins et assistants en médecine, peu importe leur spécialité ou lieu de travail). "
15 minutes de votre temps
L'objectif : répondre à un questionnaire en ligne de 15 minutes. " En tant que membres de la communauté médicale, j'invite les médecins à répondre à une courte enquête anonyme en ligne explorant des éléments abordés dans la littérature scientifique rédigée par des médecins, pour des médecins. "
L'étude menée par la doctorante de l'UCLouvain abordera de nouvelles perspectives inexplorées jusqu'ici et qui pourraient contribuer à comprendre pourquoi, malgré des décennies de recherches sur le bien-être des médecins au travail, si peu de choses changent. " J'encourage les lecteurs à partager cette étude à leurs collègues. Au plus de médecins répondront à cette enquête, au plus nous pourrons fournir une vision solide et généralisable de la situation actuelle. "
Ce travail de thèse est copromu par Philippe de Timary, psychiatre aux Cliniques universitaires Saint-Luc et professeur à l'UCLouvain et Moïra Mikolajczak, professeure et chercheuse au sein de l'Institut de recherche en sciences psychologiques de l'UCLouvain. L'étude est, en outre, réalisée en collaboration avec le Dr Anne-Laure Lenoir, qui a déjà beaucoup oeuvré sur le sujet, et Marie Bayot (ULiège).
Trois objectifs de recherche
Le projet de recherche a trois objectifs. " Premièrement, il tentera de répliquer les relations antérieures trouvées dans la littérature entre les indicateurs de santé mentale (épuisement professionnel, dépression, idées suicidaires) et les comportements de santé personnels des médecins (présentéisme, consommation de substances, autodiagnostic et autotraitement, recherche d'aide) ", explique Émilie Banse. " Deuxièmement, il explorera la structure et la dimensionnalité de certaines normes professionnelles de la culture médicale qui pourraient potentiellement mettre les médecins à risque en termes de santé mentale et de comportements de santé. Troisièmement, il évaluera les relations entre ces normes professionnelles, les indicateurs de santé mentale et les comportements personnels des médecins en matière de santé. "
" Nous souhaitons activement contribuer à la littérature relative au burn out, et plus largement à la santé physique et mentale des médecins. Notre objectif est d'explorer des éléments sous-estimés jusqu'ici, mais dont le rôle pourrait s'avérer être essentiel. "
Le contexte
Émilie Banse part d'un constat validé par la littérature scientifique : l'épuisement professionnel, la dépression et le suicide sont fréquents chez les médecins. " Certains médecins présentent également des comportements typiques en matière de santé, comme le présentéisme, la consommation de substances, les autoprescriptions et autotraitements, ainsi qu'un délai dans la recherche d'aide et un manque de prise en charge de leur propre santé. Il est essentiel de mieux comprendre l'origine et les relations entre ces comportements de santé et indicateurs de santé mentale chez les médecins. "
" Des facteurs propres à la nature du métier (charge de travail, dimension humaine, déséquilibre entre vie privée et professionnelle) et à l'évolution actuelle du système de soins de santé et de son organisation (demandes administratives, manque de personnel, management), ainsi que de la société de façon générale, jouent un rôle certain dans la détresse ressentie par les médecins, comme le met de plus en plus en évidence la littérature scientifique ", embraye Émilie Banse. " Néanmoins, médecins et chercheurs s'accordent aujourd'hui pour mettre en avant le rôle unique que pourrait jouer la culture médicale et certaines de ses valeurs professionnelles. S'intéresser aux normes professionnelles implicites transmises par l'éducation médicale, la socialisation au métier ainsi que le système de soins de santé d'aujourd'hui est une voie potentielle pour mieux comprendre les raisons pour lesquelles les médecins ne s'engagent pas facilement dans la prise en charge de leur propre santé, ainsi que la détresse qui y est souvent associée. "
Selon la doctorante, il est essentiel d'ouvrir davantage la recherche sur la détresse des médecins à ces facteurs d'ordre psycho-sociologique afin de mieux saisir comment soutenir les médecins, " un groupe professionnel unique nécessitant des prises en charges adaptées à leurs spécificités ".
Lien vers l'enquête: https://sites.uclouvain.be/redcap/surveys/?s=pdd3frl7h3et8rmw
Questions et informations supplémentaires : emilie.banse@uclouvain.be
Références sur demande