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Des milliers de migrants tentent de pénétrer dans l'Eurotunnel. Une entreprise risquée: l'hôpital de terrain de Médecins du Monde (MdM) basé dans le campement voit les besoins médicaux exploser." La situation s'est considérablement dégradée. Hier, la moitié de nos patients étaient gravement blessés suite à des chutes de trains ou de camions ", explique Chloé Lorieux, médiatrice pour MdM .L'hôpital de terrain, une simple construction en bois où se relaient infirmiers et médecins reçoit environ 90 personnes par jour. Il y a encore deux semaines, il en recevait 60 par jour.Le Dr Jean-François Corty, directeur des opérations-France, regrette une situation devenue intenable : " l'année dernière, il y a eu une quinzaine de morts autour de Calais. Cette année, depuis le début du mois de juin, on en est déjà à dix morts. Il s'agit de personnes jeunes qui ne devraient pas mourir, aujourd'hui, chez nous, dans ces conditions. C'est particulièrement choquant car ces morts sont évitables. Mais la réponse des autorités ne va pas dans ce sens. "Un migrant a encore perdu la vie mardi des suites d'une blessure contractée deux jours plus tôt, alors qu'il tentait de monter sur une navette Eurotunnel sur le point de s'engouffrer dans le tunnel sous la Manche. Plus de 1.000 tentatives ont été déjouées cette nuit avec une trentaine d'interpellations policières. Aucun incident n'est pour l'instant à déplorer, a confié une source anonyme à l'AFP. Sans être en mesure de confirmer ou non ces chiffres, un porte-parole d'Eurotunnel a indiqué à l'agence que le site subissait beaucoup moins de perturbations depuis que le contingent des forces de l'ordre s'élevait désormais à 300 gendarmes et policiers. Douce France? La vie dans le camp est extrême. Alors que 3000 migrants s'y entassent, des repas ne sont prévus que pour 1000 à 1500 personnes. L'infirmerie officielle n'est ouverte que deux heures par jour, où une seule infirmière est censée s'occuper de 3000 personnes.Dans l'indifférence des autorités françaises. L'ONG a dès lors mis en place un programme d'urgence. Un poste de santé a été monté dans le camps, avec médecins, psychologues, traducteurs, médiateurs. Une équipe de 25 personnes y travaillent au total. " En fait, nous faisons ce qu'on sait faire à l'international. Distribution d'eau, installation de latrines... Tout le dispositif est standardisé, expérimenté par l'OMS, et même pas respecté en France alors qu'il s'agit juste de faire en sorte que ces gens puissent répondre à leurs besoins vitaux ", dénonce Dr Corty. Gale, fractures ouvertes... Les personnes sont avant tout confrontées aux maladies de la grande précarité: gale, infections respiratoires, lésions dermatologiques. Sans compter les nombreuses fractures dues aux tentatives de grimper dans les camions. Les problèmes psychologiques sont tout aussi considérables. " Ce sont des personnes jeunes, qui ont souffert des bombes, du désert et sont maintenant impactés par les modalités d'accueil. Ce n'est pas de la bobologie ", insiste Jean-François Corty.Le réseau international de Médecins du Monde appelle les autorités françaises à travailler urgemment à des solutions structurelles. " On n'est pas au milieu du désert à essayer de parquer des gens sous des tentes parce qu'on ne peut pas faire autre chose. Nous avons les moyens de faire autrement. Il ne s'agit pas simplement de boucher la frontière à Vintimille en espérant baisser le flux de migrants. Dans l'un des pays les plus riches de la planète, on ne peut pas laisser les gens survivre dans des conditions indignes : les droits fondamentaux d'accès à l'eau, à la nourriture, à la vie en famille, à un toit et aux droits sociaux doivent être assurés ".