...

En France, on a vu de nombreux médecins qui enfilaient un gilet jaune en solidarité envers leurs patients tel le Dr Thibault Brunet (Seine-et-Marne) qui se dit écrasé de taxes et fragilisé par les économies exigées toujours plus par les caisses d'assurance maladie. Mais il manifeste également contre les contraintes administratives. À Paris, face aux CRS, le Dr Brunet explique (résumé sur Overblog) : " J'ai déjà été en lutte face au système de santé. J'ai manifesté contre la loi Touraine. L'exercice de la médecine, le système de soins en général, sont en train d'évoluer. On voit au quotidien la difficulté pour chacun de nos patients d'être pris en charge correctement : de moins en moins de médicaments sont remboursés sous prétexte que ce sont des médicaments de confort ; on leur impose les génériques, des médicaments de 2e qualité qui génèrent des problèmes de tolérance, qui compliquent notre exercice au quotidien. Ces petites choses mises bout à bout font que le métier de généraliste est de moins en moins attractif. Il est moins intéressant financièrement, c'est une évidence. Mais aussi dans la pratique : on est écrasé par la paperasserie, les tâches administratives... on ne peut plus traiter les gens avec la liberté qu'on avait. On a tous les jours des règles supplémentaires qui viennent nous... menotter les mains. "Sur C8, Sabrina, MG, confie : " Pour moi ça va, mais je manifeste par solidarité avec mes patients ", dit-elle face à un député LREM (La République en marche, le parti d'Emmanuel Macron). " J'ai stoppé ma garde. Quand j'ai vu une infirmière qui souffre d'une gastro-entérite obligée de travailler depuis que votre gouvernement a retiré le jour de carence... Quand je vais voir des personnes âgées souffrant de pneumonie qui diminuent le chauffage par manque d'argent. Des familles parisiennes qui vivent dans 30 m2... Je suis privilégiée. Mais beaucoup de mes collègues gilets jaunes ne le sont pas. Les quatre fédérations hospitalières vous ont demandé de desserrer l'étau financier sur les services d'urgence. Les taux de suicide du personnel soignant grimpent. Et vous exonérez de charges (CICE) les grandes entreprises alors que la Cour des comptes dit que cela ne sert à rien... "En Belgique, le mouvement a été bien suivi en Wallonie, mais dans l'indifférence d'une Flandre dépourvue de gilets jaunes. À Mons, le Dr David Bouillon témoigne aussi de sa solidarité.Dr David Bouillon : Pourquoi les gilets jaunes sont dans la rue ? Ils représentent aussi des gens (invalides, très précarisés) qui ne peuvent pas manifester. Ils dénoncent une diminution du pouvoir d'achat. Je le constate de plus en plus lors de mes visites à domicile : on ne sait plus payer l'électricité, le loyer, le chauffage les médicaments. Mais il y a une responsabilité communale à intervenir sur les loyers, pas seulement le Fédéral. Il faut agir sur le secteur privé pour diminuer les loyers. Ils ont raison de descendre dans la rue. À domicile, des gens meurent par manque d'argent. Ils se suicident. Une fois le loyer et les charges payés, il ne reste pratiquement rien. Ils ont réellement faim. Surtout en cas de séparation, divorce, etc. Le moindre accident de la vie les met pratiquement à la rue.Le journal du Médecin : Donc, leur cause est légitime. Ce n'est pas une " peste brune "...Leur cause est évidemment légitime. Ce que je combats depuis des années, c'est tout doucement une armée qui se lève. Si cela existe en France, en Belgique (ndlr : en Serbie, aux Pays-Bas et même... en Irak), c'est que le politique doit écouter ses administrés en difficulté. Ils sont des milliers, donc c'est qu'il y a un problème. Il y a des gens qui ne savent même plus faire réparer leur voiture, surtout s'ils sont séparés de leur conjoint. On a des suicides, des alcooliques, des personnes dépendantes de la drogue. On est dans le mal-être. On ne peut plus nourrir ses enfants quelque fois. Je pense qu'il y a une colère qui gronde en proportion des difficultés qu'ils ont. Ils sont dans un désespoir tel que plus rien ne peut les arrêter. Ils ont touché le fond.Parfois aussi, ce sont des gens accablés de taxes...En tant que médecin, ma vocation c'est l'humain, la dignité. Si on écoute le citoyen en difficulté financière, ne pourrait-il pas avoir une diminution de taxe en fonction de ses revenus très bas ? Un peu comme une entreprise en faillite ? Or qu'on soit riche ou pauvre, les taxes sont les mêmes. Celui qui vit avec 200 euros par mois, devrait pouvoir d'abord se nourrir, se chauffer avant de payer ces taxes. Il doit d'abord faire vivre une famille.Vous parlez de taxes qui ne sont guère en proportion du salaire...Voilà... Il y a des taxes d'immatriculation aussi. Non proportionnelles. Pour quelques-uns d'entre eux, après le passage du huissier (en cas de dette par exemple), il ne leur reste rien. Qu'on mette tout au même niveau. L'essence est chère pour certains qui font 40 ou 50 km par jour pour aller travailler. Les taxes sur l'essence, c'est 60% du prix.Ne pensez-vous pas qu'il faudrait également les aider à abandonner la voiture diesel pour un véhicule moins polluant ? On nous a encouragés fiscalement à acheter du diesel, maintenant, c'est l'inverse...En réalité, ce qu'on entend sur le terrain, c'est qu'il faut des conseillers juridiques. Y compris pour l'achat d'un véhicule, d'occasion ou pas. Tu vas dans un garage et on te dit " il est temps de changer de véhicule ". Le vendeur est-il honnête ? Il y a un problème d'information à tous les niveaux. Moi qui suis médecin, je suis perplexe. Et j'aborderai ce problème au conseil communal de Mons (ndlr : le Dr Bouillon est conseiller communal 'Mons en Mieux' de Georges-Louis Bouchez). Il manque de conseillers en économie d'énergie par exemple pour diminuer la facture. Il y a des sociétés de téléphone ou des sociétés énergétiques moins chères. Mais le citoyen n'en sait rien. C'est particulièrement le cas chez les personnes âgées, les personnes invalides, les personnes souffrant de cancer, comment peuvent-ils vivre mieux ? Les pharmaciens me signalent que des patients rayent certains médicaments des ordonnances car cela coûte trop cher. Je l'ai déjà signalé à madame De Block. J'ai apporté des preuves.C'est pour cela que vous vous êtes lancé en politique ?Oui. J'avais fait une campagne pour la Pharmacie solidaire et les autorités communales n'ont pas suivi. Il y a un an, ils ne m'ont pas écouté. Je suis dans la peau d'un citoyen médecin ou un médecin citoyen. Pas dans la peau d'un parti. Je suis un citoyen engagé. Je témoigne de ce que je vois : des gens meurent, faute de soins. Les portefeuilles sont vides, les frigos également. Les personnes âgées vivent avec leurs poubelles. Les octogénaires qui ont connu la guerre, eh bien ils en vivent une deuxième. À la fin du mois, ils n'ont plus rien à manger ! Je suis agréé de police, donc j'ai des constats qui attestent de cela ! Des preuves ! À domicile, c'est à pleurer. C'est le quartmonde à Mons ! Il y a des colis alimentaires ! De nos jours ! Je suis confronté à du médical-social-égalitaire...