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"La xénophobie est de retour en Europe", souligne Nikitas Kanakis, président de Médecins du Monde Grèce. Dénonçant d'abord quelques cas de figure en France, en Allemagne et au Royaume-Uni, M. Kanakis s'attarde ensuite sur son propre pays. Les agressions brutales et les crimes de haine contre les minorités ethniques y sont devenus un phénomène récurrent. Les incidents ont débuté en 2010, mais le problème n'a fait que s'aggraver avec la crise financière qui a frappé le pays.Dans un contexte économique difficile, les plus pauvres et les migrants sont rapidement pointés du doigt, selon l'association. Alors que certains gouvernements utilisent l'accès aux soins comme instrument de politique de régulation des flux migratoires, Médecins du Monde s'empresse de rappeler que les migrants sans-papiers ignorent leurs pathologies avant de migrer. Sur un échantillon de plus de 8.000 patients suivis par l'ONG, 1,6% avançait la santé comme motif de sa migration.Vingt-huit pour cent des patients interrogés l'an dernier par Médecins du Monde disent être dans un état de santé mental faible ou très faible. Ce pourcentage monte à 50,8% en Grèce. Près de la moitié des patients (49%) vivent dans un logement précaire et 81% n'ont aucune couverture sociale. L'association plaide à ce titre pour une "couverture santé universelle" et appelle les gouvernements à garantir des systèmes nationaux de santé publique accessibles à tous les résidents. L'Union européenne est de son côté invitée à mettre en place des mesures permettant d'assurer "la protection totale des étrangers gravement malades pour qu'ils ne soient pas expulsés vers des pays où ils n'auront pas accès aux soins".Médecins du Monde a interrogé 8.412 patients, dont 2.027 (24,1%) à Anvers et Bruxelles. En Belgique, les patients étaient originaires avant tout du Maghreb (Maroc et Algérie) et d'Afrique de l'Ouest et centrale (Guinée, Cameroun et Congo).