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L'ancienne ministre de la Santé publique a été particulièrement mise sur le grill par les deux partis nationalistes flamands, un peu moins par les députés francophones.YngvildIngels (N-VA) a rappelé les plans pandémie existants mais aussi le plan 2018 en cas d'urgence nucléaire, se demandant pourquoi on n'en avait tiré aucun enseignement. Elle a constaté qu'il n'existe toujours aucun plan global national pour faire face. Quel rôle a été celui du Centre national de crise et pourquoi lui a-t-il été interdit de collaborer au début avec la Santé publique ? Pourquoi la succession d'instances (Celval 1 et 2, Cofeco, CNS, etc.) ? Pourquoi la 2e vague a-t-elle été moins bien gérée que la première ? Qui avait le " lead " ? Frieda Gijbels (N-VA) s'est demandée pourquoi le plan pandémie n'avait pas été adapté à la 6e Réforme de l'Etat qui redistribue substantiellement les compétences en santé. Quid de l'absence de publication de rapports au début ? Pourquoi le commissaire à la grippe a-t-il été supprimé ? Pourquoi tarder pour en renommer un nouveau ? Pourquoi tarder à constituer le RAG (Risk Assessment Group) ? Gijbels a insisté aussi sur la minimisation de la gravité de la crise par Maggie De Block et sa fameuse adresse " drama queen " aux prestataires de soins qui alertaient du danger.Barbara Pas (VB) a rappelé que pendant longtemps, la Belgique a été premier pays touché en morts par habitant (aujourd'hui 4e) alors que nous disposons d'un des meilleurs systèmes de santé. Le 5 mars, on disait encore " ce n'est qu'une grippe " alors que Maggie De Block devait être courant par les rapports de plusieurs organisations internationales de la gravité de la pandémie au plan planétaire. La députée nationaliste a également fait état de dissension entre Bert Winnen, le chef de cabinet de Maggie De Block et le patron du SPF Santé publique. Un responsable aurait justifié la minimisation de la gravité de la situation en s'exclamant " Avec la mort on ne peut pas gagner les élections ".Michel De Maegd (MR) a insisté sur l'absence de " One voice one message " qui est la clé de la réussite en pareil cas. Il a insisté aussi sur l'orientation politique de Marc Van Ranst qui provoque une communication clivante, ce qui est contre-productif. Bert Winnen aurait insuffisamment informé Maggie De Block en début de pandémie, selon Marc Van Ranst, ce qui aurait miné l'efficacité de la réponse du cabinet de la Santé publique.Pour le Dr Sophie Merckx (PTB), n'importe quel travailleur ayant commis les fautes équivalentes à Mme De Block, aurait été licencié sur le champ. La médecin d'extrême gauche met la faiblesse de notre réponse pandémique sur les économies incessantes qu'a subi notre système de soins de santé. Elle est également revenue sur les deux " honteux " arrêtés-royaux de réquisition du personnel soignant. Maggie De Block a rappelé que le gouvernement De Croo les a republiés.Le Dr Catherine Fonck (cdH) a rappelé combien la communication de Maggie De Block a " dénigré " le personnel soignant. Sur l'absence de matériel de protection, Maggie De Block devait connaître la situation étant donné les remontées d'informations des hôpitaux inquiets. La nécessité de maintenir un stock stratégique de matériel de protection, c'est simplement de la médecine EBM, pointe Fonck. " Le 23 février 2020, rien n'a été fait pour le retour des vacances de carnaval alors que dès le 30 janvier, l'OMS indiquait que des quarantaines étaient indispensables... Alors que la Pr Vliegen était déjà profondément inquiète fin janvier, et que beaucoup de signaux étaient au rouge, vous avez continué à minimiser la situation, affirmant que tout était sous contrôle... Des erreurs majeures ont été commises. La question de la bonne gouvernance en santé est posée... " Pourquoi 10 instances de gestion de la pandémie ? " Pourquoi en mai, juin, juillet 2020, n'avoir pas utilisé tout ce qu'on avait appris lors de la 1ère vague pour mieux gérer la seconde, est-ce en raison des négociations gouvernementales en vue de la formation du gouvernement actuel ? "Dans ses réponses, Maggie De Block a rappelé qu'au 1er mars encore on ne sait pas grand-chose du virus. L'OMS ne déclare la pandémie que le 10 mars " pour ne pas provoquer un incident diplomatique ". Au 1er mars, on estime qu'il n'est pas nécessaire que le Fédéral prenne le "lead". Une fois la chose faite, il n'y a aucune hiérarchie entre les niveaux de pouvoir. On se succède (De Block, Beke, Morreale) à la tête de la CIM (Conférence interministérielle santé publique). Les trois vedettes (André, Van Laethem, Van Gucht) s'occupent de la communication à la population. Le capitaine a trois têtes : Premier ministre, ministre de l'Intérieur et ministre de la Santé publique. Les vice-premiers ont aussi leur mot à dire au sein du kern. Le Comité permanent ne se réunit pas tout le temps. Le RMG ne naît que le 23/01. Peu d'hôpitaux font remonter l'info qu'ils manquent de stock de masques. Ceux-ci sont interceptés par Emmanuel macron à Lyon, idem en Allemagne, en Bulgarie et aux Pays-Bas.La multiplicité des structures (RMG, RAG, CIM, GEES) n'est pas de sa responsabilité. " Nous étions en Affaires courantes sans majorité à la Chambre. Sans le ministre bruxellois Maron, il y a quand même huit ministres belges de la Santé... "Sciensano était en contact permanent avec la 1ère ligne, affirme Maggie De Block. Le SPF informait les hôpitaux et Pedro Facon avait des contacts quotidiens. Médecins, pharmaciens et infirmières étaient présents dans la cellule " Search capacity " du RAG. Le modèle de concertation à l'Inami a continué à fonctionner.Quant à la présence de Maggie De Block sur les plateaux de télévision (flamands), elle aurait été 4e derrière Bim Weyts, Alexandre De Croo et Jan Jambon avec un décompte assez peu favorable de 7.320 secondes au total (environ 2 heures).Elle a reconnu qu'au début Sciensano communiquait peu " pour ne pas répandre la panique ". Elle réfute les accusations de " minimisation ". La Belgique a réagi rapidement dès les informations dramatiques provenant de Lombardie. Les informations ont beaucoup changé (d'un virus circonscrit à la Chine sans contacts entre humains à une situation " très grave " de contamination entre humains). Elles furent évolutives. Herman Goossens ne déclarait-il pas que le risque d'aller aux sports d'hiver était très limité ? Les experts étaient à l'époque unanimes que la quarantaine n'était pas indispensable. " Le virus a étonné tout le monde ", précise-t-elle.Concernant la polémique du maintien des personnes âgées ou non en hôpital, Maggie De Block a précisé que ce sont les hôpitaux qui ont centralisé les respirateurs et pas les Maisons de repos et de soins. Le but était de ne pas contaminer les MRS avec les respirateurs des hôpitaux. Ceux-ci conservaient les concentrateurs seulement en hôpital. " Il n'a jamais été question de renvoyer les personnes âgées dans les MRS, que du contraire mais de les maintenir à l'hôpital autant que nécessaire. "Concernant la cacophonie institutionnelle, Maggie De Block a rappelé l'avis clair du Conseil d'Etat : " Chaque autorité est responsable de la lutte contre la pandémie dans les limites de ses compétences. " L'absence de hiérarchie de pouvoir n'est pas l'apanage de la Belgique, l'Allemagne vit sous le même régime avec ses 16 länders et le pouvoir fédéral. Mais elle reconnaît qu'en cas de crise, on ne peut fonctionner avec huit ou neuf capitaines.Belgique championne du monde des décès par habitant ? " Dans deux ou trois ans, on fera le bilan définitif de la surmortalité. La Belgique a suivi les recommandations de l'ECDC de compter tous les cas suspects comme cas-covid, ce qui a placé la Belgique en tête du nombre de morts par habitant. " Il n'est jamais clair de savoir à quel moment précis une crise sanitaire devient une crise globale.Sur la mauvaise gestion de la 2e vague (dixit notamment Catherine Fonck), Maggie De Block rappelle qu'une crise psychologique guettait la population qui avait besoin de " souffler ". Certains voulaient davantage encore d'assouplissements ! Maggie De Block dit avoir averti de la montée des hospitalisations mais en vain. C'est l'époque des " rassureurs ", ces experts en carton qui ne croient pas en une seconde vague.