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"You are in such good shape" : était-ce un compliment ou une remarque déplacée de la part du président américain Donal Trump à l'égard de la "première dame" de France, Brigitte Macron ? Que l'on juge ou non ces propos sexistes, une chose est sûre : les deux présidents trouvent la first lady française superbe. Ils ont au moins ce point en commun. En revanche, leurs avis divergent totalement en ce qui concerne la lutte contre le tabac. L'un, Trump, est assisté par des collaborateurs qui entretiennent des liens étroits avec l'industrie du tabac . L'autre, Macron, s'entoure de conseillers indépendants expérimentés. Dès le premier jour de sa présidence, Trump a bénéficié de donations de l'industrie du tabac. Pour son investiture, il a reçu 1,5 million $ de la part de Reynolds America et Altria Group, deux entreprises américaines majeures du secteur du tabac. Des membres haut placés de l'Administration Trump entretiennent de bonnes relations avec l'industrie du tabac, qui tente de renforcer son emprise sur la politique américaine de santé et souhaite voir disparaître certaines prescriptions de sécurité. Depuis que Trump est au pouvoir, nos collègues américains du secteur de la promotion de la santé craignent le pire : une baisse substantielle des budgets consacrés à la prévention du tabagisme et, surtout, une augmentation du prix des soins pour les patients. À l'inverse, le président français Emmanuel Macron est déterminé à réduire de manière drastique le nombre de fumeurs en France. Il l'avait d'ailleurs promis durant sa campagne présidentielle. Annoncer des mesures en plein combat électoral est une chose, respecter ses promesses en est une autre... Mais pour l'instant, tout semble indiquer qu'il tiendra parole. Macron peut s'appuyer sur une base solide. L'ex-ministre de la Santé, Marisol Touraine, a déjà posé les jalons pour que, dans 20 ans, les enfants qui naissent aujourd'hui en France soient la première génération non fumeuse. Il reste bien entendu énormément de pain sur la planche ! La France détient le triste record européen (20 %) du pourcentage de femmes qui continuent à fumer pendant leur grossesse. Et bien que le tabac soit interdit dans les entreprises, les cafés, les restaurants, les discothèques et même les écoles, cette interdiction n'est pas toujours respectée, par manque de contrôles et de sanctions.La lutte contre le tabac est une priorité pour Emmanuel Macron et son Premier ministre Édouard Philippe. Leur première mesure, l'augmentation du prix du paquet de cigarettes, le prouve. En France, le prix minimum d'un paquet s'élève actuellement à 7 € et il passera à 10 € d'ici à 2022. La santé publique est une priorité et le lobbying de l'industrie du tabac peine à suivre . Permettez-moi à présent de faire preuve d'un peu de sexisme. "Deux hommes courageux... une femme exceptionnelle se cache forcément derrière !" De fait, cette femme s'appelle Agnès Buzyn. Cette hématologue parisienne, responsable d'une unité de soins intensifs dans un hôpital, professeur en hématologie et immunologie anti-tumorale à l'université, est depuis peu la nouvelle ministre de la Solidarité et de la Santé au sein du gouvernement d'Édouard Philippe. Elle a consacré la majeure partie de sa carrière à la pratique de la médecine, à la recherche et à l'enseignement. Mais elle a aussi exercé beaucoup d'autres mandats, entre autres la présidence de l'Institut National du Cancer de 2011 à 2016.Pour de nombreuses ONG françaises actives dans le domaine de la prévention du tabagisme, la nomination du Dr Buzyn est pleine de promesses. Sa grande expérience dans le domaine de la lutte contre le cancer inscrit la lutte antitabac tout en haut des priorités. En Belgique, lorsque Maggie De Block a été nommée Ministre de la Santé, les ONG belges actives dans l'accompagnement de l'arrêt du tabac et la prévention du tabagisme ont caressé le même espoir : enfin un médecin au poste de ministre de la Santé ! Pourtant, force est de constater qu'au jour d'aujourd'hui, les espoirs de grandes avancées en matière de lutte antitabac sont désormais très minces. Espérons que la ministre française de la Santé puisse mieux faire avancer la lutte antitabac chez nos voisins français.