Une première mondiale réalisée au CHU de Liège en décembre dernier, dans une salle d'opération hybride, pour enlever un chordome.
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Une opération rare et délicate a été menée avec succès le 12 décembre dernier au CHU de Liège : l'ablation d'un chordome, une tumeur à la base du crâne extrêmement agressive, et peu fréquente puisqu'on en dénombre en moyenne 0,5 à 8 cas par million d'habitants et par an à travers le monde, annonce un communiqué de l'hôpital universitaire liégeois. "Le CHU de Liège est considéré comme un Centre de référence dans la prise en charge des pathologies complexes de la base du crâne, avec plus de 100 opérations par an, tous chirurgiens confondus. Depuis plus de dix ans, l'équipe pratique la chirurgie endoscopique de base de crâne", ajoute le CHU.Une opération délicate qui a pu être réalisée avec l'appui total des radiologues, comme le précise le Dr Gilles Reuter, neurochirurgien : " Le caractère innovant de la procédure est que la salle d'opération utilisée est une salle dite 'hybride': à la fois une salle d'opération chirurgicale et une salle de radiologie interventionnelle. Dans le cas présent, la tumeur englobait littéralement les deux carotides ". Le défi était d'ôter la tumeur totalement, sans blesser les vaisseaux. C'est pour assurer le maximum de sécurité au patient qu'il a été décidé d'opérer dans cette salle dite hybride : " Ainsi, s'il y avait eu une plaie au niveau d'un de ces vaisseaux, nous aurions pu faire intervenir immédiatement les collègues radiologues interventionnels au sein même de la salle d'opération hybride, sans perdre de temps dans un éventuel transfert en salle de radiologie interventionnelle classique ", explique le Dr Olivier Bouchain, ORL et chirurgien cervico-facial.Spécificité de cette intervention hors normes, non pas un mais deux spécialistes ont oeuvré en même temps, avec l'appui des collègues neuroradiologues et neuro-anesthésistes : " Le Dr Reuter et moi-même avons travaillé côte à côte, en parfaite synchronisation, pour retirer cette tumeur dans son intégralité, ce qui est indispensable pour la survie du patient. Nous avons pu utiliser nos outils séparément, en passant par les deux fosses nasales ".Le succès d'une telle opération réside tant dans la multidisciplinarité des médecins et de leurs compétences respectives, que dans la technologie environnante : " Pour d'autres pathologies, comme des anévrismes ou de la chirurgie cardiaque, cette technique de chirurgie en salle hybride avait déjà été utilisée, mais pas encore pour une intervention d'endoscopie (utilisation d'instruments guidés par caméras) de la base du crâne ", précise encore le Dr Reuter. " Pour le patient, la sécurité est évidemment renforcée car dans une salle de chirurgie classique, si l'artère est touchée, il faut transporter urgemment le patient vers une salle d'angiographie, avec une certaine perte de temps et tous les risques que cela comporte ". L'utilisation d'une salle hybride est aussi bénéfique pour les médecins spécialistes qui peuvent travailler avec une pression moins élevée : " La coordination avec l'ensemble de l'équipe doit toujours être millimétrée quelle que soit l'opération, plus encore quand on opère à quatre mains... Hasard ou chance, je suis droitier alors que le Dr Bouchain est gaucher ", précise, pour la petite histoire, le Dr Reuter.