Chers confrères,

Cet article est un appel à l'aide, à la compréhension mutuelle, une recherche de soutien.

Beaucoup d'entre vous se souviennent de leurs années de spécialisation comme les pires années de leur carrière. Nombreux sont ceux qui se vantent auprès de nos collègues d'avoir cumulé les gardes et les heures sans sommeil. " De notre temps on travaillait un week-end entier et l'on reprenait le travail le lundi matin sans se plaindre ! "

Nous sommes conscients du sacrifice que vous avez dû faire en début de carrière, nous comprenons que vous avez l'impression d'en être sortis plus forts mieux formés. Par conséquent, que penser d'un jeune médecin qui rouspète à l'idée de rester une heure de plus à l'hôpital après 24h de garde ? Qu'il est fainéant ? Que cette génération ne veut pas être formée comme il se doit ? Que le sommeil c'est pour les gens " faibles " ? Combien de phrases comme celles-ci allons-nous encore devoir entendre avant une vraie remise en question du statut de médecin-assistant ?

Le fait que vous ayez eu des conditions de travail exécrables justifient le fait que tout le monde doit passer par là ? Au détriment de la santé de toute une population ?

Bypasser le système

Vous êtes avant tout médecins. Que conseilleriez-vous à un patient qui vient consulter pour manque de sommeil ? S'il vous dit que ses conditions de travail sont telles que dormir n'est pas envisageable et qu'il faut qu'il arrive à tenir le coup ? Lui conseilleriez-vous de prendre des " vitamines " pour tenir bon ou envisageriez-vous de lui donner quelques jours pour se reposer ? Et si celui-ci répond qu'un certificat est inenvisageable ? Lui diriez-vous de parler à ses supérieurs afin de revoir ses conditions de travail ? Il refuse de prendre quelques jours pour se reposer et sa formation serait compromise s'il essayait de se plaindre.

Même consultation avec un patient clairement en burnout, qui vient vous voir car il n'arrive plus à se concentrer ? Qui est dans un état de stress et de surmenage tel qu'il pleure dans le métro avant d'arriver au travail ? Que la peur de faire la moindre erreur le terrorise au point de perturber ses nuits de sommeil déjà fort écourtées ... Que lui conseilleriez-vous ?

Dans ce même journal, il y a quelques semaines une étude sur les addictions chez les médecins avait été partagée. Que penser dès lors des " pilules magiques " pour tenir le coup ou des somnifères pour récupérer ? Comment pouvons-nous en tant que médecins soutenir un système qui malmène autant la santé de ceux qui sont censés prendre soin des autres ?

Indépendamment des conditions de travail, vous qui êtes également médecins ; combien de fois avez-vous " by-passé le système " lorsque vous deviez envoyer un membre de votre entourage proche aux urgences? Combien de fois avez-vous demandé à un collègue expérimenté de se déplacer parce qu'il était 3 h du matin et que vous saviez qu'il n'y avait plus que des médecins-assistants aux urgences ou en salle d'opération ?

Vous n'avez pas confiance dans le travail des médecins assistants car vous savez qu'ils ne sont pas formés comme il le faudrait. Vous savez que votre proche sera pris en charge par une personne inexpérimentée et non supervisée. Vous savez qu'il sera pris en charge par un médecin à bout de force, et qui lutte mentalement et physiquement pour tenir debout à 3 h du matin...

Ne pensez-vous pas que nos patients méritent les mêmes soins que vos proches ? Si vous n'avez pas confiance, comment pouvez-vous demander à la population d'avoir confiance?

Enseignement de qualité

Comment pouvons-nous garantir des soins de qualité si l'enseignement n'est pas de qualité ? Qui pourrait, les yeux fermés, confier son enfant malade pour une ponction lombaire à un assistant de première année qui n'en a jamais réalisée seul, non supervisé, surmené, en manque de sommeil ?

Quant aux médecins généralistes qui me lisent, la problématique ne concerne pas que les médecins qui travaillent à l'hôpital. Les patients que nous soignons sont aussi vos patients. Combien de médecins généralistes ont choisi cette voie justement parce que l'idée de réaliser leur formation à l'hôpital les terrorisait... ? Combien de fois avons-nous dit : " Il faut aller aux urgences maintenant parce que le week-end il n'y a plus personne à l'hôpital " ? Non Docteur, la vraie réponse serait : " Il n'y a presque plus de seniors à l'hôpital le week-end et j'ai peur que vous ne soyez pas bien pris en charge par les assistants présents. "

Dans quel monde est-il normal de dire à un patient qu'il faut essayer de ne pas tomber malade le week-end ou la nuit ? Nos patients méritent des soins de qualité jour et nuit. Si vous êtes d'accord avec cette citation, je vous invite à nous soutenir dans une demande de formation de qualité.

Des médecins en bonne santé pour une population en bonne santé

Enfin, lorsque vous verrez d'un mauvais oeil les revendications des jeunes médecins les semaines à venir, je vous demanderai de garder une chose en tête : Vous êtes nos aînés, nous serons vos médecins demain. Choisir d'améliorer les conditions de travail et de formation des médecins d'aujourd'hui c'est vous assurer que vous serez correctement pris en charge demain.

Chers confrères,Cet article est un appel à l'aide, à la compréhension mutuelle, une recherche de soutien.Beaucoup d'entre vous se souviennent de leurs années de spécialisation comme les pires années de leur carrière. Nombreux sont ceux qui se vantent auprès de nos collègues d'avoir cumulé les gardes et les heures sans sommeil. " De notre temps on travaillait un week-end entier et l'on reprenait le travail le lundi matin sans se plaindre ! "Nous sommes conscients du sacrifice que vous avez dû faire en début de carrière, nous comprenons que vous avez l'impression d'en être sortis plus forts mieux formés. Par conséquent, que penser d'un jeune médecin qui rouspète à l'idée de rester une heure de plus à l'hôpital après 24h de garde ? Qu'il est fainéant ? Que cette génération ne veut pas être formée comme il se doit ? Que le sommeil c'est pour les gens " faibles " ? Combien de phrases comme celles-ci allons-nous encore devoir entendre avant une vraie remise en question du statut de médecin-assistant ?Le fait que vous ayez eu des conditions de travail exécrables justifient le fait que tout le monde doit passer par là ? Au détriment de la santé de toute une population ?Vous êtes avant tout médecins. Que conseilleriez-vous à un patient qui vient consulter pour manque de sommeil ? S'il vous dit que ses conditions de travail sont telles que dormir n'est pas envisageable et qu'il faut qu'il arrive à tenir le coup ? Lui conseilleriez-vous de prendre des " vitamines " pour tenir bon ou envisageriez-vous de lui donner quelques jours pour se reposer ? Et si celui-ci répond qu'un certificat est inenvisageable ? Lui diriez-vous de parler à ses supérieurs afin de revoir ses conditions de travail ? Il refuse de prendre quelques jours pour se reposer et sa formation serait compromise s'il essayait de se plaindre.Même consultation avec un patient clairement en burnout, qui vient vous voir car il n'arrive plus à se concentrer ? Qui est dans un état de stress et de surmenage tel qu'il pleure dans le métro avant d'arriver au travail ? Que la peur de faire la moindre erreur le terrorise au point de perturber ses nuits de sommeil déjà fort écourtées ... Que lui conseilleriez-vous ?Dans ce même journal, il y a quelques semaines une étude sur les addictions chez les médecins avait été partagée. Que penser dès lors des " pilules magiques " pour tenir le coup ou des somnifères pour récupérer ? Comment pouvons-nous en tant que médecins soutenir un système qui malmène autant la santé de ceux qui sont censés prendre soin des autres ?Indépendamment des conditions de travail, vous qui êtes également médecins ; combien de fois avez-vous " by-passé le système " lorsque vous deviez envoyer un membre de votre entourage proche aux urgences? Combien de fois avez-vous demandé à un collègue expérimenté de se déplacer parce qu'il était 3 h du matin et que vous saviez qu'il n'y avait plus que des médecins-assistants aux urgences ou en salle d'opération ?Vous n'avez pas confiance dans le travail des médecins assistants car vous savez qu'ils ne sont pas formés comme il le faudrait. Vous savez que votre proche sera pris en charge par une personne inexpérimentée et non supervisée. Vous savez qu'il sera pris en charge par un médecin à bout de force, et qui lutte mentalement et physiquement pour tenir debout à 3 h du matin...Ne pensez-vous pas que nos patients méritent les mêmes soins que vos proches ? Si vous n'avez pas confiance, comment pouvez-vous demander à la population d'avoir confiance?Comment pouvons-nous garantir des soins de qualité si l'enseignement n'est pas de qualité ? Qui pourrait, les yeux fermés, confier son enfant malade pour une ponction lombaire à un assistant de première année qui n'en a jamais réalisée seul, non supervisé, surmené, en manque de sommeil ?Quant aux médecins généralistes qui me lisent, la problématique ne concerne pas que les médecins qui travaillent à l'hôpital. Les patients que nous soignons sont aussi vos patients. Combien de médecins généralistes ont choisi cette voie justement parce que l'idée de réaliser leur formation à l'hôpital les terrorisait... ? Combien de fois avons-nous dit : " Il faut aller aux urgences maintenant parce que le week-end il n'y a plus personne à l'hôpital " ? Non Docteur, la vraie réponse serait : " Il n'y a presque plus de seniors à l'hôpital le week-end et j'ai peur que vous ne soyez pas bien pris en charge par les assistants présents. "Dans quel monde est-il normal de dire à un patient qu'il faut essayer de ne pas tomber malade le week-end ou la nuit ? Nos patients méritent des soins de qualité jour et nuit. Si vous êtes d'accord avec cette citation, je vous invite à nous soutenir dans une demande de formation de qualité.Enfin, lorsque vous verrez d'un mauvais oeil les revendications des jeunes médecins les semaines à venir, je vous demanderai de garder une chose en tête : Vous êtes nos aînés, nous serons vos médecins demain. Choisir d'améliorer les conditions de travail et de formation des médecins d'aujourd'hui c'est vous assurer que vous serez correctement pris en charge demain.