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On le sait, les séniors représentent une part de plus en plus importante de la population belge, et le nombre de plus de 67 ans devrait même encore augmenter de 40 % d'ici à 2050. Ces personnes restent aussi plus longtemps en bonne santé et donc relativement actives, et il est d'autant plus préoccupant de constater que la proportion de graves accidents de la route dans lesquels elles sont impliquées est en rapide augmentation. D'après des chiffres de l'Institut Vias, la part des plus de 65 ans dans les décès liés à la circulation est ainsi passée d'un sixième en 2008 à un quart en 2017. Un sénior au volant présente donc un risque comparable à celui d'un conducteur de 18 à 24 ans d'être blessé ou de mourir dans un accident...Chez un tiers des séniors blessés au volant, l'accident s'est produit à un carrefour ; ceux qui comportent des panneaux de priorité semblent particulièrement dangereux. Ce contexte impose en effet d'être attentif à d'autres usagers de la route venant de plusieurs directions, de jauger leur vitesse et de réagir très rapidement... et lorsque ces facultés sont émoussées par l'âge, de telles situations deviennent rapidement dangereuses. Tourner à gauche, en particulier, est souvent problématique.Le danger augmente tout particulièrement avec l'âge dans les groupes qui présentent déjà le risque le plus élevé au kilomètre, à savoir les piétons et les cyclistes. Ceux-ci représentent près de 60 % des victimes de la circulation chez les séniors, ce qui s'explique sans doute par le fait que les ainés se déplacent globalement plus à pied qu'en voiture.Les accidents impliquant des séniors se produisent généralement aussi plus tard dans la matinée, parce qu'ils ont tendance à éviter de prendre la route aux heures de pointe. Ils sont aussi moins souvent concernés par les accidents nocturnes, en particulier au cours du weekend.Pour accroître la sécurité des séniors sur la route, Vias plaide en première instance en faveur de meilleures infrastructures routières, avec une signalisation claire, des feux permettant de tourner à gauche sans conflits et des passages pour piétons avec ilot central sur les voies les plus larges. Lors de l'achat d'un nouveau véhicule, les séniors devraient aussi penser aux équipements susceptibles d'améliorer leur sécurité, tels qu'une boîte de vitesses automatique, un système anticollision, un système de surveillance d'angle mort ou un système d'assistance temporelle (qui indique au conducteur qui s'apprête à tourner à gauche s'il a encore le temps d'effectuer sa manoeuvre avant d'être rejoint par un véhicule qui arrive en sens opposé). Il est évidemment aussi capital qu'ils apprennent à utiliser efficacement ces outils technologiques pour améliorer leur confort et leur sécurité.Depuis 2013, les nouveaux permis de conduire belges au format carte de banque ont en outre une durée de validité administrative limitée à dix ans (les modèles papier plus anciens restant, eux, valables jusqu'en 2033). Lors du renouvellement de son permis, le titulaire doit signer une déclaration sur l'honneur ; s'il ne veut ou ne peut pas le faire, il devra se soumettre à un examen médical auprès d'un médecin de son choix, qui pourra le cas échéant le référer à un spécialiste ou au CARA (Centre d'Aptitude à la Conduite et d'Adaptation des Véhicules).Imposer un examen médical passé un certain âge n'améliorerait pas forcément la sécurité routière, souligne Vias ; mieux vaudrait alors introduire une réévaluation de l'aptitude à la conduite pour tout conducteur lors du renouvellement du permis. Il est avant tout important de faire prendre conscience aux personnes âgées de leurs limitations éventuelles et du risque accru d'accidents qui en découle.