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"Les effets cardiologiques de la pollution de l'air ne sont pas uniquement limités à des effets à long terme", explique le Dr Argacha. "Certains études récentes démontrent que des détériorations aigues de la qualité de l'air, survenant sur une échelle de quelques heures à quelques jours, s'accompagnant d'une augmentation de risque d'infarctus du myocarde, d'accident vasculaire cérébral, d'arythmie et d'insuffisance cardiaque. Notre étude le démontre."L'étude a été menée auprès de 11.400 patients ayant présenté un STEMI (infarctus avec élévation du segment ST, soit les infarctus les plus sévères et liés à une obstruction complète d'une artère coronaire) entre 2009 et 2013. Résultat majeur de l'étude belge : chaque augmentation de 10 µg/m³ en particules fines (PM2.5) est associée dans les 24 heures suivantes, à une augmentation de 2,8% du risque de survenue d'un STEMI. L'étude prend en compte les effets des polluants gazeux tels que ozone (O3) et dioxyde d'azote (NO2). "Alors que l'ozone semble sans effet, une augmentation de 10 µg/m³ en NO2 est associée à une augmentation du risque de STEMI de 5,1%." Or, des analyses de sous-groupe démontrent "une absence de prédisposition aux effets de la pollution, y compris chez les patients à haut risque comme par exemple les patients diabétiques, hypertendus, hyper-cholesterolémiques ou fumeurs. Seuls les individus âgés (>= 75 ans) semblent plus susceptibles aux effets des particules fines, alors que les plus jeunes (<55 ans) semblent plus vulnérables à l'effet du NO2." Surtout et hélas : des effets coronariens aigus sont constatés même pour des taux de particules fines inférieurs aux normes européennes recommandées de qualité de l'air. Pour Jean-François Argacha, l'atout principal de l'étude réside dans son caractère multidisciplinare en associant à la fois des cardiologues, des biostatisticiens et des spécialistes de l'environnement. Les biais habituels ont été corrigés en prenant en compte les différence loco-régionales. De même, l'étude a exclu d'autres influenceurs telle la température de l'air. Notons que l'influence délétère du NO2 doit être envisagée à la lumière du fait que la Belgique possède dans son parc automobile de nombreux moteurs diesels. Enfin, l'étude ne prend pas en compte d'autres types de pollution tel le bruit. Une étude prochaine inclura cette problématique. Le Dr Argacha précise que le port de masques ne protège pas contre la pollution atmosphérique et qu'il n'est pas recommandé de faire son jogging Rue de la Loi à l'heure de pointe : nos poumons, sous l'effort, vont s'ouvrir et avaler un maximum de particules fines. Mieux vaut courir dans des parcs ou des forêts. Quant à la pratique du tapis roulant dans des salles de gym, elle pose le problème de la pollution interne. Donc, faire du sport, oui mais intelligemment.[1] Argacha JF, Collart P, Wauters A, Kayaert P, Lochy S, Schoors D, et al. Air pollution and ST-elevation myocardial infarction: A case-crossover study of the Belgian STEMI registry 2009-2013. Int J Cardiol 2016;223.300-5.