Mais espérer que nous parlions d'une seule voix est une illusion, la fragmentation du corps médical se poursuit à vitesse vv'. Les lignes de fracture sont nombreuses, idéologiques - gauche/droite, public/privé..., sociologiques, - jeunes/aînés, ruraux/citadins, féminins/masculins, universitaires/non universitaires... - et enfin, technoscientifiques avec la démultiplication des disciplines. De tous ces clivages, celui qui sépare généralistes et spécialistes contribue beaucoup à l'éparpillement de la représentation politique des médecins. De nombreux efforts ont permis de revaloriser la médecine générale. Point décisif, elle a été érigée en spécialité à part entière, reconnue au terme d'un cursus et de stages spécifiques. Mais devait-elle pour cela se replier sur elle-même ?

Quelle révolution ! La spécialisation classique se développe sur l'axe technique vers plus de détails. La spécialisation en médecine générale révèle une autre différenciation des métiers, avec deux changements, 1 ° de sens, du plus pointu au plus général, et 2 ° d'axe, des aspects techniques aux aspects humains. Le généraliste serait donc moins technique et plus humain, le spécialiste plus technique et moins humain ? Pas si simple ! Les uns et les autres doivent faire preuve à la fois de compétences précises et de qualités humaines dont aucune discipline n'a le monopole. Si les aspects techniques nous séparent, les aspects humains nous rassemblent.

Amis spécialistes en médecine générale, bienvenue dans le club ! Vous avez pu créer vos départements universitaires et vos sociétés scientifiques. Cela a-t-il vraiment changé la donne ? A vous entendre, non. Les généralistes ont toujours l'impression d'un grand déséquilibre entre eux et le rouleau compresseur des techniques. Mais tout ne va pas mal, à force de patience et d'expériences, ils ont sélectionné les confrères avec lesquels une collaboration basée sur le respect mutuel est possible. En outre, d'autres forces sociales influencent le devenir des soins de santé. Les managers formés à la stratégie et au leadership mènent ces changements au pas de charge. Pour un mieux ? A lire Mintzberg[1], on peut en douter. Dans le secteur des soins de santé, le mécontentement gronde périodiquement et en fin de compte, généralistes et spécialistes se retrouvent au moins sur un point : leur insatisfaction. Mais au fond, qu'est-ce qui les sépare ? Pourquoi ne parviennent-ils pas à concrétiser leurs complémentarités au service des malades en prenant des initiatives entre eux pour faciliter l'entrée à l'hôpital, la sortie, le suivi et ce, en s'entendant aussi avec les autres soignants ? Ils montreraient ainsi aux politiques ce qu'il faut faire, avec la force de l'exemple.

Il est temps que nous nous bougions, car aujourd'hui, l'empowerment du patient surprend les médecins toutes spécialités confondues, sans parler du focus des hôpitaux sur des activités lourdes exercées en réseaux. On voit aussi poindre l'extension de l'hôpital sur le terrain privilégié des généralistes, l'ambulatoire. Les généralistes pourraient saisir l'occasion pour apporter en retour aux médecins hospitaliers, une aide à la coordination clinique qui leur fait si souvent défaut.

S'ils assument à fond leur rôle de managers des soins à domicile et de coachs des patients, les spécialistes en médecine générale ont un boulevard devant eux ! C'est un Absymien qui le dit.

[1] Mintzberg H., Des managers, des vrais, pas des MBA ! Un regard critique sur le management et son enseignement, Paris, 2005, Editions d'Organisation

Mais espérer que nous parlions d'une seule voix est une illusion, la fragmentation du corps médical se poursuit à vitesse vv'. Les lignes de fracture sont nombreuses, idéologiques - gauche/droite, public/privé..., sociologiques, - jeunes/aînés, ruraux/citadins, féminins/masculins, universitaires/non universitaires... - et enfin, technoscientifiques avec la démultiplication des disciplines. De tous ces clivages, celui qui sépare généralistes et spécialistes contribue beaucoup à l'éparpillement de la représentation politique des médecins. De nombreux efforts ont permis de revaloriser la médecine générale. Point décisif, elle a été érigée en spécialité à part entière, reconnue au terme d'un cursus et de stages spécifiques. Mais devait-elle pour cela se replier sur elle-même ?Quelle révolution ! La spécialisation classique se développe sur l'axe technique vers plus de détails. La spécialisation en médecine générale révèle une autre différenciation des métiers, avec deux changements, 1 ° de sens, du plus pointu au plus général, et 2 ° d'axe, des aspects techniques aux aspects humains. Le généraliste serait donc moins technique et plus humain, le spécialiste plus technique et moins humain ? Pas si simple ! Les uns et les autres doivent faire preuve à la fois de compétences précises et de qualités humaines dont aucune discipline n'a le monopole. Si les aspects techniques nous séparent, les aspects humains nous rassemblent.Amis spécialistes en médecine générale, bienvenue dans le club ! Vous avez pu créer vos départements universitaires et vos sociétés scientifiques. Cela a-t-il vraiment changé la donne ? A vous entendre, non. Les généralistes ont toujours l'impression d'un grand déséquilibre entre eux et le rouleau compresseur des techniques. Mais tout ne va pas mal, à force de patience et d'expériences, ils ont sélectionné les confrères avec lesquels une collaboration basée sur le respect mutuel est possible. En outre, d'autres forces sociales influencent le devenir des soins de santé. Les managers formés à la stratégie et au leadership mènent ces changements au pas de charge. Pour un mieux ? A lire Mintzberg[1], on peut en douter. Dans le secteur des soins de santé, le mécontentement gronde périodiquement et en fin de compte, généralistes et spécialistes se retrouvent au moins sur un point : leur insatisfaction. Mais au fond, qu'est-ce qui les sépare ? Pourquoi ne parviennent-ils pas à concrétiser leurs complémentarités au service des malades en prenant des initiatives entre eux pour faciliter l'entrée à l'hôpital, la sortie, le suivi et ce, en s'entendant aussi avec les autres soignants ? Ils montreraient ainsi aux politiques ce qu'il faut faire, avec la force de l'exemple.Il est temps que nous nous bougions, car aujourd'hui, l'empowerment du patient surprend les médecins toutes spécialités confondues, sans parler du focus des hôpitaux sur des activités lourdes exercées en réseaux. On voit aussi poindre l'extension de l'hôpital sur le terrain privilégié des généralistes, l'ambulatoire. Les généralistes pourraient saisir l'occasion pour apporter en retour aux médecins hospitaliers, une aide à la coordination clinique qui leur fait si souvent défaut.S'ils assument à fond leur rôle de managers des soins à domicile et de coachs des patients, les spécialistes en médecine générale ont un boulevard devant eux ! C'est un Absymien qui le dit.