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" Il est évident que la politique adoptée par les autorités de foncer sans nous demander notre avis et sans prendre contact avec la base ne peut pas aller dans le bon sens. En travaillant de cette façon, on risque de se mettre à dos tous les médecins. Il était possible de motiver les médecins en les faisant travailler dans la zone où résident leurs patients ", regrette le président de l'Association des médecins généralistes de l'Est francophone.La présentation de la cartographie des centres de vaccination pour la Région wallonne a été la goutte qui a fait déborder le vase. Les médecins de l'Agef ne comprennent pas les choix qui ont été faits pour l'arrondissement de Verviers. A savoir, la création d'un centre majeur de vaccination à Pepinster et de centres de proximité à Malmedy et Herve. Au parlement, la députée Alda Gréoli a également interpellé Yvon Englert et Christie Morreale à ce sujet : "De qui se moque-t-on ? Vacciner cent mille personnes dans Pepinster en dix lignes. Si je prends la population de l'arrondissement de Verviers et que je reprends la répartition, il va falloir faire passer 100.000 personnes dans Pepinster pour se faire vacciner sur dix lignes, et deux lignes à Malmedy, où il y a un hôpital, et une annoncé sur Spa, et puis plus rien, et donc une tension entre Spa et Malmedy. On fait venir à Pepinster des gens d'Aubel à Spa."" Les généralistes ont l'impression depuis dix mois d'être au four et au moulin en aveugle parce qu'il n'y a pas de pilote. Nous ramons, nous ramons. Nous évitons des gros soucis au niveau hospitalier. Nous avons un rapport privilégié avec la population. Mais, à chaque étape de la crise, nous avons l'impression que notre avis ne compte pas. A la veille de l'étape critique de la vaccination, nous avons l'impression de ne pas avoir été consulté", souligne le Dr Meuris.Il reconnaît qu'un webinaire de plusieurs heures a été organisé le 21 janvier entre les Drs Englert et Stamatakis et les cercles des généralises de la province de Liège sur l'organisation de la vaccination. " Lors de cette réunion, le Dr Stamatakis nous a présenté la liste des centres pour les différents arrondissements en nous demandant nos avis. L'AGEF a proposé, sur base d'une analyse de terrain, de créer treize lignes de vaccination pour Verviers réparties dans plusieurs centres, un grand centre de six lignes et quatre centres de proximité. L'idée était vacciner de 35.000 habitants dans les petits centres. Les autorités n'ont pas du tout tenu compte de notre proposition", regrette le Dr Meuris.Le président de l'Agef souligne que le choix de Pepinster pour l'établissement d'un grand centre est particulièrement étonnant. " Il s'agit d'une ville de type médiéval, avec des ruelles, où vont devoir passer plusieurs centaines de voitures par jour pour que les gens puissent venir se faire vacciner. En plus, il y a très peu de bus." "Quand aura-t-on un véritable cahier des charges ", interroge Michel Meuris. " A deux mois de l'ouverture des centres, nous n'avons toujours rien. Qui va faire quoi ? Qui va rechercher les 80 personnes qui vont devoir travailler dans les centres. Il va falloir trouver 28 infirmières par jour et huit à dix médecins par jour." Se pose aussi la question de la rémunération des médecins coordinateurs des centres. Le Dr Meuris estime que le tarif horaire doit correspondre à trois/quatre consultations. " Ce n'est pas tant l'argent qui compte, le médecin va devoir se déplacer dans des centres qui se trouvent parfois à 30 kilomètres de son cabinet pour vacciner des personnes dont il ne connaît pas les antécédents médicaux et va devoir les surveiller dans un hall qui rassemblera 300 personnes en même temps." Plus globalement, Alda Gréoli s'interroge sur l'option du gouvernement wallon de choisir majoritairement des centres sportifs et culturels pour vacciner. " Est-ce que cela veut dire que durant toute la campagne de vaccination, les secteurs sportifs et culturels ne pourront utiliser ces installations. Pense-t-on à la santé mentale et au bien-être de la population ?" Le Dr Meuris pointe également la responsabilité des médecins qui vont participer à la vaccination dans un centre organisé en dix lignes de vaccination. " La responsabilité générale n'incombe pas aux médecins, mais ceux-ci risquent tout de même de devoir se justifier au moindre faux pas."Au parlement wallon, l'ancienne ministre cdH de la Santé, a réclamé mardi au Pr Englert un organigramme décisionnel. "J'aurais aimé voir, ce matin, dans votre présentation, la place des médecins généralistes, la place des bourgmestres, la place du 112, la place des SMUR, la place et le nombre de médecins à mobiliser. J'aurais voulu voir un organigramme de décisions dans les cas d'allergie. Aujourd'hui, les chiffres que j'ai vus de mobilisation des médecins sur les lieux, et en particulier sur les centres majeurs, me font craindre le pire pour le cas où plusieurs cas d'allergie et de choc devaient se déclencher. Vous le savez mieux que moi, parce que vous êtes médecin et que je ne le suis pas, dans ces cas, cela peut conduire à la mort dans les trois minutes. ""Je suis prêt à discuter de tour cela avec Yvon Englert, j'ai cru comprendre qu'il l'était aussi. J'attends toujours une invitation ", conclut Michel Meuris. "Le député Ben Achour a eu un contact avec la cheffe de Cabinet la ministre Morreale qui est également prête à en discuter. Pour l'instant, nous estimons qu'obéir aveuglement à une telle organisation serait tout y perdre!"